Grande nouvelle : Aurore Bergé ne remet pas en cause le droit des hétérosexuels à faire des enfants !

Aurore Bergé

Au début, ce jeudi 3 octobre 2019, notre voltairienne rédaction, sceptique par nature, a cru à une « fake news », lorsque voyant passer ce tweet signé #PLJBioéthique#DirectAN et relayant les déclarations d’une Aurore Bergé bien connue de nos lecteurs : « Ni dans ce projet de loi, ni aujourd’hui, ni demain, nous n’empêcherons quelconques parents hétérosexuels de vouloir concevoir un enfant de manière charnelle, assure @auroreberge (LaREM). »

Vérification faite, ce n’était pas du pipeau, ces propos ayant bel et bien été tenus à l’Assemblée nationale par la députée de la 10e circonscription des Yvelines et, accessoirement, chargée de la « riposte » au sein du parti présidentiel dont elle est également porte-parole.

À défaut de « fake news », s’agissait-il alors d’humour ? À en juger de la vidéo, il est à croire que non, à moins, évidemment, qu’il ne s’agisse d’humour involontaire. Ainsi, Aurore Bergé : « Nous répondons oui à l’égalité et je pense que c’est important, sans rien altérer du droit existant pour les parents hétérosexuels. »

Tout d’abord, quelle drôle de façon de voir la vie, comme si cette dernière n’était qu’addition de « droits ». Pour commencer, des « parents hétérosexuels », c’est un peu la norme en la matière depuis la nuit des temps ; autrement, cette dame ne serait pas là pour en parler. Ensuite, que l’homme et la femme se rapprochent dans l’alcôve conjugale ne relève en aucune manière d’on ne sait quel droit. Ça s’appelle l’amour, éternel grand absent du vocabulaire féministe et gay-friendly : la preuve en est qu’on le fait volontiers avec l’être aimé. Et qu’à force de ne faire qu’un à deux, on se retrouve à trois, ou plus. Ça s’appelle un heureux événement. Bonne nouvelle : il paraît que cela serait encore permis. Aurore Bergé est décidément trop bonne avec ces hétérosexuels arriérés formant - pour combien de temps ? - la majeure partie de la population française ; une forte minorité, donc.

Ensuite, on apprend ceci : « Nous permettrons seulement à plus de Français de créer des familles et nous permettrons à plus d’enfants de voir leur filiation sécurisée. » Le pire est que c’est dit sans rire. Déjà, on ne « crée » pas une famille, on la fonde. Puis, entre « Parent 1 » et « Parent 2 », « maman et maman », « papa et papa », la « filiation sécurisée » de l’infortuné enfant à naître sera peut-être délicate à déterminer.

Là où l’humour se fait encore plus involontaire, voire grinçant, c’est qu’Aurore Bergé est l’élue d’une des circonscriptions les plus catholiques de France : celle de Rambouillet, fief de Christine Boutin et de son dauphin, Jean-Frédéric Poisson, par les soins d’Aurore Bergé humilié sévèrement, lors des élections législatives d’il y a deux ans. Et le tout avec le soutien d’Alain Juppé. Quelle farce !

Aurore Bergé, Versaillaise qui adhère à l’UMP devant le péril lepéniste, en avril 2002, et qui, très logiquement, épouse dans la foulée un député socialiste, Nicolas Bays. Tout aussi logiquement, cette proche de Valérie Pécresse soutient François Fillon, lors de la présidentielle de 2017, avant, et ce, encore plus logiquement, de rallier Emmanuel Macron. Une fois encore, la bourgeoisie de droite ne pouvait que plébisciter l’une des siennes : quand on voit les résultats électoraux des dernières élections européennes dans le Grand Ouest parisien, bastion du conservatisme libéral et catholique, il y a effectivement de quoi rire, humour involontaire ou pas.

Voilà qui ne donne pas précisément envie de faire l’union des droites… Surtout avec cette droite-là dont les seules valeurs semblent être celles qu’on cote en Bourse.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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