Gérald Darmanin se paye Karim Benzema : on a vu plus malin

DARMANIN

Franchement, entre nous, mais on est où, là ? Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, troisième dans l’ordre protocolaire du gouvernement et prétendant putatif à la candidature à la présidence de la République (on n’y est pas encore…), propose, jeudi soir, un marché, en direct sur BFM TV, à Karim Benzama. Le deal (on dit comme ça, je crois, chez ces gens-là) : Gérald Darmanin est disposé à retirer les propos qu’il a tenus sur le joueur de foot si ce dernier consent, de son côté, à tweeter pour « pleurer également » Dominique Bernard, le professeur assassiné par un islamiste tchétchène. On répète la question : on est où, là ? « Je vais vous le dire », comme dirait l'idole de Darmanin, Nicolas Sarkozy : au mieux, dans une cour de récré.

Le concept de « notoriété publique »

Retour sur cette nouvelle polémique qui nous dit le niveau de décrépitude de notre République. Lundi soir, sur CNews, Darmanin, qui parle plus vite que son ombre, et voulant probablement faire plaisir à l’auditoire de la chaîne maudite de la gauche, déclare que Karim Benzema est « en lien notoire avec les Frères musulmans ». Définition de l’adjectif « notoire » : « connu », « avéré », « certain ». Mais aussi, « de notoriété publique ». C’est là que ça se corse, car on sait ce qu’il en est de la notoriété publique… Au Café du Commerce, par exemple, il est de notoriété publique - tout à fait « notoire », dirait Darmanin - que la « femme à René » fait son mari cocu avec le « mari à la Simone » (d’autres combinaisons sont possibles). Un exemple comme un autre, vous voyez. Passons.

Revenons à notre affaire. Gérald Darmanin tenait donc à réagir (avec la plus grande fermeté, ça va sans dire) au message publié sur X par Karim Benzema, message dans lequel ce dernier adressait « toutes [ses] prières pour les habitants de Gaza victimes une fois de plus de ces bombardements injustes qui n’épargnent ni femmes ni enfants ». Ce footballeur si sensible n'avait pas eu un mot pour les victimes israéliennes du Hamas ! Disséquons un peu le message du Ballon d’or. Au fond, rien n'interdit de prier pour les habitants de Gaza. Paraît même qu’il faut prier pour ses ennemis. Alors, ses amis, on peut aussi. Que des femmes et des enfants meurent sous les bombes à Gaza, c’est, semble-t-il, aujourd'hui, un « fait notoire ». C’est factuel, dirons-nous. Là où ça se complique, c’est la qualification d’« injustes ». On n’est plus dans les faits mais dans l’opinion. On aime, on n’aime pas Benzema (pour les hermétiques au second degré, précisons que l’auteur de ces lignes n’est pas spécialement un adepte du susnommé), mais on a encore le droit d’avoir une opinion. Enfin, ici, en France. Car là où vit la star du ballon rond, ce n’est pas tout à fait la même limonade. Passons.

Quelques larmes... de crocodile ?

Et c’est donc cette prière gazouillée pour les Gazaouis qui a provoqué la réaction du ministre de l’Intérieur. On imagine qu'il doit avoir des fiches – enfin, on espère – pour déclarer que Benzema est « en lien notoire avec les Frères musulmans ». L’entourage du ministre a cependant aussitôt annoncé à l’AFP que les déclarations de Benzema ne relevaient pas de poursuites judiciaires. Non, sans blague ! En revanche, celles de Darmanin ? On n'est pas à l'abri d'un retour de flamme de la part du footballeur. Pour défendre la prise de position du ministre, son entourage a tenu aussi à préciser que les propos de Benzema « constituent un signal particulièrement flou de la part d’un sportif bénéficiant d’une telle audience ». Le message du sportif est pourtant très clair.

Et maintenant, Darmanin qui est prêt à retirer ses propos si Benzema consent à pleurer ! Qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’il n’y a pas de lien notoire entre Benzema et les Frères musulmans et, donc, que le ministre aurait dit n’importe quoi ? Et si ce lien est notoire, pourquoi retirer ces propos à la condition que Benzema fasse amende honorable ? N’insistons pas sur la demande un peu baroque du ministre : que Benzema « pleure également »… Ça se commande, maintenant, les larmes ? Peut-être chez Darmanin. On est où, là ? Au mieux, dans une cour de récré. Au pire : à vous de voir…

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

39 commentaires

  1. Il y aurait plus important à entendre de Darmanin,cette saillie très médiatique anti Benzéma ne fait que détourner l’attention du bon peuple sur l’insécurité galopante liée à l’immigration qui importe au cœur de nos villes l’islamisme assassin. On peut avoir les plus grandes craintes quant au résultat et au contenu de la future loi immigration pour laquelle ce gouvernement n’a aucune réelle intention vraiment réformatrice et sans cette volonté politique on va droit vers la guerre civile qui a déjà commencé.

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