Gilles-William Goldnadel : « Toutes les tentatives de nazification, les vieilles ficelles sont éculées jusqu’à la trame »
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Gilles-William Goldnadel vient de publier chez Plon Névroses médiatiques. Pourquoi avoir écrit ce livre ? Réponse de l'auteur au micro de Boulevard Voltaire.
Un entretien décapant…
https://www.youtube.com/watch?v=6pyAS2tA6hU&=&feature=youtu.be
Vous sortez Névroses médiatiques chez Plon. Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Dans ce livre, je m’adresse surtout aux gens qui constatent que le monde est de plus en plus dingue et cinglé, pour parler tout à fait crûment. J’ai voulu leur expliquer comment le monde fonctionnait du point de vue des médias et pour quelle raison il en est ainsi.
Bien entendu, je n’ai jamais cru un seul instant qu’il y ait eu un âge d’or où le monde était fait de gens de raison. L’homme est un animal déraisonnable, largement guidé par ses instincts, parfois même ses bas instincts, et par son inconscient.
Ma thèse est que nous sommes passés dans une autre phase de la folie mondiale en raison des médias, et particulièrement en raison des médias électroniques encore plus que la télévision, qui n’avait certainement pas arrangé les affaires de l’Homme. Je prétends et je soutiens que chaque individu isolé dans son coin, mais interconnecté et interactif médiatiquement en permanence, forme une foule médiatique, avec tous les attributs négatifs que Gustave Le Bon et Sigmund Freud ont attribués aux foules dans Psychologie des foules il y a cent ans. On y retrouve la puérilité, l’excessive sentimentalité, le suivisme panurgien, la quête de quelque chose de religieux ou de para-religieux plutôt que la quête de la vérité…
Dénoncez-vous, finalement, ce brouhaha perpétuel qui provoque la dictature de l’instantané et des réseaux sociaux ?
Je suis beaucoup plus dans la constatation navrée que dans la dénonciation véritable. Mais je parle plus que d’un brouhaha. Je parle de léchage ou de lynchage médiatique en permanence. C’est l’ivresse de la puissance par le nombre et la protection de l’anonymat. On privilégie bien davantage l’émotion au raisonnement.
Est-ce que cet effet de masse est la cause de la défense avec plus de sympathie et plus de hargne par l’opinion des réseaux sociaux des minorités, quelles qu’elles soient ?
Je ne suis pas d’accord. Il faut faire la différence entre l’explication technique et l’explication idéologique.
Prenons un exemple. Il y a cent ans l’homme blanc se considérait comme très supérieur intellectuellement sur l’homme non blanc. Je ne veux pas défendre l’homme blanc absolument, mais supposons, par pure hypothèse intellectuelle un peu absurde, qu’on changeait d’idéologie. Supposons que cette idéologie-là devienne à nouveau dominante. De toute évidence, elle s’imposerait, par les nouveaux moyens techniques et électroniques, avec la même puissance émotionnelle, toutes proportions gardées, que lorsque les foules physiques, fascistes ou nazies, défilaient dans la rue. L’émotion, c’est l’émotion. La foule, c’est la foule.
Il y a, aujourd’hui, une explication technique par laquelle l’« Église cathodique », avec son catéchisme prêchi-prêcha un peu particulier, parvient encore, mais pour combien de temps, à gagner la bataille de l’émotion, alors même que nous avons gagné la bataille des idées depuis pas mal de temps.
Pendant des années, toute autre pensée que la pensée dominante était immédiatement taxée d’extrême droite. On a l’impression que ce paradigme est en train d’évoluer. On voit de plus en plus de discours alternatifs apparaître à la télévision, sur Internet et dans les grands médias… Cette "Église cathodique", comme vous l’appelez, est-elle en train de perdre cette bataille de l’émotion ?
Vous avez raison. Je dis, dans mon livre, que l’idéologie du pseudo-antinazisme devenu fou est peut-être morte. Mais comme un astre éteint, elle continue d’irradier de ses rayons malfaisants. L’« Église cathodique » continue donc d’avoir encore entre les mains les principaux pouvoirs médiatiques. C’est pourquoi elle peut encore gagner quelques batailles de l’émotion.
Regardez comment l’actualité est faite à travers l’affaire des gilets jaunes, par exemple. Toutes les tentatives de nazification, les vieilles ficelles sont éculées jusqu’à la trame. Lorsque monsieur Castaner parle de l’ultra-droite à Paris ou que monsieur Darmanin parle de la peste brune, ça tourne au ridicule. Ce jeu de la réduction ad hitlerum est désormais devenu, pardon de le dire, une machine extraordinaire à détecter le connard. Ça ne marche plus du tout. En 3e ou 4e semaine, ils n’osent même plus utiliser les vieilles ficelles qui, finalement, sont utilisées maintenant pour se pendre eux-mêmes.
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