Gilles de Laclause : « Alexandre Benalla était sujet à des coups de sang »
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Gilles de Laclause, qui était le gérant de l'immeuble où le QG du candidat Macron s'installa durant la campagne présidentielle, relate au micro de Boulevard Voltaire l'incident sévère au cours duquel Alexandre Benalla l'avait pris à partie ainsi que son équipe, en novembre 2016. Un incident qui dura 45 minutes où furent proférées insultes et menaces.
Vous étiez le gérant de l’immeuble qui a accueilli le QG d’En Marche.
Pouvez-vous nous expliquer les rapports que vous avez eus avec Alexandre Benalla ?
J’avais déjà vu une ou deux fois Alexandre lorsque nous avons mis en place le QG, remis les clés et les badges d’accès de l’immeuble. J’avais la tâche importante de m'assurer que tout soit prêt pour le 16 novembre pour l’annonce de la candidature d’Emmanuel Macron. Cela fut un travail intense. Il a fallu faire le plan d’agencement et toute l’organisation des bureaux avec l’équipe opérationnelle du candidat.
Pendant ces moments-là, je n’ai pas beaucoup vu Alexandre. Je l’ai surtout vu le soir où il y a eu un incident. J’avais déployé des agents de sécurité, car des syndicats avaient des velléités de venir occuper une partie de l'immeuble ou d’essayer de perturber un de nos clients importants puisqu'il représentait pour nous 30 % de l’activité. Il y avait deux entrées dans l’immeuble. L’une est une entrée générale pour tout le monde et la seconde est une entrée privatisée avec un ascenseur très restreint à l'usage unique d’Emmanuel Macron. Alexandre Benalla s’est présenté devant l’entrée privatisée et un incident assez important s’est produit avec notre équipe et Alexandre Benalla.
Les agents de sécurité lui ont demandé qui il était. Pour moi, à cette époque, c’était un bénévole parmi d’autres du mouvement qui était plus ou moins en charge des questions de sécurité. On m’avait dit chez En Marche qu’il n’avait pas de contrat et qu'il était un simple bénévole. Le ton est rapidement monté et il est tout de suite parti dans les tours lorsque l’agent lui a demandé qui il était.
L’incident a duré 45 minutes. Il n’y a pas eu de coups directs intentionnels, mais la confrontation physique était très tendue. J’ai vraiment eu peur que ça tourne mal, car je pense que cela aurait été très mauvais pour la candidature et pour nous aussi par ricochet. Nous avons vraiment gardé notre calme, mais nous avons été insultés et menacés pendant 45 minutes. J’ai prévenu la Police et une patrouille est arrivée. Entre temps monsieur Benalla était parti.
Finalement, le lendemain, la Police m’a rappelé pour authentifier l’appel. Nous avions des images de vidéosurveillance qui montraient que quelqu’un de très virulent nous prenait à partie. L’agent de sécurité et moi n’avons pas porté plainte et je n’ai pas donné de suite à cette affaire pour plusieurs raisons. Je ne pensais pas qu’il aurait ensuite de telles responsabilités, et je n’avais pas l’intention de perturber la campagne avec un incident de sécurité de ce niveau.
Quand l’affaire Benalla a éclaté, avez-vous tout de suite fait le rapprochement entre le Alexandre Benalla qui était chef de cabinet et le jeune homme qui avait provoqué un esclandre dans l’immeuble d’En Marche ?
Quand il a été nommé directeur de la sécurité du mouvement, j’en ai pris acte. De toute façon, tout était en place, nous avions mis en place les procédures et les mesures de sécurité pour s’interfacer avec eux. Je gérais la sécurité de l’immeuble et eux avaient la sécurité de leur parti, et notamment de l’étage sensible où se trouvaient l’équipe de campagne et le bureau du candidat. Ils avaient des badges d’accès indépendants. Leur propre vidéosurveillance était installée dans leur étage.
Ensuite, il n’y a plus eu de problème, car je n’avais plus de raison d’être en relation avec lui. Les seules relations que nous avons eues étaient cordiales. Personne n’a présenté d’excuses, mais les choses sont rentrées dans l’ordre.
Quand cette affaire a éclaté, je n’étais pas du tout étonné. Je me suis toujours dit qu’un jour ou l’autre, il y aurait d’autres problèmes, car il était sujet à cela. Cela m’avait été confirmé par d’autres personnes.
A vous entendre, ça n'était pas très rassurant pour Emmanuel Macron qu'il parte travailler à l'Élysée.
Je ne m’exprimerai pas sur les suites. Je rappelle que je n’étais pas dans l’équipe de campagne. Je n’ai donc pas de jugement à apporter sur ce qu’il aurait ou pas fait, bien ou mal fait. Mais il est clair que c’est une personne qui est sujet aux coups de sang.
Comme je le disais à France Info, il s'agit ici d’un cas assez exceptionnel qui nous permet d'étudier le fonctionnement des institutions et la façon dont des gens peuvent se retrouver en électrons libres dans le système.
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