Gérard Collomb part : Emmanuel Macron finira seul

Ce n’était donc pas de la comédie, comme le suggérait, lundi soir, notre ami Thomas Bertin dans ces colonnes. Il y a donc bien de l’eau dans le gaz entre Emmanuel Macron et Gérard Collomb. Le ministre d’État, ministre de l’Intérieur, persiste et signe : il veut rentrer à Lyon. "Je maintiens ma proposition de démission" : c’est ce qu’il vient de déclarer dans une nouvelle interview dans Le Figaro. Et plus vite que ça, s’il vous plaît ! Avant même que le beaujolais nouveau ne coule à flot entre Rhône et Saône.

Visiblement, Emmanuel Macron n’avait pas bien compris l'intention de son ministre et, donc, Gérard Collomb réitère sa "proposition". Fatigue ? Dépit amoureux ? Sentiment d’être pris pour un ringard par les équipiers du nouveau monde ? Affaire Benalla mal digérée ? Tout ça à la fois, peut-être. Et puis, ne vaut-il pas mieux être roi dans son village ? Et quel village !

Mais qu’importent les raisons. Ce que voient les Français, c’est que le premier flic de France a la tête ailleurs et va prendre ses jambes à son cou pour rentrer à la maison. On n’a jamais vu un ministre rester à son poste contraint et forcé : cela se saurait. Alors qu'il s'en aille ! Pendant ce temps, l’insécurité n’a jamais été aussi grande en France. Cela donne, en tout cas, une impression de pétaudière qui fait passer, désormais, l’ère Hollande comme un âge d’or dans l’Histoire de France. Deux ministres d’État en moins d’un mois qui lâchent le Président et retournent à leurs chères études. Du jamais-vu de mémoire de Ve République. Rien ne va donc plus dans la Macronie. Édouard Philippe, le premier collaborateur d’Emmanuel Macron - après le secrétaire général de l’Élysée, évidemment -, a beau brandir la Constitution devant les députés pour nous faire croire qu’il détermine et conduit la politique de la nation, il ne trompe personne. Comment peut-il conduire la politique de la nation alors qu’il n’a même pas la maîtrise de ses troupes ministérielles et voit passer les ministres comme les vaches les trains, selon les mots du député RN Sébastien Chenu ?

Désormais, plus aucun poids lourd dans ce gouvernement, si on excepte Jean-Yves Le Drian, qui bosse à l'international. Castaner ? Un naufragé du socialisme qui faisait bien rire ses petits copains naguère. Le Maire, Darmanin ? Qui trahit, trahira… Rugy ? Qui trahit, trahira… Et après ? D’excellents techniciens ? Peut-être, mais sans aucun poids politique.

Que révèle cette tragi-comédie ? Que le vernis craque de toute part, un an et demi à peine après l’élection présidentielle. Le Président le plus mal élu de la Ve République révèle son manque d’autorité malgré ses coups de menton et de com’. Il est vrai que, lorsqu'on n'a jamais vraiment exercé de responsabilités qui vous obligent à composer avec les ressorts humains... Et ce n'est pas les quelques mois passés à la tête du ministère de l'Économie qui ont pu donner à Emmanuel Macron une stature d'homme d'État, quelques mois, du reste, passés surtout à préparer sa candidature. Même les apparences n'ont pu être sauvées dans cette lamentable affaire. La chance d'Emmanuel Macron ? Les institutions et une majorité qui ne doit sa légitimité qu’à sa propre élection : un château de sable, en somme. La marée monte doucement et sûrement et pourrait se transformer en tsunami à l'occasion des élections européennes. Demain. Encore une start-up qui part à la godille. Emmanuel Macron finira seul.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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