Gaspard Gantzer, symbole du dangereux centralisme démocratique à la Macron

Gaspard Gantzer, on aurait pu croire que François Hollande l'aurait emporté dans ses cartons. Souvenez-vous, c'était le conseiller en communication chargé de redresser l'image du Président. Et qui enchaîna bourde sur bourde : le Président débarquant à l'improviste chez une mamie Française entourée de caméras (la célèbre Lucette), c'était lui !

On pensait que, dans l'équipe si pro du nouveau Président, de tels fiascos vous disqualifiaient irrémédiablement puisque, paraît-il, il faut avoir subi une impitoyable sélection pour être candidat. Visiblement, le management macronien souffre des exceptions puisque Gaspard Gantzer apparaissait, il y a deux jours, sur la liste des 400 candidats validée par La République en marche. Parachuté en Ille-et-Vilaine, sur des terres bretonnes très socialistes et très macronistes (mais faut-il encore faire le distinguo ?). Il est vrai que M. Gantzer était un proche de M. Macron, élève de l'ENA dans la même promo que lui, il avait plaidé en 2014 pour la nomination de son ami à Bercy... Cela valait bien un petit renvoi d'ascenseur pour l'Assemblée. Pauvres électeurs de Macron qui croyaient naïvement qu'avec lui, c'en était fini de l'ENA, du copinage, des réseaux…

Mais, dans la nuit de vendredi à samedi, GG a décidé de renoncer. "J’ai réfléchi toute la journée . […] J’ai pris le temps de la réflexion, avant de prendre cette décision nette et simple."

Que de réflexion et de hauteur chez notre petit GG ! Bon, en fait, les choses sont plus simples et moins glorieuses : les socialistes locaux ne voulaient pas de lui. Jean-Yves Le Drian, ministre socialiste rallié à Macron, et à l'origine favorable à ce recasage du hollandais de l’Élysée, a changé d'avis devant les réactions des élus et des militants socialistes locaux.

Que des Bretons ne voient pas d'un bon œil le parachutage de ce jeune loup, "l’archétype du bobo parisien cool, sûr de lui", selon Libération, on les comprend.

Ce qui étonnera les naïfs, c'est que le nouveau parti La République en marche soit à ce point soumis aux oukases des socialistes. M. Bayrou fait partie de ces candides qui redécouvrent l'ADN socialiste : une fois l'élection acquise avec les voix centristes, le naturel socialiste revient au galop et truste tous les postes. Chez M. Bayrou, le cocufiage socialiste, ça devient même une addiction !

Mais l'épisode Gantzer est révélateur d'un danger bien plus grand, dénoncé par David Dornbusch, président de l’ONG CleanTuesday, dans Le Monde : "La structure du mouvement est [...] la plus verticale de tous les grands partis politiques français. Les leaders sont tous désignés d’en haut sans aucune concertation locale. Plus significatif encore : la totalité des candidats à la députation est sélectionnée par une commission centrale, leur profil devant correspondre à des critères définis par Emmanuel Macron. Ce centralisme est quasi unique, tandis que la plupart des partis pratiquent un mode de désignation par la base qui est ensuite plus ou moins « validée » et « corrigée » par le sommet. [...] Ces futurs députés sans base locale [...] ne seront redevables qu’envers le président élu. L’on peut imaginer qu'[...] ils se montreront d’une docilité absolue. [...] Cette inquiétude ne peut pas manquer d’être aggravée par l’examen de l’entourage du nouveau président. À l’image de celui-ci, il est très largement constitué de hauts fonctionnaires [...] dont beaucoup participaient au précédent gouvernement et n’auront même pas à faire leurs cartons."

Encore plus de socialistes, encore plus d'énarques, encore plus de députés godillots, est-ce bien la « révolution » que veulent les Français ?

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