Glyphosate, le faux débat
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Les discussions autour de la toxicité de la célèbre molécule sont complexes. C’est sans doute la raison pour laquelle les médias privilégient polémiques et discours anxiogène.
Le récent procès ayant permis la victoire d’un agriculteur atteint d’un cancer en est le produit. Remportée sans preuve de lien de causalité prouvant sa nocivité, il s’agit d’un déclin de la science au profit d’avocats. Mais on le sait, la vérité est « plus lente que le mensonge », surtout en matière scientifique. Selon une étude du magazine 60 millions de consommateurs, trois bières sur quatre parmi une sélection des plus vendues en grandes surfaces "présentent des résidus de pesticides".
En un titre, il y a une « information » politiquement correcte et un sujet de conversation. Les résultats qui pourraient "rassurer l’amateur de bière" ne sont pas vraiment mis en avant. Les valeurs de glyphosate retrouvées dans 25 bières "s’avèrent très faibles" et "il faudrait boire 2.000 litres par jour pour dépasser la dose journalière admissible".
Autant dire que le risque est pratiquement inexistant. Mais le discours anxiogène relayé par les médias concernant le glyphosate perdure. En juin dernier, l’AFP diffusait une dépêche, largement reprise par la presse « sérieuse », annonçant l’ouverture d’une enquête après la découverte de glyphosate dans le miel d’un apiculteur de l’Aisne. Une procédure normale dès lors qu’il y a dépôt de plainte, comme le rappelle l’ingénieur agronome André Heitz. Du coup, "qu’une enquête préliminaire soit ainsi ouverte n’est donc en aucun cas “une première”, ni la manifestation du fait “qu’on prenne cette affaire au sérieux”", comme l’avaient affirmé l’apiculteur et l’avocat du syndicat apicole de l’Aisne.
Dans l’émission « Les Idées claires », Robert Barouki, professeur de biochimie et directeur d’une unité INSERM de toxicologie, exprimait "la difficulté d’émettre un avis scientifique sur le glyphosate".
Car les travaux sur le glyphosate sont "scientifiquement difficiles", prévient-il. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a évalué le danger du glyphosate et non le risque. Autrement dit, il s’est demandé si, "dans l’absolu, ce produit peut être cancérigène", explique le professeur Barouki. Pour réaliser cette étude, l’exposition réelle des populations n’a pas été prise en compte. D’autres, comme l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA), ont étudié les risques liés à son utilisation, c’est-à-dire "le danger du produit couplé à l’exposition". Ils se sont donc demandé "si les doses présentes dans l’alimentation suffisent à entraîner une toxicité chez l’homme". Leur conclusion : lorsque les limites autorisées sont respectées, le glyphosate n’est pas cancérogène. Cela dit, si vous êtes capable de boire 2.000 litres de bière par jour, la présence ou non de glyphosate dans votre verre importe peu.
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