Grèce : «Tsípras a une baby-sitter allemande »
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"Tsípras a une baby-sitter allemande." C’est la galéjade du jour qui court, ces jours-ci, à Athènes et elle vient de son propre camp, en l’occurrence d’Alékos Alavános, ex-leader de SYRIZA, qui n’en rate pas une dès lors qu’il s’agit de flinguer son « camarade » Premier ministre, coupable cette fois d’avoir déroulé le tapis rouge à Angela Merkel, en visite cette semaine à Athènes, six mois après la fin du troisième plan de sauvetage financier.
Il n’est pas loin, en effet, le temps où Aléxis Tsípras menaçait de "déchirer les mémorandums imposés par la “troïka”" et clamait haut et fort en 2014, avec les manifestants rassemblés devant le Parlement grec : "Go back, Mrs. Merkel !" Cette fois, Aléxis Tsípras a accueilli la chancelière allemande par une bise, au pied du palais Maxímou à Athènes, et, devant les journalistes, c’est au petit jeu de qui complimentera le mieux l’autre que se sont livrés, tout sourire, les « antagonistes » de la veille. "Aléxis Tsípras a admiré la manière dont Angela Merkel a géré la crise migratoire [ben voyons, NDLA] malgré le [risque] politique qu’elle encourait. Mme Merkel, elle, a reconnu le courage d’Aléxis Tsípras qui a choisi le réalisme et mis en œuvre des réformes d’austérité très impopulaires", confiait un proche du Premier ministre grec au correspondant du Monde.
"Es muss weh tun" ("cela doit faire mal"), avait pourtant déclaré la chancelière de fer en imposant au gouvernement de M. Tsípras des réformes sociales d’une incroyable sévérité, sans le moindre égard pour un peuple qu’elle a mis en coupe réglée. Aurait-elle eu des remords, aujourd’hui ? "Nous sommes conscients de notre responsabilité historique. Nous savons aussi quelle souffrance nous avons infligée à la Grèce", a botté en touche Mme Merkel, en renvoyant son auditoire, non pas à la Grèce exsangue d’aujourd’hui, mais à… "la période du national-socialisme", tout en restant muette sur la question des réparations allemandes en compensation des crimes commis lors de l'occupation du pays par les nazis entre 1941 et 1944.
"On ne sait pas trop ce que Merkel vient faire en Grèce", commente Proto Thema, le journal dominical le plus lu en Grèce, alors que les dissidents de SYRIZA se gaussent du soutien que Mme Merkel a voulu témoigner à Tsípras, dont la coalition gouvernementale est au bord de l'éclatement. "Aujourd'hui, vous arrivez dans une Grèce différente", a déclaré le chef du gouvernement. Vraiment ? Qu’aura vu Mme Merkel lors de sa visite, en dehors des lambris présidentiels ? Aucun des 250.000 Grecs qui, chaque jour, ne vont pas à la plage mais dans les restos du cœur de l’Église orthodoxe.
Dans sa limousine blindée aux vitres fumées, la chancelière n'aura entraperçu aucun des miséreux retraités qui doivent vivre à Athènes avec parfois moins de 400 euros par mois... Même si, ici ou là, quelques indicateurs se remettent à l’orange, la majorité des Grecs considèrent que le pire est encore à venir… Pour Mme Merkel, comme pour le FMI, craignent-ils, la Grèce ne serait-elle pas juste bonne à devenir un Euroland du tourisme nordique, une immense maison de retraite pour les seniors qui trouvent que les Canaries ou les Baléares sont décidément devenues trop chères ?
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