Général Cavallier : « Il faut avoir un regard objectif sur ce qui se passe dans ce pays en matière de fragilisation de l’autorité de l’État »
Le général Bertrand Cavallier est interrogé au micro de Boulevard Voltaire au sujet des violences qui ont eu lieu sur les Champs-Élysées lors de l'acte XVIII des gilets jaunes ainsi que sur la démission du préfet de police de Paris qui s'en est suivie.
L'occasion d'évoquer avec lui les troubles qui secouent la ville de Grenoble ces dernières semaines.
Acte 18 des gilets jaunes sous le signe de la violence. La destitution du préfet de police vous surprend-elle ?
Ce n’est pas une surprise. Le préfet de police est responsable de l’ordre public sur la place parisienne. Au regard de ce qui s’est passé et de l’échec manifeste de samedi dernier, avec des conséquences très importantes sur les Champs-Élysées et la place de l’Étoile, l’autorité politique a pris une décision qui semble relativement logique.
Michel Delpuech n’est-il pas simplement le fusible qui protège monsieur Castaner, le responsable au plus haut niveau de la sécurité ?
Je ne partage pas tout à fait cette analyse. Dès lors qu’il y a un échec opérationnel majeur, que ce fût un préfet ou, comme parfois un responsable de la gendarmerie ou de la police, l’autorité politique peut être amenée à changer la tête d’une organisation. Il n’y a rien de surprenant.
Toutefois, au-delà des aspects conjoncturels, il faut également regarder les aspects plus structurels. Le préfet Delpuech est à la tête d’une organisation, la préfecture de police de Paris, qui pose des problèmes structurels. Peut-être n’avait-il pas tout à fait identifié les véritables handicaps de cette organisation, notamment en matière de maintien de l’ordre. Tout cela a été clairement dit par le Premier ministre.
Outre l’annonce du départ de Michel Delpuech, le Premier ministre a annoncé hier d’autres mesures, notamment l’interdiction de certains lieux de manifestation. Cette mesure sera-t-elle efficace ?
C’est une mesure de bon sens. Les Champs-Élysées constituent un espace très symbolique à forte densité en termes politique et d’image. C’est une des raisons de l’écho catastrophique de la situation à l’international. Ce cœur de Paris, cette avenue si emblématique, doit absolument être protégé. C’est un impératif.
Peut-on faire un parallèle entre la gestion de crise à Grenoble et à Paris, notamment dans le domaine du traitement judiciaire ?
Le problème d’autorité de l’État et celui du maintien de l’ordre au sens global du terme ne sont pas nouveaux en France. Cette crise des gilets jaunes a généré d’énormes violences dont une grande partie n’est pas à l’actif des gilets jaunes. Il ne faut pas oublier qu’elles sont majoritairement le fait de groupes extrémistes relevant notamment de l’ultra-gauche qui aujourd’hui constituent les éléments de chocs qui détruisent, cassent et agressent.
La réponse judiciaire est en train de monter en puissance. De mon vécu de gendarmerie pendant plus de 34 ans, je dirais qu’il y a un double problème. D’abord un problème de fond, un problème de laxisme. Il y a eu trop de laisser-faire. Certains commencent à avoir le courage de le dire. C’est valable dans le cas du désordre dans certains quartiers, comme dans le cas de manifestations.
Et il y a la conjoncture, avec ces graves incidents sur les Champs-Élysées comme à Grenoble. Je les mets sur le même plan. Je pense que la réponse judiciaire n’a pas été suffisamment ferme face à l’ultra-gauche des black-blocs, même si elle est en train de monter en puissance.
Maintenant se pose la question de la reconquête de ces quartiers qui vivent en dissidence, en sédition. Ce n’est pas moi qui le dis. Le concept de partition des territoires, c’est François Hollande. On peut également faire référence à ce qu’a dit monsieur Collomb, le ministre de l’Intérieur sortant.
Il faut avoir un regard objectif sur ce qui se passe dans ce pays en termes de fragilisation de l’autorité de l’État et de remise en cause de l’ordre républicain. Tout cela se traduit également par une violence incroyable contre les gendarmes et les policiers qui sont chargés de maintenir l’ordre et de faire respecter la loi. Le problème est profond.
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