Giorgia Meloni aux États-Unis : un voyage pour sauver l’Europe ?

Un voyage aux USA qui renforce son aura chez ses soutiens, saluant son dialogue avec Trump sans posture anti-US stérile.
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Giorgia Meloni aura-t-elle gain de cause ? Le 17 avril prochain, le Premier ministre italien s'envolera pour Washington afin de rencontrer Donald Trump, dans un contexte de guerre commerciale imposée par les États-Unis à l’Union européenne (UE). Objectif affiché : faire entendre la voix d’une Europe malmenée par les tarifs douaniers américains qui frappent durement les exportations du Vieux Continent. Alors que Trump, fidèle à sa ligne protectionniste, a déjà instauré des taxes de 20 % sur les biens européens, Meloni semble vouloir jouer les médiatrices, forte de sa relation privilégiée avec le président américain - au moment où les vingt-sept valident une large assiette de marchandises américaines taxées à 25 %. Mais ce déplacement soulève une question cruciale : une seule voix, aussi déterminée soit-elle, peut-elle infléchir la politique de la Maison-Blanche et compenser l’incapacité chronique des dirigeants européens à s’unir face à cette offensive économique ?

Une Europe désunie face à un défi transatlantique

Avant même sa rencontre avec Trump, Meloni propose un plan « zéro pour zéro » sur les tarifs douaniers visant à désamorcer les tensions commerciales, comme l’a rapporté Il Tempo. Cette initiative, coordonnée avec la Commission européenne, mise sur une coopération économique renforcée plutôt que sur une escalade de représailles. Contactée par BV, Susanna Ceccardi, eurodéputée italienne, soutient toutefois cette approche : « L’Europe devrait construire une alliance avec les États-Unis fondée sur le respect mutuel, la coopération économique et la défense des peuples européens. »

Meloni, malgré ses efforts, risque de se heurter à ce mur d’inefficacité collective. Craignant de graves répercussions pour l’économie de son pays, la présidente du Conseil italien a annoncé que 25 milliards d’euros du Plan de relance italien seraient directement injectés pour soutenir les emplois et entreprises italiens. « Notre objectif est d’utiliser la crise pour rendre notre système économique plus productif et compétitif. N’oublions pas que les crises sont toujours une opportunité », martèle, tenace, le chef du gouvernement italien.

Meloni, une voix forte mais isolée ?

En Italie, Giorgia Meloni conserve la confiance de sa base électorale à droite, qui voit en elle une dirigeante pragmatique et déterminée à défendre les intérêts nationaux. Ce voyage aux États-Unis pourrait bien renforcer son aura auprès de ses soutiens, qui saluent sa volonté de dialoguer avec Trump sans céder à une posture anti-américaine stérile. Susanna Ceccardi, issue de la Lega (le parti de Matteo Salvini), loue l’attitude de la dame de fer italienne : « Trump, Musk, J.D. Vance, Bannon : ce sont des personnalités qui, chacune à leur manière, ont contribué à changer le paradigme. Et nous, en Europe, nous faisons notre part. » Une manière de souligner que Meloni s’inscrit dans une mouvance globale, sans pour autant s’aligner aveuglément sur Washington.

Mais ce pari diplomatique pourrait aussi exposer ses limites. Afroditi Latinopoulou, eurodéputée grecque issue de la délégation pour les relations avec les États-Unis, n’est pas avare de critiques envers l’UE. L’élue, issue du groupe Patriotes pour l’Europe, nous confie rejoindre Trump sur un point : « Il n’a pas tort lorsqu’il qualifie l’UE de géant économique en faillite [dont la] bureaucratie [est] dépassée [et] obsédée par l’idéologie verte. » Si Meloni parvient à arracher des concessions, elle pourrait redorer le blason d’une Europe vacillante. Sinon, son initiative risque de n’être qu’un coup d’épée dans l’eau, soulignant cruellement l’isolement de l’Italie - et plus largement la faiblesse de l’UE - face à un partenaire américain intransigeant.

Vos commentaires

41 commentaires

  1. Elle aura ce qu’elle pourra et pour qui elle pourra, en tous les cas bravo à elle pour monter au front, ce n’est pas notre « va-t-en-guerre » d’opérette qui s’y colle. Lui, il s’occupe de la Palestine, chacun ses combats…

  2. Les 35 heures, une pression fiscale championne du monde, l’imposition du capital, un syndicalisme abruti par les slogans du passé, une monnaie sans doute trop forte pour notre efficacité, une politique sociale particulièrement onéreuse, la désindustrialisation qui résulte de la politique des 50 dernières années nous rend presque insensibles à l’accroissement des droits de douane états-uniens. Merci la gauche pour nous avoir remis sur le chemin des cavernes !

  3. La stratégie de Trump, 78 ans, est de démanteler l’OMC qui est coupable du nouvel ordre mondial, du transfert des industries et du savoir-faire occidental en Asie, de l’émergence de multiples multi-milliardaires en occident, de l’´appauvrissement de milliards d’autres, avec chômage, émigration, délinquance, le développement du wokisme qui ne croit en rien. Voilà le fond de l’affaire,. La forme fait du bruit, mais c’est de l’écume.

  4. TRUMP aime « bien » les petites blondes ( ? ) ! …
    Y aura t-il un show télévisuel de leur entretien ? …
    Est ce qu’il va lui dire devant des millions de personnes : « Vous, vous en avez « une belle paire » et donc je vous respecte et donc « POUR l’Italie, il y aura une taxe douanière revue à la baisse … »
    Il va tout faire pour faire « imploser l’UE » et c’est très bien comme ça ! …
    Je suis impatient de voir aussi un entretien entre Mr MUSK et VANCE avec la VDL ! …

  5. Trump fait tout simplement du business, et surtout il veut réindustrialiser les US et aussi faire en sorte que les 10 magnifiques paient leurs impôts aux US, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, en définitive le plan de Trump est plus dirigé contres les grandes entreprises US que contre le reste du monde.

    • On ne peut pas reprocher à Trump de défendre les intérêts de son pays, notre tête de noeud, ne défend pas les intérêts de la France, mais de l’Allemagne pour avoir à tout prix le pose de VDL, ce fossoyeur est prêt à tout pour sacrifier notre pays ! L’Italie ne défend aussi que ses intérêts, tout comme l’Allemagne, chacun défend sa chapelle, l’Europe nous impose des normes, des règlements imbéciles mais dès qu’il s’agit des intérêts du pays, il n’y a plus d’Europe solidaire . Lamentable

      • l’Europe n’a jamais été unie mais elle avançait cahin caha. Protégée par les américains elle pouvait se lancer dans ces mesures démagogues migratoires et ecologiques. Mais le bulldozer Trump est venu rebattre les cartes et elle se trouvait fort démunie t’elle la cigale de Jean la Fontaine. Maintenant elle danse dans ‘le vide.

  6. Comment Meloni pourra-t-elle défendre une europe qui présente une posture anti US stérile ?
    Cette fumeuse europe n’a qu’un mot dans son vocabulaire : sanctions ! Avec ça il n’y a pas de quoi allez très loin !!!
    Qu’elle défende son beefsteak, ça elle le fera très bien pour le bonheur des italiens…

  7. Il n’y a pas de raison que Georgia Meloni paie de sa personne pour l’UE. Si Trump accède à sa demande — et rien n’est écrit — je pense que ça ne concernera QUE l’Italie et pas l’UE ni, donc, la France, pour laquelle Macron 1er ne se mouillera pas. C’est sa feuille de route qui le lui dicte.

  8. Trump est un malin, il se comporte comme un patron pour les USA,. Il crie fort pour diviser les autres pour qu’ils viennent individuellement sauver « leurs meubles », et ensuite il négocie avec et comme il a dit « c’est de la haute couture ». Les bourses remontent , en moins d’une semaine des fortunes se sont crées !

  9. Meloni doit aller voir Trump pour l’Italie, pas pour l’UE. Surtout pas pour l’UE! J’espère que Trump va baisser à 10%, ou moins, les droit de douanes pour l’Italie ; histoire de mettre un peu plus le boxon dans cette UE dégénérée.

      • Ca se fera peut-être, tant les médias aiment bien les gens qui tiennent tête à Trump ou font mine de se moquer de lui, et ce sont les médias souvent de gauche. Poutine est déjà apprécié, et un journal parmi les plus gauchistes, celui du soir à Bruxelles, évoque le Chinois Xi comme étant un résistant face à Donald, il est le  » Président chinois ». En cas de guerre Chine-USA le journal sait qui il va soutenir, ou alors c’est bien imité.

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