Général de Villiers : l’outsider ?
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Le revoilà. Qui ? Mais le général de Villiers, bien sûr ! À peine séchée l’encre de son dernier essai, L’équilibre est un courage, après Servir (2017) et Qu’est-ce qu’un chef ? (2018), ouvrages qui lui permettent d’engranger un nerf de la guerre conséquent. On ne sait jamais ; son emploi auprès du Boston Consulting Group pourrait être précaire. C'est par une longue interview au Parisien, le 6 décembre dernier, qu’il nous revient faire le coup de cravache médiatique. Positionnement tactique ?
Bon, c’est un fait : le Président Macron est dans de sales draps. Alors qu’il en appelait, voici quelques mois, à l’union nationale contre un ennemi invisible – 5e colonne chinoise sous carapace de pangolin – d’un martial « Nous sommes en guerre » avant d’imposer le couvre-feu au peuple réel, le voilà aujourd’hui, tel un Néron pyromane, devant les rues de Paris qui flambe à chaque manifestation. Son dernier numéro d’équilibriste devant la caméra de Brut n’a servi qu’à semer un peu plus la défiance parmi ses prétoriens, s’estimant implicitement taxés de racisme et de violence. « Il a vrillé », dit un syndicaliste.
Face à la grogne, le général de Villiers, costume-cravate, sobre, monte au créneau : « Six crises se superposent : sanitaire, sécuritaire, économique, financière, géostratégique et évidemment politique. » Belle analyse de situation. Soit. Et d’évoquer un « climat actuel au mieux morose, au pire éruptif, en tout cas très instable ». Bien. Et puis ? Pierre de Villiers se montre « inquiet » et craint « une guerre civile ». Là, c’est du vrai Nostradamus sans filtre ! Et il va plus loin : « Cela peut basculer lentement, ou très rapidement s'il y a une étincelle comme en 1789 ou en 1914. » Cet homme est confondant de clairvoyance. Vision géniale ou prophéties d'un Cassandre à la petite semaine ?
Il a pourtant ses fans. Certains voient en lui le recours devant l’impéritie du pouvoir et le désordre ambiant. 20 % des Français envisageraient de voter en sa faveur s'il était candidat à l'élection présidentielle de 2022, selon une étude de l’IFOP pour Valeurs actuelles réalisée fin novembre. Chiffre qui monte à 29 % chez les personnes ayant voté Marine Le Pen en 2017, et jusqu'à 41 % chez les électeurs de François Fillon. Il n’est pas étonnant, alors, de voir les cadres du RN crier à l’imposture ou au « mirage ». Philippe Olivier, conseiller et beau-frère de Marine, aurait-il senti le loup ? Et raille-t-il avec raison ce brav’ général, à l’air si aimable et discret en civil, dont on ne sait exactement encore s’il est prêt à faire « à la France le don de sa personne, pour atténuer son malheur », lorsqu’il dit de lui qu’il n’est qu’un « robinet d'eau tiède » ?
Le discours élitaire n’est jamais fortuit ; les mots sont choisis. L’étude sémantique du propos révèle souvent l’intention et l’influence : bref, l’homme. En adoptant – sciemment ou pas – les références langagières et les concepts de l’ennemi islamo-gauchiste dans son entretien avec Brut, Emmanuel Macron a révélé sa soumission idéologique à cette force mue par la seule volonté d’anéantissement des valeurs et du passé national millénaire français.
Las, sœur Anne ! « Je suis le premier à être totalement choqué des violences policières que l’on a vues ces derniers jours » dit, encore au Parisien, Pierre de Villiers. Mettre au même niveau la violence du flic ou celle de l’émeute ; le général sombre au même travers que le « chef des armées », qu’il osa défier, voici trois ans : celui de l’atermoiement permanent. Soumission. Non ! L’équilibre n’est plus un courage lorsqu’on s’enhardit « en même temps » à prédire une guerre civile.
En 2017, une témérité cavalière a fait sortir du lot de la galerie étoilée le général Pierre de Villiers. De là à voir en lui Bonaparte...
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