George W. Trump : « Ces événements nous dépassent, feignons de les organiser… »
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Cette fois, ça y est : l’appareil d’État suit le chef. Les attaques contre le président sont unanimement tuées dans l’œuf, la majorité des journalistes ne lui cherchent plus des poux dans la tête, les démocrates (époque Obama) sont à leur tour harcelés (armes chimiques syriennes non recensées, espionnage sur la campagne de Trump), cependant que les révélations sur les russo-complicités de ladite campagne perdent de leur appétence. De nombreux démocrates se rallient…
Il suffisait d’un crime de guerre en Syrie pour que Trump déclenche la série gagnante : bombardement des coupables en après-souper avec le président Xi, conférence de presse du général Mattis, canonnières plein cap sur la Corée, débonnaire abstention chinoise à l’ONU, convocation à la Maison-Blanche du rond-de-cuir de l’OTAN Stoltenberg (puis conférence de presse conjointe) et, bien sûr, visite à Moscou du secrétaire d’État Tillerson. Un blitz parfait…
Maintenant que la Russie, subtilement enjointe de rejoindre la civilisation, va macérer dans son purgatoire avant la soumission d’Assad, on va enfin se concentrer sur le remplacement du système de santé, la refonte fiscale et les infrastructures. Voilà un président décidé, aux commandes d’une organisation huilée. Telle est la version des satisfaits…
Mais il y a les insatisfaits. D’abord, le triumvirat McCain-Graham-Rubio attendait que Tillerson leur ramène une livre de la chair de Poutine. Il ne l’a pas fait. Et le général Mattis lui-même, la veille, a refusé de présenter l’opération en Syrie comme le prélude d’une invasion, la Corée sans doute en tête. Puis Trump (Stoltenberg à ses côtés) s’est bien gardé de médire du président russe. Ce qui va encourager les amoureux de complots - MSNBC en tête - de poursuivre leur thématique du coup monté par Poutine en Syrie pour maintenir Trump au pouvoir.
Mais le pouvoir pour quoi faire? Les supporters de Trump de la première heure sont sonnés par son demi-tour complet sur l’indispensable OTAN, symbole de « l’Europe Unie regardant l’Ouest », sur la dangereuse Russie et sa criminelle Syrie, sur la sympathique Chine ou encore sur la formidable Janet Yellen (de la Federal Reserve) et, enfin, sur la reprise en main par son gendre Jared Kushner et ses amis de Goldman Sachs de la politique économique.
Le coup d’État néocon se compléterait d’une révolution de palais mondialiste. Il semble que Trump soit, en effet, sur le point de pousser l’idéologue du trumpisme, Steve Bannon, à démissionner. D’abord parce qu’il y va de la survie de George W. Trump. Ensuite parce que Bannon "était devenu plus important que le boss", selon le journaliste de CNN David Gregory (13 avril 2017).
Trump vient, donc, de présenter publiquement Bannon comme un sous-fifre d’état-major. Mais Chris Cuomo, de CNN, souligne que le président doit rester prudent, qualifiant Bannon de "personne la plus dangereuse de toutes pour Trump… car capable de dénoncer ses impostures". Il ajoute : "Bannon, avec les réseaux [Breitbart] et autres, dispose de l’unique accès à l’extérieur [la base populiste du trumpisme]. » À trop servir de prête-nom à son remarquable gendre, George W. Trump risque gros…
Revenons à la réalité. L’universitaire Stephen F. Cohen, spécialiste de la Russie, lance un cri d’alarme: "En toutes ces années, je n’ai jamais été aussi inquiet qu’aujourd’hui du risque de guerre avec la Russie…" (Fox News, Tucker Carlson Tonight, 12 avril).
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