Gilles-William Goldnadel : « Le meurtrier de Sarah Halimi avait crié Allah Akbar, ça a un sens ! »
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L'islamiste Kobili Traoré, qui avait battu puis défenestré Sarah Halimi à Paris, en avril 2017, pourrait échapper au procès en raison d’un manque de discernement au moment des fait : il avait consommé du cannabis.
Au micro de Boulevard Voltaire, explications de Maître Gilles-William Goldnadel, avocat de la famille de la victime.
L’islamiste qui avait massacré à coup de pied puis défenestré une femme juive de 65 ans en 2017 pourrait échapper au procès en raison de sa consommation massive de cannabis au moment des faits. Le ministère public considère qu’ayant agit sous l’emprise d’une bouffée délirante, il serait donc irresponsable pénalement.
Cela veut-il dire qu’il peut échapper à une sanction pénale ?
Je voudrais d’abord rectifier ce que vous venez de dire. Ce n’est pas le ministère public qui pense cela, mais la juge d’instruction qui a préféré suivre un des experts plutôt que l'autre.
Un premier expert a dit : « la personne dont vous parlez était accessible à un jugement pénal ». Le second expert a lui considéré que, puisqu’il avait pris une dose massive de cannabis, son jugement avait été faussé et ne serait pas accessible à un jugement pénal.
La juge qui a toujours manifesté depuis le début de cette affaire une inertie remarquable, jusqu’à refuser les avocats des partis civiles, a préféré la version des experts qui lui allait le mieux. Puisqu’il était irresponsable pénalement, il ne pouvait être ni islamiste, ni antisémite. On allait donc directement vers l'irresponsabilité pénale. Le parquet a interjeté l'appel de l’ordonnance de la juge d’instruction. A ma grande stupéfaction, le parquet général de la Cour d’appel n’est pas du même avis que le parquet du tribunal. C’est dans ces conditions que nous avons plaider pour la chambre de l’instruction. J’ai fait observer à la chambre d’instruction qu’il y a une jurisprudence de la Cour de Cassation. Elle explique que lorsque deux experts sont d’un avis contraire, c’est à la Cour d’Assise, en matière criminelle, de statuer également sur la question d’irresponsabilité pénale. J’ai bon espoir que la fin funeste que vous avez imaginée ne se réalise pas au regard de cette jurisprudence.
Encore une fois, tout peut arriver. Sur le plan juridique, cela me paraît bien bordé. Sur le plan de l'expertise, c’est comme si demain quelqu’un veut noyer un chagrin d’amour en buvant deux bouteilles de vodka coup sur coup et qu’il écrase un malheureux sur un passage clouté. On dirait que, parce qu’il avait son jugement altéré, il serait inaccessible à un jugement pénal. C’est complètement rocambolesque. Il y a une sorte d’inconscient passif. Je ne sais pas si c’est par idéologie que certain magistrat ont une grande répugnance. Dès l’instant où il y a un crime d’origine islamiste et que vous prononcez Allah akbar, cela a quand même un sens.
Le premier expert avait bien vu qu’il y avait une circonstance antisémite.
Traoré est en pleine forme et sevré. J’ai fait dire à la chambre d’instruction qu’il était accessible au jugement pénal.
Vous pouvez tenir pour sûr que si l’irresponsabilité pénale était définitivement prononcée, le lendemain 9 heures, il sortira de l’hôpital psychiatrique où il se trouve, parce qu’il n’y aurait aucune raison de le conserver. Je vous laisse ensuite imaginer toutes les possibilités de ce qui pourrait se passer lorsqu’il serait libre.
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