Général Desportes sur la crise ukrainienne : « Dans ce genre d’affaire, il faut être ferme »
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Le général de division Vincent Desportes, aujourd'hui en deuxième section, professeur à Sciences Po et à HEC, analyse l'escalade des tensions entre la Russie et les pays occidentaux sur la question de l'Ukraine. Il invite la France à plus de fermeté et de détermination pour ne pas agir dans ce bras de fer avec « un pistolet sur la tempe ». Son et texte ci-dessous.
Faut-il craindre une invasion de l’Ukraine par la Russie ?
Dans le bras de fer entre l’Occident et la Russie, il y a un certain nombre de gestes de faiblesse. On a vu celle de Joe Biden qui dit qu’il ne sanctionnera pas, celle du chef d’état-major de l’armée allemande qui dit que, finalement, ça n’a aucune importance, etc. Dans ce genre d’affaire, il faut éviter de jouer les Chamberlain et les Daladier de la conférence de Munich en 1938. Il faut être ferme. Les États comprennent la fermeté, et en particulier la fermeté armée. On se souvient que la France a réussi à faire plier la Turquie lorsqu’elle a envoyé des bateaux en Méditerranée orientale, il y a un an. Cette action a poussé le président Erdoğan à faire cesser ses mesures d’intimidation vis-à-vis de la Grèce. Aujourd’hui, l’Europe est faible et incapable de montrer une détermination car elle n’a pas de force armée. Al Capone disait : « On peut envoyer une lettre, mais ça a moins d’effet que d’avoir un gros pistolet à ses côtés. » Aujourd’hui, en Europe, seule la France est dans ce cas. Il est utile pour la paix dans le monde et en Europe que la France montre sa détermination.
C’est dans cet esprit qu’Emmanuel Macron a annoncé qu’il était prêt à envoyer des troupes en Roumanie, à proximité de la Russie.
Nous ferons ce qu’il faut faire. Pour l’instant, à tort, les Européens et les Américains ont tendance à plier devant les exigences toujours plus importantes du président Poutine. Ce dernier a demandé, en particulier, que les troupes de l’OTAN ne soient pas présentes en Roumanie et en Bulgarie. Je ne sais pas si c’est bien que les troupes de l’OTAN soient en Roumanie ou en Bulgarie, mais on ne peut pas céder à ce genre de pression. Au contraire, nous disons que nous pouvons discuter, mais nous ne discuterons pas, un pistolet sur la tempe. Dans ces conditions, il est bien que la France montre sa fermeté.
On a l’impression que les troupes internationales « encerclent » le territoire russe. L’OTAN n’est-elle pas agressive vis-à-vis de la Russie ?
Il y a une pression diplomatique intolérable exercée par M. Poutine sur les pays occidentaux. Nous n’avons pas à céder. Ensuite, nous discuterons.
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