Gérald Darmanin veut dissoudre l'obscur collectif Alvarium à Angers : les antifas courent toujours.

Les antifas ont provoqué les gendarmes dans une belle violence, ce week-end, lors de la conférence de Zemmour à Nantes, et ce n'est pas leur premier fait d'armes. Parmi bien d'autres agressions et manifestations pas tout à fait pacifiques, ces sympathiques jeunes gens s'en sont pris, à de multiples reprises, au local d’Alvarium, à la fois local et communauté angevine « d'ultra-droite », selon le ministère de l'Intérieur, inconnue au-delà des frontières de la ville. Les bagarres auraient alerté le maire et le ministère de l'Intérieur.

Car pour combattre l’insécurité galopante, le moins qu’on puisse prétendre est que la place Beauvau ne ménage pas ses efforts : en témoigne l’annonce d’une dissolution prochaine de cette association Alvarium. Gérald Darmanin, dans un tweet daté du 28 octobre, lance la bataille : « J’ai engagé ce jour une procédure contradictoire à l’encontre d’un groupement de fait d’ultra-droite, l’Alvarium, situé à Angers, en vue de sa dissolution. Les nombreux faits constatés, les signalements répétés de nombreux élus, dont le maire d’Angers, motivent cette action. » On attend toujours une réaction du ministère vis-à-vis des si pacifiques antifas.

Première question : qu’est-ce que l’Alvarium ? Sur leur site, l'association inconnue jusqu'ici des milieux de droite publie ce vade-mecum : « Menant depuis plusieurs mois déjà une action sociale au service de ceux que l’État préfère ignorer, l’Alvarium est une communauté et un lieu de réunion convivial et militant. […] Notre communauté entend créer des liens en Anjou entre ceux qui refusent la lâcheté et l’abandon de notre peuple et de son Histoire. Nos initiatives sont nombreuses : défense du patrimoine et redécouverte de notre culture locale, française et européenne, distributions hebdomadaires de vêtements et de nourriture, organisation de conférences, activités sportives, initiatives communautaires (potager, bons plans, emplois), activisme politique pour l’éveil des consciences, pèlerinages enracinés, etc. » Soit rien qui puisse, a priori, fragiliser la démocratie.

Deuxième question : qui dirige Alvarium ? La réponse est simple et parfaitement transparente : Jean-Eudes Gannat, ancien militant FN, dont il fut candidat aux municipales en 2014 et aux départementales de 2015. Après avoir quitté ce parti, il se présente comme candidat « identitaire » à la législative partielle de Saumur-Nord en 2020 ; puis, l’année suivante, à une élection départementale à Segré. Dans le premier cas, il récolte 1,4 % des voix ; dans le second, 3,15 %. La République en danger ?

Troisième question : en quoi ces militants localistes, adeptes des circuits courts et soucieux de l’environnement, sont-ils une menace pour le vivre ensemble ? Darmanin ne le dit pas. Au contraire de leurs adversaires antifas estimant que tout peut se régler à la barre de fer, eux jouent sur une partition électorale et démocratique. Alors, pourquoi un tel diktat ministériel ?

Christophe Béchu, maire d’Angers, ancien UMP et désormais secrétaire général d’Horizons, parti récemment lancé par Édouard Philippe, donne une piste : « Je suis très satisfait que le ministre de l’Intérieur ait pu engager ce processus. C’est un message extrêmement fort qui est envoyé : il n’y a pas de place pour les prêcheurs de haine. » Même son de tocsin chez le député écologiste de Maine-et-Loire, Matthieu Orphelin : « Les nombreux agissements, les menaces et faits répétés de violences et d’agressions commis par les membres de cette association angevine vont à l’encontre des principes de respect d’autrui, de démocratie et de débats d’idées. » Non, Matthieu Orphelin ne parle pas des inoffensifs antifas. Eux peuvent dormir tranquille.

Dans ce théâtre de marionnettes, dans lequel Gérald Darmanin joue à la fois Guignol et Gendarme, Alvarium incarne un assez bel Arlequin. En fouillant sur leur site, on tombe sur cette vidéo filmée avec l’un de leurs militants, le très sympathique Mehdi. Regardez. C’est hautement réjouissant.