Quand Gaza dresse un mur entre les Le Pen…
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L’héritage Hallyday, ce n’est pas du gâteau ; mais celui des Le Pen n’a pas goût de cake non plus, tel qu’en témoigne cette récente passe d’armes entre le père et la fille concernant, non point une sorte de mur générationnel mais, plus prosaïquement, celui de Gaza, qui fait de cette terre l’une des zones les plus peuplées au monde, et revenue au devant de l’actualité avec la mort de plusieurs dizaines de manifestants palestiniens abattus par l’armée israélienne.
Pour Marine Le Pen : "Israël a envoyé un message clair sur l’inviolabilité de sa frontière : on peut le juger excessivement, inutilement brutal, mais c’est un message clair." Pour Jean-Marie Le Pen : "À Gaza, les médias parlent d’affrontements entre Palestiniens et Israéliens, mais les dizaines de morts et les centaines de blessés sont tous palestiniens. Il faut que cesse ce massacre !" C’est tout aussi clair.
Ce dernier tweet permet au moins de constater qu’en admettant qu’il ait pu la perdre un jour, le Menhir a conservé intacte sa liberté de parole. Même s’il n’est pas incongru de rappeler l’époque où, invité du "Tribunal des flagrants délires" (émission du service public audiovisuel, alors dirigée par Claude Villers), il défendait la politique guère plus tendre du Premier ministre israélien d’alors, Menahem Begin, alors que l’ambiance médiatique de l’époque était plutôt au tiers-mondisme ébouriffé.
Celui de Marine Le Pen peut, lui aussi, laisser perplexe. Car, sans sonder les cœurs et les arrière-pensées éventuelles de la présidente du Front national, on peut s’interroger sur cette manière consistant, à propos de « frontières », à faire l’amalgame (comme on dit) entre celles érigées par Viktor Orbán, Donald Trump et Benyamin Netanyahou, alors qu’il s’agit de situations particulières n’ayant pas forcément grand-chose à voir l’une avec les autres.
Viktor Orbán, s’il dresse des murs, le fait pour éviter l’invasion de son pays par des populations étrangères n’ayant rien de commun avec la Hongrie, sachant que les liens historiques entre émigrés somaliens ou érythréens et pays magyar demeurent encore à démontrer. On notera que, sur le sujet, Hongrie et Israël sont un jour d’accord et l’autre non ; passons.
Le cas de Donald Trump est déjà plus problématique, puisque les « immigrés » hispanophones – en gros, les Indiens déplacés et massacrés, plus par les protestants que les catholiques, il n’est pas anodin de le noter – ne font finalement qu’accomplir une sorte de « Reconquista » à l’envers. Pour mieux s’en convaincre, prière de se reporter à une carte routière locale : les vocables de San Antonio, Los Angeles, San Francisco et El Paso parlent d’eux-mêmes.
Celui de Benyamin Netanyahou est encore plus épineux, puisqu’il inverse les données du problème. En effet, les victimes du Grand Remplacement sont, ici, les Palestiniens et non point ceux qui portent assez bien le vocable de « colons ». À savoir d’autres migrants extra-orientaux venus par millions imposer une culture et des mœurs autres qu’orientales. Si l’on résume, les Palestiniens, qu’ils soient de confession musulmane ou chrétienne, jouent en quelque sorte à domicile et sont plus dans le registre identitaire qu’invasif.
De son côté, Nicolas Dupont-Aignan ne se prive pas de faire entendre sa différence d’avec Marine Le Pen : "Je suis en désaccord total, c’est une tragédie. On a un devoir de proportionnalité. On ne tire pas avec des snipers sur des gens pas armés. Point final."
L’année prochaine à Montretout ? Rien n’est donc gagné pour le moment. Quant à une possible union des droites, attendons déjà la reformation des Beatles, autre antienne remontant elle aussi à plus d’un demi-siècle, avant d’y voir un peu plus clair.
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