Gare de l’Est : le suspect déclaré « irresponsable » dans un précédent meurtre

En 2018, dans une affaire de meurtre, il avait été déclaré pénalement irresponsable. Que faisait-il en liberté ?
@Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons
@Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons

Que faisait l’assaillant en liberté ? Ce lundi 15 juillet, aux alentours de 22 heures, dans l’enceinte de la gare de l’Est à Paris, un homme de 40 ans sort un couteau et poignarde entre les omoplates un soldat de l’opération Sentinelle. Sérieusement blessé à l’épaule, le militaire a été évacué vers l’hôpital militaire Percy (Clamart). Son pronostic vital n’est pas engagé. L’auteur présumé du coup de couteau est rapidement interpellé et interné en unité psychiatrique. Selon les premières informations de l’enquête, cet homme, originaire du Congo et naturalisé en 2006, aurait visé délibérément un soldat « parce que les militaires tuent des gens dans son pays ». Il est déjà connu des services de police. Sur son casier figurent ainsi deux mentions pour violences sur conjoint et une mention pour meurtre en 2018. Dans cette dernière affaire, il avait finalement été déclaré pénalement irresponsable et avait donc échappé au procès. Il avait, néanmoins, fait l’objet d’un placement et suivi en psychiatrie, sans que l’on sache, pour l’heure, depuis quand et pourquoi il en est sorti. Cette nouvelle attaque au couteau relance le débat sur la responsabilité pénale et le manque de moyens en psychiatrie.

« Ce n’est pas normal que ça se reproduise »

L’histoire se répète. Le 12 janvier 2018, à la station Châtelet-Les Halles à Paris, Andy Brigitte, 22 ans, est tué dans les couloirs du RER. Le jeune Martiniquais est poignardé aux yeux de tous par Christian I., originaire du Congo. Deux ans et demi plus tard, la cour d’appel de Paris déclare le suspect pénalement irresponsable au moment des faits sur la base d’une expertise psychiatrique qui avait conclu à « une probable maladie schizophrénique évolutive depuis plusieurs années sans prise en charge médicale jusqu’à actuellement ». S’il n’avait pas été jugé pour ce meurtre, les magistrats avaient toutefois ordonné son hospitalisation en unité psychiatrique. Mais six ans après, voilà que Christian I. récidive, cette fois-ci contre un militaire. « Ce n’est pas normal que ça se reproduise, s’indigne la mère d’Andy Brigitte, au micro de RTL, ce 16 juillet, quelqu’un comme ça, on ne le remet pas dans la nature. Sincèrement, je ne comprends pas. »

Une incompréhension partagée par de nombreux Français, comme le résume le député (RN) de la Somme Jean-Philippe Tanguy : « Je ne comprends pas comment une personne condamnée pour meurtre n’est pas internée en psychiatrie et suivie de manière très stricte. » D’autant plus que cette attaque à la gare de l’Est n’est pas sans rappeler d’autres tristes affaires. En mai 2023, une infirmière du CHU de Reims est ainsi poignardée à mort. Son assaillant, un homme d’une cinquantaine d’années, avait déjà blessé quatre personnes dans un centre de travail et devait être déclaré pénalement irresponsable dans cette affaire. Plus récemment, en décembre dernier, l’auteur présumé de l’attaque au couteau sur le pont de Bir-Hakeim (deux morts et deux blessés) était lui aussi connu des services de police et de renseignement. Il avait par ailleurs fait l’objet d’une injonction de soins. Avant le passage à l’acte, ces médecins considéraient qu’il « allait mieux », malgré de nombreux signaux d’alerte. Autant d’exemples qui illustrent malheureusement les failles du système psychiatrique français.

Manque de moyens

Une personne jugée pénalement irresponsable est ainsi placée en unité psychiatrique, mais sans durée de soins définie au préalable. Comme le résume Pierre-Marie Sève, directeur de l’Institut pour la justice, sur son fil X, « à la différence de la prison, où la peine possède une durée précise, les malades mentaux n’ont pas de "peine". La durée de leur hospitalisation est donc très variable. Cela peut être 40 ans comme 18 mois. » Résultat : « tous les 6 mois, les médecins se réunissent et décident de la libération des malades. Je ne vous cache pas que la diminution continue du nombre de lits pousse plutôt à libérer les malades quand c'est possible. » En effet, outre une crise des vocations, la psychiatrie est confrontée à un manque criant de moyens.

En 2022, un quart des établissements psychiatriques ont ainsi dû fermer entre 10 et 30 % de leurs capacités d’accueil. Parent pauvre de la médecine, la psychiatrie a certes fait l’objet d’un plan de financement en 2019, mais demande toujours plus d’investissements afin d’accompagner et de suivre au mieux les patients. Pour ceux impliqués dans des affaires judiciaires et placés en unités de soins, Pierre-Marie Sève recommande donc « des moyens supplémentaires, certes, mais il faut plus ». « Sous prétexte que ces gens sont fous, on ne peut pas faire comme s'ils n'avaient pas commis de crime. Il faudrait donc envisager une durée minimale de soins, en fonction de la peine encourue », conclut-il.

Picture of Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

77 commentaires

  1. Il faut arrêter avec la psychiatrie,ces spécialistes participent aux drames qui découlent de leurs décisions scandaleudes.Pour les mesures concernant ces »malades », simplement la prison dans des cellules ou locaux séparés des autres détenus,car il vaut mieux faire prendre des risques à ceux qui ont nuit aux autres dans les établissements pénitentiaires qu’à ceux du dehors. Et ,note d’humour noir, car vu leurs décisions souvent, peut être devrait on ne pas consulter les psychiatres lors de problèmes pénaux et s’en tenir uniquement à la loi et aux faits, sinon enfermer les psychiatres plutôt.

  2. je conseille à la famille de ce militaire de porter plainte NOMMéMENT contre le magistrat qui a décidé si tôt la libération de ce fou. Comme pour les autres corps de métier, les magistrats doivent pouvoir rendre des comptes sur leurs erreurs avérées (et celle_là en est une)

  3. La France, oh pardon la Macronie, n’est plus qu’un territoire de coupe-gorges, et un immense hôpital psychiatrique à ciel ouvert.

  4. …Et il continue d’en arriver de ces genres de malades .Ce sont les politiques qui detruisent la France en ce moment qui sont les responsables et coupables de ces tueries.Mais les Français sont tellement satisfaits de cette situation,ils ont voté pour que çà continue.On a ce qu’on merite

  5. Nous pouvons se poser la question a savoir dans ces tentatives de meurtres ou carrément meurtres si quelqu’un est responsable. Curieusement la France banalise la mort a tel point que les menaces de mort ne sont pas réprimés à leur juste valeur et quant il y a passage aux actes personne n’est responsable.

  6. J’aimerais avoir une petite précision. Quand on parle d’irresponsabilité pénale, cela concerne-t-il le criminel, les psychiatres, les juges ? Les trois à la fois ?

  7. Ce type était en liberté après avoir tué un jeune homme .Personne ne s’inquiète de savoir comment on gagne sa vie et on entretien son logement quand on sort à la fois de prison et d’un asile psychiatrique .

  8. Il faudrait donc se résigner à reconnaître que les terroristes sont des malades mentaux irresponsables.
    Soulagement, bientôt de la place dans les prisons, tous les malades psychiatriques en liberté…
    Il y a de quoi entrer dans de profondes colères, combien de temps encore ne faut il pas voir ce que l’on voit ?

  9. En France, la psychose est considérée comme une excuse. Mais comment font-ils pour ne pas comprendre qu’il faut être à la base complètement taré pour planter comme ça quelqu’un au couteau ?

  10. J’ai peine à comprendre qu’il ait été arrêté vivant. Les militaires ne sont ils pas sensés s’entre couvrir?

    • Je crois bien que l’arme n’est pas approvisionnée, le chargeur est stocké à part (dans un étui scellé). Devant une attaque au couteau, il faut donc dégager le chargeur de son étui, l’engager et chambrer. Autant dire qu’un gamin de 14 ans armé d’un opinel a le temps de planter dix soldats avant qu’un premier coup de feu soit tiré. Utiliser le fusil d’assaut comme une massue ou un bâton court est peut-être la meilleure option pour sauver sa peau. Mais peut-être que les choses ont changé avec l’intensité des menaces terroristes de ces dernières années, un militaire devrait pouvoir confirmer ou non mon propos.

      • Pour avoir été instructeur de « close combat » dans un régiment « Para » et pratiquant d’Arts Martiaux depuis 40 ans, je peux vous dire que les « réflexes d’auto défense » ne s’acquirent pas en 10 séances ! … La sidération est souvent « immobilisante » et encore plus lorsque l’attaque vient par derrière ! … Savoir manier un tonfa est un point positif ! …
        Mais la question qui reste essentielle : « quelles consignes de ripostes ont été données face à des agressions ? » … Un abruti qui insulte doit être mis « à l’ombre pour une journée mais un taré qui cherche à tuer ne doit pas croire qu’il s’en sortira qu’avec que quelques contusions ! …
        Pour ce qui s’est passé à cette gare de l’Est, SWAT on admet qu’un taré qui attaque au couteau des FDO « mesure » les risques ET qu’il peut en mourir ! … soit on continue à envisager que l’assaillant est de facto « une victime » qu’il faut protéger et « soigner » ! …

  11. En France on met en prison le brave citoyen et on laisse en liberté les schizo et autres malades mentaux ,
    sans parler des casseur BB et autres agitateurs politique extrémiste.

  12. Pas de déchéance de nationalité, pas de renvoi au Congo , laissé en liberté… qui des juges et des médecins est à punir ???

    • Ce genre d’abberation fait monter le RN et c’est logique. La France se dirige vers une république bananiere tiers modiste. Nous n’en voulons pas. Au secours Afflelou la justice perd la vue.

  13. Tiens, un autre déséquilibré.
    Il va donc pouvoir recommencer, puisque récidiviste mais irresponsable.

    Les JO sont prometteurs. Avec le Qatar qui vient nous « aider ».

    Ce pays est mort.

    • On frôle la psychiatrie chez les juges dans ce pays. Combien encore de morts faudrat il pour qu’enfin on mette en place une véritable politique migratoire sévère.

  14. Aux USA, ils « règlent » les soucis « d’équilibre » de façon radicale ! … Et ne font pas « de nombreuses dépenses » pour « soigner les déconstruits » … LA PLANETE est belle et bien en décadence aux USA comme en Europe ! …

    • Quand on voit un congolais naturalisé français. 

      Agresser un militaire hier soir .

      Un récidiviste, atteint de maladie psychiatrique. 

      Le sujet tabou de la déchéance de la nationalité française pour les binationaux délinquants se pose .

      Doit -on garder ces gens sur notre sol ?

      Effectivement, il a été naturalisé en 2007. Bien trop rapidement. 

      Quand on pense que dans certains pays , pour obtenir un permis de séjour, il faut passer un examen médical. 

      Et les cas psychiatriques sont évidement écartés .

      Que pas mal de clandestins sont en fait des cas sociaux ou psychiatriques. 

      En conclusion . Il serait temps d’avoir le courage de légiférer, pour les déchoir de la nationalité française et les renvoyer .

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