Giorgia Meloni signe un accord avec l’Albanie pour y délocaliser les migrants

meloni

À l’occasion de la visite, à Rome, du Premier ministre albanais Edi Rama, et à la surprise générale, l’Italie et l’Albanie viennent de signer un accord pour la création, sur le territoire albanais, de centres d’accueil et de gestion des migrants arrivés en Italie. Ces derniers seront donc délocalisés en Albanie, qui ne fait pas partie de l’Union européenne.

Des structures opérationnelles au printemps 2024

Cet accord « historique et innovant », selon les mots d’Edi Rama, prévoit que les migrants recueillis en mer seront débarqués en Albanie dans le port de Shengjin, où ils seront identifiés et dépistés. Puis leurs dossiers seront étudiés et « grâce aux procédures accélérées voulues par ce gouvernement, qui permettent de traiter les demandes d’accueil dans les 28 jours, le flux sera d’environ 36.000 personnes par an », explique Giorgia Meloni. Les déboutés du droit d’asile seront transférés dans un centre équivalent aux CPR italiens (centres de rétention et de rapatriement). Ces structures devront être opérationnelles au printemps 2024.

Ces structures ne concernent que les clandestins recueillis par les navires des gardes-côtes italiens, donc pas ceux qui arrivent en Italie sur les bateaux des ONG (qui recueillent 16 % des clandestins en mer). Les gardes-côtes italiens se rendraient donc directement en Albanie, sans passer par la case « Italie », donc par l'Union européenne. Enfin, ni les femmes, ni les enfants, ni les personnes vulnérables ne seront transférés en Albanie.

Ce modèle d’accord entre l’Italie et l’Albanie (qui aspire à intégrer l'Union européenne) a été élaboré sur le modèle de ce que Rishi Sunak voulait faire avec le Rwanda. La bonne volonté albanaise est liée, entre autres, au soutien par l’Italie de la candidature albanaise pour intégrer l’Union européenne. Le protocole « dessine le cadre politique et juridique de la collaboration », a déclaré Giorgia Meloni. Les deux centres d’accueil seront sous juridiction italienne, financés par l’Italie mais sous la surveillance extérieure de la police albanaise.

La gauche crie au scandale

De nombreux ajustements juridiques devront être faits, sur lesquels doit maintenant plancher le ministère de l’Intérieur italien. Bien sûr, la gauche crie au scandale et s’active à dynamiter le protocole - « une vraie déportation », dit-elle - comme elle avait tenté de le faire avec l’accord signé avec la Tunisie. Elle reprochait à la présidente du Conseil italien de renoncer à modifier les accords de Dublin pour éviter ainsi d’aborder le thème de la redistribution des migrants à laquelle sont hostiles la Pologne et la Hongrie.

Selon Peppe Provenzano, du Parti démocrate (gauche), cet accord est « au mieux une pagaille, au pire une violation de droits. Mais la "doctrine" Meloni est claire : renoncement dans l’UE à changer Dublin (pour ne pas déranger les amis nationalistes) et accords indignes qui ne fonctionnent même pas comme en Tunisie », écrit le Corriere della Sera. De son côté, Riccardo Magi, Secrétaire général de +Europa (Gauche), parle de « Guantanamo à l’italienne, où il n’y aura pas de possibilité de contrôler l’état de détention des personnes enfermées. C’est un accord illégitime, nous ne pouvons pas transporter hors de l’UE des personnes sauvées en mer » (Libero quotidiano).

Cet accord, dont on ne sait s’il pourra maintenir ses promesses, aura au moins l’avantage d’avoir un effet dissuasif sur les trafics d’êtres humains : un clandestin débouté du droit d’asile pourra plus difficilement se rendre de Tirana à Paris ou Berlin que de Rome. Il semblerait qu’Ursula von der Leyen ait été informée des tractations entre l’Italie et l’Albanie qui se déroulent dans la plus grande discrétion depuis le mois d’août dernier. On attend avec impatience la réaction de la Commission européenne et de la CEDH…

Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

Vos commentaires

60 commentaires

  1. En théorie, cela peut paraître une bonne idée. Mais dans la réalité, qui va s’assurer que ces clandestins, une fois arrivés en Albanie, ne vont pas prendre la poudre d’escampette et débouler chez nous ? Personne. Je note, par ailleurs, que l’Italie s’engage à soutenir l’entrée de l’Albanie – pays aussi corrompu que l’Ukraine, c’est dire – dans l’UE. Voilà qui promet des lendemains qui chantent. Sauf si la France décide de quitter le cloaque européen, mais ça, c’est une autre paire de manches …

  2. Que de la com, comme Macron. « ni les femmes, ni les enfants, ni les personnes vulnérables », ni les « mineurs isolés, ni « ceux qui arrivent en Italie sur les bateaux des ONG ». Et puis l’Albanie verra sa candidature appuyée par l’Italie pour rejoindre l’UE. Pour appeler un chat un chat , c’est une trahison de ses électeurs, comme Sarko.

    • Vous avez raison, ce n’est qu’une opération « poudre aux yeux » de la part de cette européiste et otanesque forcenée.

    • Bien vu. De la com, encore de la com, toujours de la com. La « macronisation » de Meloni est impressionnante.

    • Remarque tout à fait pertinente. Comme quoi, lorsque le « mainstream » prend la porte, il revient par la fenêtre.

    • Absolument d’accord avec vous. C’est très certainement le résultat du bourrage de crâne dont nous sommes tous l’objet. A force de lire ou d’entendre ces mots impropres à décrire la réalité, on finit par les adopter sans s’en rendre compte.

  3. Pourquoi la gauche crie-t-elle au scandale ? Pourquoi des clandestins seraient légitimes à aller en Italie plutôt qu’en Albanie ? L’Italie ne leur doit rien. Cette gauche montre là qu’elle méprise les peuples, son propre peuple en l’occurrence, et leur souveraineté démocratique. Cette gauche, excessive, tend vers la dictature, le fascisme, vers l’extrême gauche.

  4. Meloni est une très intelligente manœuvrière. Le gouvernement de gauche du Danemark a l’intention de sous-traiter l’accueil des demandeurs d’asile au Rwanda, mais la gauche ne dit rien. L’accord tant avec la Tunisie qu’avec l’Albanie est bien plus malin. Le 9 juin 2024 votons pour les partis patriotes qui, avec les Italiens et tous les autres pays patriotes, formeront la nouvelle majorité qui nous libérera des islamo-gauchistes-wokistes-verts, alliés avec la finance internationale et la corruption (Ursula).

  5. au moins Giorgia Méloni se bouge pour son pays ! Bravo Madame ! et bien sur , les gauchiste ne sont pas d’accord !

  6. J’aime bien, façon de parler, « le Parti démocrate (gauche) »…
    Comment peut-on être « démocrate » et en même temps « de gauche » ?
    C’est ça le gauchisme, on se cache derrière le mot « démocratie » afin de faire croire qu’on l’est.
    La gauche en général et même en particulier c’est tout sauf la démocratie, autrement ça se saurait.
    Bonne chance à Meloni car l’Albanie n’est pas un modèle de « démocratie », la mafia y règne en maître, la Grèce qui en paie les conséquences dans certaines de ses îles, voit cette mafia qui vient concurrencer la sienne d’un très mauvais œil.

  7. Si la gauche qui n’est en rien concerné par un accord Italo-Albanais c’est que c’est une bonne chose forcément. Par contre un détail à ne pas oublier c’est que tout ces immigrés qui ne viendraient pas directement en France de l’Italie, principal fournisseur de l’électorat LFI et CO, c’est par la même pour cette gauche un grave manque d’électorat potentiel pour bientôt.

  8. Sans sortie de l’UE aucun espoir ce ne seront que des mesures cosmétiques. De plus avec l’arrivée de l’Albanie dans l’union un conseil rangez vos femmes, attachez bien vos portefeuilles dans la doublure et faites installer des alarmes sur vos véhicules. Bon courage .

    • Cet accord est un cheval de Troie ! Condition sine qua non, l’Albanie, pays à majorité musulmane, intégrerait l’Europe, si j’ai bien compris, les migrants pourront donc circuler dans toute l’Europe ?

    • Un entourloupe supplémentaire avec comme bonus la facilitation de l’entrée dans l’UE de l’Albanie.
      Il n’y a pas trente-six façons de réduire le flux migratoire : rétablir les frontières et, en tout cas pour ce qui concerne la France, cesser de distribuer des allocations.
      Quand les Etats vont-ils arrêter de tourner autour du pot ?

  9. La commission européenne tout comme la CEDH de Soros, aiment les migrants, mais je gage que Von der Leyen en a très peu dans son manoir.

  10. Mais en voilà une bonne idée sauf que toutes les associations qui se sucrent sur le dos des migrants ne vont pas tarder à crier au loup , sans oublier les gauchos qui ne pensent qu’à leurs électeurs .

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois