Génération Covid : sacrifiée ?
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Les jeunes qui ont terminé leurs études au printemps 2020 arrivent sur le marché du travail : ils seront 750.000 à essayer de s’introduire sur le marché du travail qui a été rarement aussi bouché. Le taux d’activité des jeunes de moins de 25 ans est tombé à 26,6 %, au second trimestre 2020, contre 29,9 %, deux ans auparavant : une chute catastrophique.
Parmi ces 750.000 jeunes qui essaieront de décrocher le sésame du premier emploi, on trouve 190.000 titulaires d’un master. Mais les diplômes ne protègent malheureusement plus contre le chômage. Même les polytechniciens, que d’ordinaire les entreprises s’arrachent, ne trouvent plus chaussure à leur pied. Certains X renoncent à chercher un emploi dans l’immédiat et présenteront leur candidature dans six mois quand l'économie sera repartie. En attendant, ils font des stages de fin d’étude, faiblement rémunérés, mais qui leur permettront d’accumuler de l’expérience.
Hélas, même ceux-ci se font rares : des écoles de cadres fondées sur l’alternance peinent à placer leurs élèves. Quand un jeune diplômé décroche un travail, il doit souvent faire des concessions importantes sur sa rémunération. Les rêves d’expatriation des jeunes cadres ont du plomb dans l’aile car le Covid-19 et les restrictions qu’il implique sont universels. Pour remédier à cette situation, le gouvernement va, selon une disposition du plan de relance, prendre en charge jusqu’à 5.000 € dans le cadre d’un contrat VIE (volontariat international en entreprise) si prisé des jeunes. Il faut juste que l’entreprise choisie à l’étranger soit une PME, et ce coup de pouce concernera également les jeunes à formation courte ou issus des quartiers défavorisés.
Le gouvernement ne reste pas inactif face à ce désastre annoncé : il a prévu de dépenser 6,7 milliards d’euros pour l’emploi des jeunes. Il lance, notamment, le plan « un jeune, une solution » dont il espère qu’il induira 450.000 embauches. L’État paiera 1.000 € par trimestre pendant un an maximum à l’entreprise qui embauche, entre août et janvier, un jeune de moins de 25 ans dans un CDI ou un CDD d’au moins trois mois, du moment que la rémunération ne dépasse pas deux SMIC.
En outre, une prime de 5.000 € est prévue pour le recrutement d’un alternant, tandis que l’État essaiera d’orienter et de former 200.000 jeunes vers les secteurs les plus porteurs. Il continuera, d’autre part, à accompagner 300.000 jeunes en parcours d’insertion, c’est-à-dire ceux qui sont les plus éloignés a priori de l’emploi.
Que penser de ces mesures ?
Elles ne sont pas suffisantes à elles seules pour persuader une entreprise de recruter un nouveau collaborateur si elle n’en avait pas envie au départ. Un employé au SMIC coûte 1.583 € par mois, soit 18.996 € par an. Recevoir 4.000 € peut être, en effet, tentant, mais il y a de grandes chances que cette aide n’ait qu’un effet d’aubaine pour un poste qui, de toute façon, aurait été créé. En outre, l’entreprise sera, qui sait, incitée à embaucher un jeune au détriment d’un postulant plus âgé, lésant ce dernier. Faire embaucher 450.000 jeunes de moins de 25 ans et laisser autant de chômeurs plus âgés sur le carreau est une politique de gribouille.
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