Grèce : quand Tsípras met son pays à l’encan…
3 minutes de lecture
« La Grèce est-elle à vendre ? », écrivions-nous l’année dernière, inquiet des menaces de privatisation qui pèsent sur les trésors archéologiques de la Belle Hellène… Voilà que Courrier international s’alerte à son tour en relayant le cri d’alarme lancé, cette semaine, par le quotidien grec Το Εθνος (To Ethnos, "La Nation") qui affirme qu’un fonds de privatisation "s’intéresse à nouveau à tous les monuments, de la Tour blanche de Thessalonique au temple de Knossos, en Crète".
Ce même journal rappelle qu’en juin dernier, "plus de 10.000 sites archéologiques, forêts et musées ont été confiés au TAIPED, un fonds chargé de privatiser les biens publics grecs". Ce fonds, rappelons-le, a été imposé et mis en place par les institutions créancières du pays, dans le cadre du plan de sauvetage de la Grèce imposant la mise à l’encan de tous les actifs publics. Les opposants à ces intentions de privatisation, les maires des sites convoités, avaient alors saisi le Conseil d’État pour faire annuler cette décision. L’avis doit être rendu le 22 janvier prochain. Mais, selon le quotidien d’Athènes, « TAIPED ferait tout pour faire empêcher l’annulation et garder les monuments dans sa liste ».
Il est vrai que Tsípras, le fringuant Premier ministre grec de la gauche radicale, n’en est pas à une pantalonnade près, avec la bénédiction d’Angela Merkel, venue saluer récemment à Athènes son « action décisive » en faveur du changement de nom de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM) en « Macédoine du Nord ». La Grèce avait, jusque-là, opposé son veto à cette dénomination, jugeant que le nom de Macédoine n’appartenait qu’au patrimoine historique grec et à sa province septentrionale dont la capitale est Thessalonique, nom de la sœur d'Alexandre le Grand, roi de Macédoine (de 336 à 323 av. J.-C.).
« Il n’y a qu’une Macédoine et elle est grecque ! » a rappelé le ministre de la Défense grec et principal allié souverainiste dans la coalition gouvernementale d’Alexis Tsípras, Pános Kamménos, en annonçant sa démission avant le prochain vote du Parlement qui doit ratifier le nouveau nom de la Macédoine, auquel il est fermement opposé. Il considère que cela reviendrait à entériner l’accord gréco-macédonien, qu'il juge « anticonstitutionnel », et de ce fait demandant un référendum couplé avec les élections européennes en mai.
100 000 personnes sont descendues dans la rue le dimanche 20 janvier à Athènes à l'appel du Comité de lutte pour la grécité de la Macédoine. Près de 400 autocars, en provenance de toute la Grèce, ont acheminé des milliers de manifestants de tout le pays. "Nous avons une Histoire de milliers d'années et nous résistons" a déclaré l'un des manifestants à l'AFP.
« Notre patrimoine culturel n’est pas à vendre… » La révolte gronde également chez les archéologues grecs qui ont lancé un appel international pour protester contre les menaces qui pèsent sur le patrimoine archéologique grec : "Nous nous battons pour préserver la mémoire et les traces matérielles du passé, parce que nous savons qu'un peuple sans mémoire est condamné à répéter les mêmes erreurs, encore et encore." Et dire que c’est sous la « gauche radicale » de Tsípras qu’on aura le plus privatisé. Encore un effort, camarade : au rythme où vont les choses, la Grèce n’aura bientôt plus rien à voir avec celle que l’on connaît aujourd’hui, la Belle Hellène est en train de perdre son âme.
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR
Un vert manteau de mosquées
BVoltaire.fr vous offre la possibilité de réagir à ses articles (excepté les brèves) sur une période de 5 jours. Toutefois, nous vous demandons de respecter certaines règles :