Gad Elmaleh, Dany Boon, Jamel Debbouze : le « one-man-show » à bout de farces

comiques

Les rois de l’humour seuls en scène peineraient à renouveler leur inspiration. Un article du Figaro dresse un bilan mitigé du trio Gad Elmaleh, Dany Boon, Jamel Debbouze. Si les carrières de chacun se portent plutôt bien au cinéma, théâtre ou télévision (version Netflix), leurs derniers spectacles n’auraient pas convaincu les spectateurs avides de « ah ah » et de « oh oh ». Des demi-rires, du délayé, du réchauffé… Paraît-il !

Un essoufflement peut-être compréhensible après vingt ans de sketchs, de « one-man-show » divers… Tenir le public en haleine durant une heure et demie à raison d’un rire toutes les quinze secondes n’est pas à la portée du premier venu. Pour parvenir à cette performance, le comique nouvelle génération s’entoure d’auteurs (bien que le mot soit éminemment pompeux). À l’inverse de Coluche, Desproges, Devos et autres anciens du rire qui puisaient en eux-mêmes les réflexions que leur inspirait l’époque, le nouvel amuseur a recours à des tâcherons chargés d’alimenter sa prestation en « vannes ». La sacro-sainte vanne qui voit parfois le spectacle se résumer à un alignement de bonnes blagues dans lequel le spectateur cherche en vain le sens. Une sorte de retour à l’esprit « Almanach Vermot ». Au calendrier feuille à feuille avec une histoire drôle par jour. Une pêche sans fin qui a vu Gad Elmaleh aller se servir dans le répertoire américain. De la vanne d’occasion, gratuite et à l’efficacité vérifiée. Dans un retournement de situation inattendu, c’est dorénavant Gad Elmaleh qui fait l’objet de « vannes » de la part de certains de ses collègues. Une première !

Sur le terrain du sens, ne soyons pas ingrats, Jamel a su retranscrire la condition du jeune de banlieue, racaille sur les bords, avec humour et pertinence. Critiquables ou non, il se dégageait de ses sketchs une authenticité. Un vécu assez touchant. Après avoir changé de statut social et de quartier, on l’a, en revanche, peu entendu caricaturer le bobo de Saint-Germain-des-Prés (dont certains peuplaient ses salles). C’est peut-être le virage de carrière qu’il n’a pas su ou osé négocier. À l’honneur du personnage, le remboursement sans discussion des trois quarts de son cachet lors de son dernier spectacle qu’il a lui-même humblement reconnu « raté ». On a connu certain ministre démissionnaire moins chevaleresque.

Dans la même démarche, Dany Boon a lui aussi dressé un portrait très drôle des « gens du ch’nord ». Le message social n’était pas absent de ses sketchs. Pauvreté mais gentillesse, simplicité, naïveté… La vie de château ne semble pas lui avoir réussi non plus, concernant l’inspiration scénique.

L’univers du « one-man-show » déborde de prétendants. À l’heure où la drôlerie est élevée en valeur suprême (ah, qu’est ce qu’il est drôôôle, ma chère), l’inflation de candidats voit le genre se banaliser. Le public se désintéresser. Les files d’attente dans les coulisses dépassent bientôt le nombre de spectateurs à l’entrée. Les énormes bénéfices dégagés par la sobriété de la formule sont une des explications de cette surabondance. Les sujets tabous viennent achever la possibilité qu’un nouveau Coluche émerge un jour prochain…

Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

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