Gantzer, de l’Élysée à C8 : Hanouna, machine à recycler les politiques déchus ?

Gantzer

Il ne sait pas trop ce qu’il veut, le jeune Gaspard Gantzer. Cheveu en broussaille, air juvénile, le quadra au nom stendhalien voudrait continuer d’exister sur le devant de la scène. Hélas, la politique est un monde cruel où il faut – certes juste un peu – compter avec l’électeur.

Gaspard a fait l’ENA, puis ses classes au PS durant la campagne de Ségolène Royal. Les « désirs d’avenir », c’est son truc. Il est très désirant, ce garçon. Après un petit détour par le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC), il a entrepris l’ascension de la mairie de Paris, là où l’on case les poulains qui ne sont pas sortis dans la botte : dir cab de l’ineffable Christophe Girard, le Monsieur Culture de Delanoë, puis responsable de la communication, puis porte-parole du maire.

Gaspard se cherche un parrain : ce sera Strauss-Kahn et, quelques histoires de fesses plus tard, une marraine, Martine Aubry. Puis il fait la com' de Laurent Fabius au Quai d’Orsay avant d’atterrir à la présidence de la République. Le 23 avril 2014, Gantzer est nommé « conseiller chargé des relations avec la presse, chef du pôle communication, à la présidence de la République ». À 35 ans, il remplace auprès de François Hollande le conseiller qui, cirant les pompes des puissants, faisait cirer les siennes.

Exit Hollande, bonjour Macron et bienvenue Gantzer à LREM. Le jeune Gantzer a des démangeaisons dans les urnes, se porte candidat à la députation en juin 2017, en Ille-et-Vilaine, renonce avant l’élection après des accusations de parachutage. Qu’importe, ses démangeaisons le reprennent à l’approche des municipales : il veut Paris ! Rien de moins. Fonde son parti - Parisiennes, Parisiens - puis renonce, en février dernier, à briguer la capitale… Il se contenterait bien d’un siège, alors il rejoint finalement Agnès Buzyn, dont il devient même le porte-parole entre les deux tours. Mauvais choix post-Covid-19 : c’est le bide intégral. Rien. Nada.

Alors… Et maintenant, demande le peuple en haleine ? Alors le voilà, en marge de ses cours à Science Po et HEC (des cours sur l’art de retourner sa veste, sans doute), qui arrive sur C8, dans le plateau de « Balance ton post » : à la rentrée, Gaspard Gantzer rejoindra le troupeau des politiques déchus chez Cyril Hanouna, rapporte Le HuffPost.

Il va y trouver de la compagnie, des braves dans son genre. Laurence Saillet, par exemple, l’ex-porte-parole des Républicains qui a atterri, elle aussi, voilà un an, chez Hanouna. Mais rien n’y a fait : mal-aimée dans son parti et larguée aux dernières élections européennes, elle a atterri dans la machine à recycler les politiques déchus.

On dit que Raquel Garrido devrait aussi faire son retour dans cette assemblée de porte-parole affamés. Elle le fut de La France insoumise, porte-parole de Mélenchon dont elle était aussi l’avocat avant qu’une sombre histoire de logement et de cotisations non payées ne coûte son poste à l’épouse d’Alexis Corbière.

Si l’on en croit Le Parisien, deux autres têtes devraient faire leur apparition dans ce panier de crabes : « La militante Rokhaya Diallo » (militante antiraciste et féministe est donc, aujourd’hui, un métier) et le rédacteur en chef de Valeurs actuelles Geoffroy Lejeune. À ce dernier je serais tentée de demander : qu’allez-vous faire dans cette galère ?
C’est, en effet, une question récurrente à laquelle je ne trouve pas de réponse. La presse libre survit, elle doit gagner des lecteurs, certes, mais de là à se rendre à l’abattoir…

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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