GPA : la politique des petits pas
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Les députés ont rejeté, le 9 septembre, la reconnaissance des enfants nés par GPA à l’étranger. Ne soyons pas dupes, toutefois, de la politique des petits pas de la jurisprudence. Dans son discours solennel à la Cour européenne des droits de l’homme, en 2015, le président Dean Spielmann affirmait que « la CEDH impos[ait] à l’Europe, progressivement, la GPA, selon un rythme voulu par la Cour : celui, polyrythmique, de la Danse sacrale de Stravinski ». Avec la reconnaissance, dernièrement, par la Cour de cassation, d’une GPA d’enfants nés à l’étranger, se réalise la prophétie « de réduire à néant non seulement la faculté pour les États d’interdire la GPA mais la légitimité d’un tel choix législatif ».
Deux pas en avant, un pas en arrière. On lance la GPA, on se rétracte. La GPA est la « ligne rouge infranchissable » mais on n’a pas le droit de « punir les enfants ». On réaffirme la « doctrine » de ne pas « retranscrire automatiquement » les naissances d’enfants nés à l’étranger. On rappelle à l’envi l’hostilité du Président à la GPA. L’important est que la victoire des époux Menesson « du droit sur la morale » soit « emblématique ». Qu’elle « fasse jurisprudence ». Ainsi s’installe la casuistique dans les cours de justice. Madame le garde des Sceaux va veiller à l’harmonisation des cours. Pourquoi la circulaire Taubira du 25 janvier 2013 ne suffisait-elle pas ? Parce qu’une circulaire n’est pas une loi. On voit venir la chose : pas forcément facile. Mais les nouveaux jésuites, au toupet d’hermine, ont, pour leurs semblables, une charité de Samaritains. Décidément, l’ère Taubira bat son plein.
Les féministes sont sensibles à l’esclavage des femmes. Et celui des hommes se prostituant pour avoir de l’argent ? Personne n’a vu de documentaires sur le sujet ? M. Puppinck a eu le courage, lui, de rappeler, le 6 octobre, devant le Sénat : « Personne ne peut souhaiter être issu d’un inconnu qui se masturbe devant un film porno dans une banque de sperme. » Le collectif CoRe, dont fait partie Sylviane Agacinski, milite pour l’abolition universelle de la GPA sans voir que PMA et GPA relèvent de la même marchandisation du corps.
Séparer la PMA de la GPA a favorisé la politique des petits pas imposée par la CEDH. À force d’émietter corps et pensée, on a tout fait voler en éclats. Certes, une femme porte neuf mois. Mais un homme n’est pas qu’un tireur, fût-il d’élite, à 10.000 euros le coup. Il porte en lui une filiation. Les acronymes abstraits pour désigner et fragmenter la procréation furent une façon d’exacerber l’exclusion des sexes en la dissimulant. Avec l’exclusion du père séparateur et l’ère des femmes, l’air du temps est devenu irrespirable.
La beauté de l’union charnelle nous échappe dramatiquement avec sa douce violence. Le verbe aimer est devenu tabou. Revient en mémoire la fin de L’Amour fou, d’André Breton, quand le poète dit à sa fille Écusette de Noireuil : « Je vous souhaite d’être follement aimée. » Ce verbe du premier groupe est-il devenu si difficile à conjuguer ?
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