GPA : le rachat de son propre enfant
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L’histoire de la gestation pour autrui de Jessica Allen défraye la chronique. Cette gestatrice d’un enfant pour compte de tiers a signé un contrat de GPA de 30.000 dollars au bénéfice d’un couple de Chinois, les Liu (ce n’est pas leur vrai nom), organisé via une agence, Omega Family Global. Un embryon est implanté en elle. Elle est autorisée par le médecin ayant procédé à la FIV à reprendre une activité sexuelle. Surviennent deux improbables événements. Sa grossesse ne met pas fin à l’ovulation lors du cycle suivant (la superfétation, c’est un phénomène rare) et le préservatif utilisé par son compagnon n’empêche pas la fécondation de son ovule. L’échographie révèle à Jessica Allen qu’elle est enceinte de deux enfants. Les Liu paient un bonus de 5.000 dollars : tout le monde pense qu’il s’agit de jumeaux homozygotes, issus d’un seul ovule et un seul spermatozoïde.
Elle donne naissance par césarienne à deux garçons, Mike et Max, mais elle ne voit pas les bébés qui sont aussitôt confiés aux Liu. Puis elle reçoit des photos où les enfants ne se ressemblent pas. Un test ADN est fait, qui montre que Mike est issu des Liu, et Max de Jessica et son compagnon. Les Liu ne veulent plus de Max et souhaitent l’abandonner, mais ils en sont les parents pour l’état civil. Ils espèrent un dédommagement de la part de la gestatrice, à hauteur de 20.000 dollars ± 10 %. L’agence s’occupe de Max et réclame 7.000 dollars au couple pour ses frais et tracas, et elle cherche à faire adopter Max par un couple plus solvable qui permettra de dédommager les Liu. Le couple engage un avocat. L’agence parvient à réduire à zéro l’ardoise du couple envers les Liu et/ou s’y substitue sur ses fonds propres. Neuf mois après sa naissance, Jessica récupère son enfant sur un parking. Les montants d’éventuels transferts d’argent ne sont pas publics et l’agence conteste cette version des faits mais se réfugie derrière le secret médical et celui des transactions pour ne rien dire de plus. Max est renommé Malachi et vit dans sa fratrie entouré de l’amour de ses parents. C’est le "happy end" qui met fin aux bonnes histoires américaines !
Si le sordide de cette narration ne vous a pas fait fermer la page avant cette ligne, si vous n’avez plus rien à vomir, je peux vous infliger mes commentaires lapidaires, si tant est qu’ils soient nécessaires.
La gestation pour autrui est bien un esclavage en ce qu’elle chosifie l’enfant : il devient l’objet d’un contrat commercial, un simple élément du patrimoine dans un inventaire, sur lequel une valeur monétaire peut être posée. Résurgence d’un passé où le maître décidait de la vie sexuelle de ses esclaves, elle réduit la liberté de faire l’amour dans un couple qui devient soumise à des clauses de contrat et des accords de tiers.
Accoler « gestation pour autrui » avec « éthique » fabrique un oxymore et relève de l’idéologie consumériste la plus vile, mais ce produit frelaté nous sera encore proposé dans l’arrière-boutique, à l’étranger. Les désirs d’enfants sont certes légitimes, mais ne justifient pas toutes les transgressions. N’en déplaise à certains histrions médiatiques qui voudraient organiser des « loteries » aux enfants, la filiation, c’est essentiel. Et surtout, le prochain débat sur la PMA sans père doit mobiliser toutes les énergies pour ne pas être un cheval de Troie de la GPA, au non de la sacro-sainte et bien critiquable égalité.
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