Gouvernement : incapable de diminuer le déficit !

BERCY

Alors que l’ensemble de la zone euro (hors la France et l’Allemagne) a, en moyenne, réussi, en cinq ans, à baisser de 9 points du PIB la dette publique, la nôtre a continué de filer, pour atteindre 98,8 % du PIB, en décembre dernier. Notre déficit budgétaire a été de 3,1 % en 2019, mais ce chiffre est à moduler : du fait du CICE, 20 milliards d’euros d'allègements de charges ont été comptés deux fois. Hors cette dépense conjoncturelle, notre déficit ne serait que de 2,3 %, en 2019, contre 2,5 %, en 2018, et 2,8 %, en 2017. Il est prévu à 2,2 %, en 2020, avec une dette de 98,7 % du PIB, en 2020. La Cour des comptes, citée par le Point, s’alarme de l’arrêt du redressement de nos finances.

En effet, par rapport aux prévisions faites en 2017, nos finances dérapent, en 2019, de 0,55 % : 0,25 % du fait d’une maîtrise insuffisante des dépenses et 0,3 % de baisses d’impôts non prévues. L’équilibre du budget, pour 2022, annoncé en 2017, ne se produira pas. L’action des gilets jaunes a conduit le gouvernement à lâcher 21,4 milliards de baisses d’impôts supplémentaires (gel de la taxe carbone 6,8 milliards, exonération des heures supplémentaires 2,1 milliards, chèque énergie 1 milliard, annulation de la hausse de la CSG pour les petites retraites 1,1 milliard, hausse de la prime d’activité 4,2 milliards, indexation des petites pensions 1 milliard, baisse de l’impôt sur le revenu 5 milliards) compensés, en partie, par 4,1 milliards d’impôts nouveaux. En outre, la dépense publique a augmenté plus vite en 2019 qu’en 2018 (22 milliards), soit une augmentation de 1,7 %, en 2019, contre 1,4 %, en 2018. Ce qui est inquiétant, c’est que ce résultat de 1,7 % a été facilité par la baisse de 4,4 milliards des intérêts de la dette et par la fin du remboursement d’une taxe indûment perçue (3 milliards). Pour finir, si ces deux éléments favorables ne s’étaient pas produits, la dépense publique aurait filé de 2,4 %, ce qui est excessif, l’inflation étant à 1,5 % ! M. Macron est vraiment un très mauvais gestionnaire.

En 2020, les dépenses devraient encore filer de 1,7 % selon les prévisions, mais celles-ci sont très optimistes et un dérapage important est plus que probable ; même le coronavirus n’a aucun effet sur nos finances et si aucune crise économique cataclysmique ne se produit. En effet, si la baisse des taux d’intérêt (qui sont négatifs) va sans doute encore s’accentuer, rien ne dit que la participation de la France au budget de l’Union européenne n’augmentera pas avec le Brexit.

Par ailleurs, les prévisions de dépenses de santé sont jugées « optimistes » par les sages de la Cour des comptes, les économies prévues semblant irréalistes. Les prestations vieillesse vont augmenter, en 2020, de 2,8 %, après 2,5 %, en 2019, et les réformes successives ne freinent plus les départs en retraite. Quant aux collectivités locales, qui se sont montrées très sages, ces dernières années, elles risquent d’augmenter à nouveau leurs dépenses.

Dans sa réponse à la Cour des comptes, Bercy prétend que le gouvernement consolidera le redressement de nos comptes, mais sans indiquer par quels moyens il espère y arriver. En fait, il n’en existe aucun, sauf à réduire drastiquement le nombre de fonctionnaires dans les secteurs où ils sont en surnombre.

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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