Grand format : Génération.s Trappes !
Les un peu plus de 32.000 habitants de Trappes voient, depuis plus de 24 heures, un prof de philosophie, Didier Lemaire, faire le tour des plateaux de télévision pour dénoncer l’islamisme rampant dans les rues de sa ville.
Fervent défenseur de la laïcité, le professeur de philosophie Didier Lemaire publie une lettre, le 1er novembre 2020, en soutien à son collègue Samuel Paty, assassiné quelques jours plus tôt. À titre de précaution et même si aucune menace n'a été clairement caractérisée, une surveillance de police « dynamique » - c'est le mot de la préfecture - a été organisée autour de son établissement. Quelques semaines plus tard, il intervient dans le reportage d'une équipe de télévision néerlandaise. Une des journalistes rapporte alors que des menaces auraient été proférées à son encontre dans la rue, mais là encore, le ou les auteurs ne sont pas identifiés. Face à cela, même si la surveillance policière a été renforcée autour de l'établissement, le professeur avoue avoir peur à chaque fois qu'il sort de chez lui, il se dit résigné à changer de métier. Déclarant avoir reçu le soutien du rectorat, mais pas celui de ses collègues ni de la mairie de Trappes, il a largement dénoncé l’attitude du maire de Trappes, Ali Rabeh. L’actuel édile, ancien adjoint du maire précédent, a pour sa part annoncé vouloir porter plainte contre Didier Lemaire, déclarant que « prévenu par la journaliste néerlandaise, [il] aurait lui-même alerté la préfecture ». De fait, d'aucuns s'accordent à lui reconnaître plus de volontarisme que le maire précédent dans le domaine de la lutte contre l'islamisme.
Mais il est apparenté au mouvement de Benoît Hamon, ce qui ne plaide pas pour lui. Benoît Hamon qui n’a, pour l’heure, pas communiqué.
Trappes, la vitrine de Benoît Hamon
L’ancien candidat PS aux présidentielles a, en effet, régulièrement des positions flirtant avec les communautarismes. Durant la primaire socialiste, l’entourage de Manuel Valls avait attaqué Hamon sur cette ligne : « Maintenant, il faut faire le choix entre les valeurs républicaines et le communautarisme », avait publié, sur Facebook, Sébastien Gros, l'ancien chef de cabinet de Matignon.
Lundi soir, c'est l'ancien député Malek Boutih qui estimait que « Benoît Hamon a peur de dire un certain nombre de vérités par rapport aux communautaristes ». En janvier 2017, Manuel Valls lui-même avait jugé, sur France Info, que « oui, il y a des ambiguïtés, il y a des risques d'accommodement de sa part » avec l'islamisme radical.
En cause une interview donnée par Benoît Hamon à l’époque du scandale des bars non mixtes de Sevran. Ce dernier avait éludé en… embrayant sur les cafés ouvriers « où on voyait peu de femmes ». Tout un programme pour celui qui a fait de Trappes sa vitrine politique. Quant au coordinateur national de Génération.s (étiquette politique de la mairie) Benjamin Lucas, il affiche son soutien au maire de Trappes en pointant du doigt le soutien du président du Printemps pépublicain Amine El Khatmi, l’accusant de « lancer la fachosphère et son cortège de haine et de menaces contre Ali Rabeh ».
La chape de plomb trappiste
Du côté de la préfecture, si l'on prend la situation au sérieux, on précise que, pour le moment, il n'y a pas de menace identifiée. Plutôt que de parler de « protection policière », comme Didier Lemaire, on évoque des rondes.
Didier Lemaire a-t-il surréagi ? En tout cas, l'épisode fait parler de Trappes, une ville française réputée gangrenée par l’islamisme. Il est vrai que Trappes est tristement célèbre pour son nombre de départs pour Daech, et les élections municipales s'y sont déroulées sur fond de tension communautaire. Le candidat malheureux de droite, Othman Nasrou, avait d’ailleurs déclaré, lors du premier conseil municipal entérinant l’élection du maire Ali Rabeh : « Des gens ont mélangé politique et religion, un tract m'a qualifié d'islamophobe. Je suis révolté, ces méthodes sont indignes et n'ont pas leur place dans un combat politique. » Le jeune élu, protégé de Valérie Pécresse,et vice-président à la région, avait par ailleurs déposé un recours qui a fonctionné, puisque le tribunal administratif a annulé l’élection du maire « Génération.s ».
Exclu : une autre affaire à Trappes ?
Et il suffit de fouiller pour trouver d’autres affaires analogues. Ainsi, un habitant de Trappes, Kamel L., au casier judiciaire déjà chargé, a dénoncé, sur Facebook, un cours de SVT où l’enseignante aurait illustré une séquence consacrée à l’évolution avec le rappeur Soprano entouré d’un chimpanzé et d’un homme préhistorique. Selon lui, le propos serait raciste et comparerait un Noir à un animal. Si les posts incriminés ont fait l’objet d’un mea culpa de l’intéressée, l’affaire a été tellement loin que la prof concernée ne souhaiterait plus reprendre ses cours dans l’établissement. Rappelons que l’affaire Paty a commencé avec une dénonciation sur Facebook. Si Kamel L. a admis s’être emporté sans raison et a lancé un appel au calme, les forces de l’ordre prendraient l’affaire au sérieux.
Une ville parmi d’autres
Les habitants de Trappes vivent mal la stigmatisation qui est faite depuis plusieurs semaines. Et, dans un sens, ils ont raison. Pourquoi mettre Trappes en avant ? Pourquoi pas Les Ulis, Aulnay, Argenteuil, Aubervilliers, Nantes, Grenoble, Dijon, Sevran ? Pourquoi pas la totalité des villes françaises gangrenées par les tensions islamistes, l’explosion des guerres de bandes et de l’insécurité ?
Trappes n’est pas une exception, Trappes est un symbole de ces villes françaises abandonnées depuis bien longtemps et soumises aux calculs électoraux laissant le communautarisme s’installer, villes aux édiles préférant « dealer » le calme à grand renfort de subventions d’associations plus ou moins réelles.
Est-ce que Didier Lemaire a exagéré le danger qui pèserait sur lui ? Le débat ne saurait se placer là. Le vrai scandale étant qu’un soutien à Samuel Paty exprimé publiquement est, aujourd’hui, comparé à une provocation. Depuis plus de 24 heures, les commentaires affluent comme si la plupart des politiques tombaient de leurs chaises en apprenant que certaines villes subissaient un séparatisme de facto. Une situation qui rend d’autant plus absurdes les envolées lyriques de certains députés LREM et LFI sur la communion, le voile de la mariée et le danger que représentent les « évangélistes ».
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