Gérald Darmanin connaît les discriminations : sa tante s’appelle Fatima !

Capture écran France Info
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L’ancien ministre de l’Intérieur n’est jamais à court d’idées. Il en a toujours une d’avance, prête à servir, surtout ses intérêts. Récemment (et finalement) débarqué du gouvernement, à la suite d’atermoiements interminables qui auront duré tout l’été, dans une indifférence de plus en plus teintée d’exaspération, Gérald Darmanin a choisi une stratégie souvent payante, à défaut d’être originale : celle du contre-pied. Le gouvernement de Gabriel Attal était plutôt de gauche ? Darmanin avait fait le choix d’être une sorte de caution morale de droite. Il ne parlait que d’OQTF, du travail des forces de l’ordre et de la nécessité de mettre un terme, une bonne fois pour toutes, à ce terrible sentiment d’insécurité qui empoisonnait les cauchemars des Français.

Maintenant que le gouvernement de Michel Barnier, de l’avis des journalistes, penche plutôt à droite, Gérald Darmanin a changé son fusil d’épaule. Invité de la matinale de France Info, à l’occasion du lancement de son propre mouvement politique, « Populaires », il était interrogé sur les discriminations. Sa réponse a été d’une démagogie limpide : « J'ai une tante qui s'appelle Sada, une tante qui s'appelle Fatima. J'ai pas besoin de deux reportages à la télévision pour savoir qu'il peut y avoir des discriminations ». Darmanin tient là un joker ultime, une arme secrète, un « Joker +4 » comme dans le jeu de Uno. Il a deux tantes dont les prénoms ont une consonance arabe. Et du coup, il est perché : il connaît parfaitement le problème des discriminations.

Fatima, Sada ? La belle affaire...

L’ancien ministre avait déjà tenté le coup lors de sa passation de pouvoir avec Bruno Retailleau, lorsqu’il avait dit qu’il n’aurait sans doute pas fait la même carrière si son père, comme il l’avait envisagé, l’avait prénommé Moussa. Il faudra qu’il dise ça à Rachida Dati, ministre de la Culture, ou à Othman Nasrou, récemment nommé secrétaire d’Etat. Cette fois, son propre cas ne suffisant pas, il a tenté le tout pour le tout en associant sa famille à son entreprise de victimisation. Sa tante s’appelle Fatima, une autre de ses tantes s’appelle Sada. Bon. OK. La belle affaire. Cela le dispense-t-il de regarder des documentaires sur les discriminations ? On le lui souhaite.

C’est un peu ça, le problème de Gérald Darmanin : il se croit tout permis. On se souvient de sa sortie à Apolline de Malherbe (« Calmez-vous Madame, ça va bien se passer ») ; il n’a pas changé. C’est la même certitude de soi, la même agressivité, le même manque d’éducation.

Il est évident que la création de ce parti est l’antichambre de ses ambitions présidentielles. Les Français voudront-ils d’un président mal rasé, sans cravate (dégaine de commercial qui vient de se faire virer), qui pérore sur les radios et les télés publiques à des heures de grande écoute ? Rien n’est moins sûr. Qu’on ne s’étonne pas du dégoût des Français pour la politique : si, à l’heure de la suspicion généralisée, plus personne ne veut faire de politique, on ne trouvera bientôt plus que des vaniteux et des médiocres pour se présenter à des mandats électifs. Espérons nous tromper.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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