[L’ÉTÉ BV] G. de Galard a eu un hommage national aux Invalides. Merci, Madame !

©GabrielleCluzel
©GabrielleCluzel

Tout l'été, BV vous propose de relire certains articles de l'année écoulée. Ici, nous voulons célébrer la France éternelle.

La messe de funérailles de Geneviève de Galard et l’hommage national qui a suivi ont eu lieu aux Invalides, ce 7 juin, veille de la Journée nationale d'hommage aux morts d’Indochine instituée en 2005. Rappelons que 47.000 militaires français sont morts au combat là-bas. Quant aux prisonniers, seul un sur quatre est revenu. Puisse Geneviève de Galard retrouver, au paradis, ceux dont elle a soigné le corps et l’âme en enfer. Celui de la cuvette de Ðiện Biên Phủ.

Il y avait peu de journalistes - nous étions deux, dans l’espace imparti à la presse - mais beaucoup de militaires. C’était des légionnaires qui portaient le cercueil, ceint du drapeau tricolore. Dommage, il n’y avait pas Libération pour entendre, sous la galerie des Invalides, ce jeune officier lancer à la cantonade, avec insolence : « Pour une fois que c’est quelqu’un d’intéressant, je me suis porté volontaire ! » : un mètre linéaire d’enquêtes à charge sur la supposée misogynie de l’armée qui se serait soudain effondré. Tiens, c’est vrai, pourquoi la presse de gauche était-elle complètement absente ? Une femme, héroïque, sous le feu du combat à une époque où « cela ne se faisait pas » aurait dû les ravir. Penses-tu !

Quand on demandait à Geneviève de Galard ce qui, dans la cuvette de Ðiện Biên Phủ, l'avait soutenue, a rapporté Sébastien Lecornu, ministre de la Défense, dans son éloge funèbre, elle répondait : « Ma foi et mon rouge à lèvres ! » Une femme française, une vraie. Que sa famille honore et oblige : l’un de ses ancêtres était compagnon d’armes de Clovis, un autre celui de Jeanne d’Arc. L’ange de Ðiện Biên Phủ a d’ailleurs rendu son âme le même jour que la Pucelle d’Orléans (le 30 mai). On a le droit de n’y voir qu’une coïncidence ou de penser, comme Einstein, que le hasard n’est rien d’autre que Dieu qui se promène incognito.

Il y a peu ou prou trois figures féminines qui marquent, pour la postérité, la période indochinoise. Marguerite Duras (et son Amant), la Marie-Dominique de la chanson, dont on se demande éternellement ce qu’elle « f… à Saïgon » - combien de soldats, eux, se sont demandé ce qu’ils f… dans la cuvette de Ðiện Biên Phủ ? Mais une seule est un ange : Geneviève de Galard. Et les anges n’ont pas d’âge. J’ai souvenir d’un mariage dans le Gers, où elle était assise, fragile, élégante et souriante, son mari, debout, à ses côtés. J'ai eu du mal à l’approcher, tant de jeunes officiers empressés, admiratifs, l’entouraient, comme si, malgré ses 90 ans, elle était Scarlett O’Hara. Puisqu’on parle de cinéma américain, eux autres n’auraient pas traîné pour faire de cette convoyeuse de l’air, cette IPSA (infirmière pilote secouriste de l’air) comme on les appelait alors, l’héroïne d’un de ces blockbusters dont ils ont le secret. Besoin de rien inventer pour le romantisme du scénario, tout est déjà là : cette église des Invalides où hommage lui a été rendu, elle s’y est mariée. Avec l’un de ceux qu’elle a rencontrés en Indochine : le capitaine de Heaulme. Ce dernier était présent, bien que centenaire, pour assister au dernier hommage rendu à son épouse, porté par de jeunes militaires dans son fauteuil, avec son béret rouge sur la tête. Leurs trois enfants ainsi que leurs très nombreux petits-enfants étaient debout, eux aussi, ce vendredi, dans la cour des Invalides. Geneviève de Galard est bien trop « vieille France », selon la délicieuse expression, pour avoir l’heur de plaire au cinéma français. Pourtant, convenons qu'elle a montré, bien avant l’engouement pour les transgenres et les non-binaires, qu’on pouvait être femme et « en » avoir.

Peut-être, au moins, l’évocation de son souvenir, au lendemain de la commémoration du Débarquement et à la veille de celle des morts d’Indochine, alors que se rapproche dangereusement de nos oreilles le fracas de la guerre, rappellera-t-elle qu’envoyer des jeunes gens au combat n’est pas une décision qui se prend à la légère.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 15/08/2024 à 8:25.
Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

34 commentaires

  1. Merci à Boulevard Voltaire et à vous Madame Cluzel de rendre un dernier hommage à Geneviève de Galard.
    Le Panthéon était sa place.

    • Dans l’absolu, vous avez raison et j’approuve. Dans la réalité, le Panthéon, comme la Légion d’Honneur est de plus en plus mal fréquenté…

  2. Très circonspect sur cet article car où arrêtons-nous les hommages dans un pays qui ne sait plus faire que ça? N’est-ce pas devenu de la pure communication? Un hommage à une personne certes méritante mais comme une invitation à l’héroïsme en tant de guerre, comme pour nous montrer un chemin qui nous emmène vers les plaines d’Ukraine comme destination héroïque ? Le Héros n’a pas besoin d’hommage ou de décoration ; c’est sa conscience sa plus belle valeur.. Le héros peut être enseigné à l’école, faire l’objet de reportage…mais l’hommage de la nation ne veut plus dire grand chose dans cette période où ses représentants se sont dévoyés et la méprise elle et son peuple. Macron est annoncé à 16%, ce qui sonnerait comme une défaite? Mais non, c’est une victoire car tous les autres partis se sont alignés sur lui sur tous les sujets (confinement et pass Covid, transition écolo envers laquelle il est interdit de prendre quelques distances, guerre contre la Russie par population ukrainienne interposée et priée de bien vouloir mourir pour la vanité de l’occident, Appartenance à l’UE plébiscitée au moment ou celle-ci s’apprête à supprimer les nations pour créer un espace fédéral de violence et de servitude… Que la masse se rassure, il n’y aura plus de nation française mais il y aura toujours… l’équipe de France de foot. Ouf on est sauvé!

  3. Oui, « le hasard n’est rien d’autre que Dieu qui se promène incognito. », mon grand-père m’avait dit cette citation, alors qu’avec mon père nous visitions tous les trois le cimetière de Colleville-sur-Mer, leçon d’histoire nécessaire à mes connaissances qu’ils me disaient tous deux, j’avais alors 12 ans.
    Mon grand-père m’a aussi beaucoup parlé de cette « terrible guerre », et avait évoqué Madame de Galard, une grande dame comme il disait.
    Madame Geneviève de Galard mérite le Panthéon, sa foi et probablement son rouge à lèvres, et sûrement sa présence féminine, permirent à de nombreux soldats de partir vers le paradis en pensant à leur maman.
    On se sent tout petit devant la mémoire due à Madame Geneviève de Galard.
    Paix à son âme au paradis, où Dieu l’a accueillie, même sans rouge à lèvres.

  4. Merci à vous madame Cluzel et à Boulevard-Voltaire d’avoir rendu hommage, tant par votre présence que par cet article, à cette grande Dame que fut Geneviève de Galard. A l’heure où, un ignorant des choses militaires, attise les provocations, votre conclusion est la bien venue.

  5. Geneviève de Galard a rejoint deux autres femmes de légende honorées par la Légion: Leila du Luard, brigadier-chef d’honneur et marraine du 1er REC, et Edmonde Charles-Roux, faite caporal d’honneur en 2007. Ces grandes dames ont été portées vers leur dernière demeure par ceux qui les ont aimées, et qu’elles ont aimés.

  6. Au fait aucune chaîne de télévision ne l’a retransmis ni même parlé. Où était le président de la République et tous les politiques qui l’accompagnent habituellement, lui le chef des armées ? Se reposait-il de ses désastreuses prestations de la veille ou bien signait-il encore avec le fantoche ex-president Zelinski le déshabillage de l’armée française ?

  7. Voilà ue personne qui mériterait d’être portée au Panthéon ! Oui. On en a trop peu parlé, et il y a longtemps qu’un film aurait dû sortir à son sujet.
    Elle a écrit un livre que jepossède, sur son expérience : Une femme à Dien Bien Phu, paru en 2003 aux éditions « Les Arènes ».

  8. Merci à Boulevard voltaire pour cet hommage et ce témoignage. Que l’extrême gauche islamiste parmi laquelle se cache la gauche tout court , donc que cette engeance ait été absente à ces funérailles est une bonne chose …l’hommage a rassemblé des Gens Biens , des Patriotes , des Français …les serviettes ont été préservé des torchons et c’est le principal

  9. Pourquoi il n’y avait pas de « journalistes » gauchiste ? Trop Française, trop courageuse, trop noble, trop militaire. Tout ce qui peut éloigner cette faune de gauche comme la lumière pour les vampires…

  10. C’était une Française, une vraie : une femme avec toutes ses qualités de courage et de dévouement, catholique de surcroît. Un très bel exemple pour nos jeunes.
    Merci Madame, A Dieu !

  11. Hommage rendu par des vrais hommes pour une vraie femme .Qu’ elle repose en paix et si possible au Pantheon si sa descendance l’ accepte .

  12. Plutôt que de vouloir encore nous bassiner avec le « François Mitterrand » ou le « Simone Veil » pour le PANG (porte-avions de nouvelle génération) qui remplacera le « Charles de Gaulle », je verrais bien l’ange de Dien Bien Phu, le « Geneviève de Galard » devenir l’archange des mers, fleuron de notre « Royale ». Après avoir veillé sur les soldats qu’elle vient de rejoindre, elle veillera sur la France. Cela aurait de la gueule et une réelle signification. Et quoi de mieux qu’une femme qui donne son nom à un navire de guerre ! Je lance l’idée !

  13. En attendant, Emmanuel Macron essaie par ses propos infantiles et irresponsables, d’ajouter aux 47000 soldats morts en Indochine et les milliers d’autres en Algérie qui défendaient des territoires français, d’autres milliers de morts pour rien dans une guerre qui ne concerne en rien les Français.
    En attendant ce triste jour, paix à l’âme généreuse de Geneviève de Galard.

  14. « Peut-être, au moins, l’évocation de son souvenir, au lendemain de la commémoration du Débarquement et à la veille de celle des morts d’Indochine, alors que se rapproche dangereusement de nos oreilles le fracas de la guerre, rappellera-t-elle qu’envoyer des jeunes gens au combat n’est pas une décision qui se prend à la légère. », mais que Macron prend sans état d’âme… « Toutes les décisions qui engagent des vies humaines sont prises par ceux qui ne risquent rien » (Simone Veil).

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois