Gérard Darmon : oui en Shylock et non en Othello ?
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« Être ou ne pas être » ? Oui, voilà la question ! Être et ne pas paraître. Le comble, pour un amoureux de la scène comme Gérard Darmon. Que n’a-t-il suivi les signes du destin lorsque, recalé au Conservatoire d’art dramatique, en 1972, il s’est enferré dans le café-théâtre au lieu d’entrer dans la Légion ou d’aller bosser chez Renault !
Gérard Darmon aurait aussi pu devenir président de la République, tant ses vues politiques sont originales et nuancées. N’avait-il pas révélé au monde de la nuit, en 2011, que Gilbert Collard, soutien scandaleux de Marine Le Pen, pouvait être classé « légèrement à droite d'Hitler au niveau des idées ». Être ou ne pas être à la droite. Oui, voilà la question. Et puis, quelqu’un qui lutte avec Patrick Pelloux ou Benjamin Biolay contre le « Hollande-bashing » pourrait-il être, un jour, du côté obscur de la force ?
Eh bien, oui. Gérard Darmon a craqué. L'acteur a posté une photo sur Instagram où il apparaissait grimé en Othello : « Othello pour Marleau », écrivait-il en légende, sans doute en soutien au vilain spectacle pubien, sur service public, donné par l’une de ses consœurs de lutte culturelle. Moins de 24 heures en ligne, montre en main…
Car les internautes, pour lesquels Othello ou Donatello des Tortues ninja, c’est du pareil au même, mais qui savent tout sur le racisme des Blancs, y sont allés de leur indignation formatée à l’école du cirque woke contre le crime « ku-klux-klanien » de la blackface : « La blackface de Gérard Darmon. Encore un acteur qui comprend pas qu'on ne peut pas tout jouer », dit l’une ; « En plus d'être de mauvais goût, Darmon est un Juif séfarade d'Afrique du Nord, sa couleur de peau naturelle correspond donc au personnage (un maure) [sic] sans maquillage », écrit un autre. Le verrait-il, sans s’indigner, plutôt jouer Shylock ? Les réflexes « nauséabonds » des heures les plus sombres de notre Histoire semblent passer au camp des racialistes. Et tout à l’avenant sur Twitter. Bref : être ou ne pas être ? Sans fard !
« Je suis un acteur libre », clame Darmon. Pas tant que ça, le garçon, puisque sa belle tête de vainqueur des Ottomans – relisez Othello – n’a pas tenu un tour de cadran sur la Toile ! Être ou ne pas être ? Vous avez dit pression médiatique ?
Mais pourquoi nous en étonner ? Lorsqu’on voit une dirigeante de l’UNEF revendiquant la tenue de « réunions non mixtes pour permettre aux personnes touchées par le racisme de pouvoir exprimer ce qu’elles subissent » - soit des cénacles interdits aux Blancs - sans qu’aucune sanction d’État ne soit prise, lorsqu’une adjointe, élue à Paris, ose légitimer cette pratique en exigeant, par cas, le silence des Blancs qui viendraient s’y commettre sans qu’elle soit aussitôt recadrée par ses pairs, on pensera très fort – comme aurait dit Shakespeare – qu’il y a quelle chose de pourri dans toutes les démocraties d’Occident.
Alors, Gérard Darmon, face à la force obscure, héros ou inconscient ? Il fait partie, à son rang saltimbanque, avec les résidus mitterrandistes des années 80, comme les Dray ou les Cambadélis, des créateurs du monstre décolonial et qui devient incontrôlable. Comme l’a dit Bernard Lugan : « Ces gens ont lutté pour l’universalisme, contre l’enracinement, contre tout ce qui était identitaire, pour l’immense migration mondiale […] Ils sont […] pris à leur propre piège. » Ou, pour Darmon, qui n’est pas politique, trompé par sa naïveté.
En 1895, Louis Lumière projetait L’Arroseur arrosé, muet, en noir et blanc. Par un continuum délirant de notre espace-temps, Gérard Darmon nous l’a rejoué en couleurs. À ses dépens. Merci, ami Gérard. Tu nous as fait bien rire… jaune. Mais réfléchissons bien. Être ou ne pas être ! Et si les outrances et les outrages du racisme des racisés étaient une chance pour nous ?
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