Gilbert Collard : « Un acte IX moins violent mais bien plus grave pour le gouvernement ! »
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Me Collard, député (RN) du Gard, réagit à l'acte IX des gilets jaunes et analyse la stratégie du pouvoir : "C'est un gouvernement d'imbéciles, totalement perdu. Ce pouvoir est dans l'irréel."
L’acte IX des gilets jaunes s’est tenu aujourd’hui à Paris et dans toute la France. Les médias ont relevé une ambiance très bon enfant, malgré quelques violences.
Que pensez-vous de l’évolution de ce mouvement ?
Il est très intéressant de constater que cette fois-ci il n’y a pas eu les débordements des fois précédentes. Cela prouve que les gilets jaunes savent se tenir. Si parfois il y a des débordements, ce n’est pas forcément de leur fait.
Ce n’est pas terminé pour autant. Moins ce sera violent, plus ce sera grave. Cela voudrait dire que la colère se déplace et qu’elle se structure, et peut-être d’une façon politique. Ça ne veut pas dire qu’il y aura des listes aux Européennes, mais ça va se structurer par une prise de conscience de l’action politique. Le gouvernement sera peut-être beaucoup plus en danger que par des manifestations dont la violence est souvent quelque peu dirigée, pour ne pas dire instrumentalisée.
À propos d’instrumentalisation, on a vu cette semaine un petit déchaînement sur Twitter notamment de la part de Benjamin Griveaux et de Marlène Schiappa. On sent le gouvernement très en peine pour parler, communiquer et comprendre ce soulèvement des gilets jaunes.
Comment interprétez-vous cette réaction du gouvernement à l’encontre des gilets jaunes ?
Ils n’ont rien compris. Madame Schiappa et monsieur Griveaux pourraient monter une pièce de théâtre. On a du mal à admettre que les gens au pouvoir sont des imbéciles. Mais, je crois qu’en effet, on a des imbéciles au pouvoir. Cette imbécillité est exprimée à chaque fois qu’ils parlent. On peut même se demander par moment si Macron n’est pas imbécile. Lorsqu’il dit que les gilets jaunes devraient faire des efforts, alors que tout le monde cherche à calmer les mécontentements et les énervements, on a le sentiment qu’il n’a rien compris de la réalité de ce qu’il se passe.
La déclaration d’Édouard Philippe en milieu de semaine a annoncé vouloir instaurer une loi anti-casseurs.
Je m’adresse à la fois au député et à l’avocat. Peut-on l’envisager ?
La loi anti-casseurs a déjà existé et a été abrogée. Nous avons dans la loi tous les moyens de réprimer ce qui doit l’être. Ce pouvoir est complètement perdu et cherche le moyen de se donner une espèce de musculation par de la chirurgie esthétique légale. Faute de faire du réel, ils font des lois qui ne s’appliqueront pas dans la réalité.
Un des aspects dramatiques de ce pouvoir est qu’il est dans l’irréel. Il est dans une espèce d’onirisme mondain. Ils vivent entre eux, ils font des lois entre eux. Le monde entier n’existe pas. Ils ont raison. Ils savent tout. C’est la première fois que je vois arriver au parlement le Club Med.
Avez-vous des contacts avec vos collègues de la majorité ou y a-t-il un plafond de verre?
Si encore il y avait un plafond de verre, j’aurais quelque chose de concret et de dur. Ces gens arrivent tout droit du Club Med, ils ont des idées toutes faites et des vues définitives sur tout. Ils ont tout compris et savent tout, pour les uns parce qu’il a été chef d’entreprise, pour les autres parce qu’il a été avocat ou encore agent d’assurance. Pourtant, ils ont une vraie ignorance de l’Histoire. Ils ont le sentiment que tout leur est dû et qu’ils savent tout. Comme si leur petite vie suffit à constituer une encyclopédie du savoir.
Cela ne leur permet visiblement pas de comprendre la colère des gilets jaunes...
Ils ne comprennent pas du tout la colère des gilets jaunes. Ils s’en offusquent même. Pour eux, elle est incongrue, déplacée, grossière et absolument pas dans les bonnes manières. Ils s’étonnent que le peuple ne soit pas content. Comment est-ce possible ?
Nous assistons à des indignations de duchesses.
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