Grenoble : des étudiants tournent en dérision l’islam, scandale !

Le blasphème n’est peut-être pas dans notre droit, mais il est entré dans une école.
Capture d’écran (2)

On se souvient du droit au blasphème, brandi par toute la classe politique au moment des attentats du Bataclan. Le journal Charlie Hebdo avait caricaturé le prophète et certains de ses journalistes l’ont payé de leur vie. D’immenses manifestations avaient suivi. Des appels. Des pétitions. Des discours énergiques comme s’il en pleuvait autour de l’indispensable laïcité, de la liberté d'expression et de la libre satire des religions. Manuel Valls, alors Premier ministre, avait assuré à la tribune de l’Assemblée nationale, l’air martial : « Le blasphème n’est pas dans notre droit et il ne le sera jamais. » Le droit au blasphème était érigé en principe et en cri de ralliement.

Le blasphème n’est peut-être pas dans notre droit, mais il est entré dans une école. L’école de management de Grenoble GEM a essuyé, ce 10 décembre, une belle tempête sur les réseaux sociaux déclenchée par le compte Tajmaât, une plate-forme collaborative et antiraciste pour les Maghrébins. Ce média a capté quelques instants d’une soirée étudiante.

Déguisements de bédouin

Une poignée d’élèves a trouvé malin de jouer les musulmans. Vêtus de mauvais déguisements de bédouin, voiles blancs, capuches et djellabas, ils s’inclinent au son d’une musique orientale. L’un s’est grimé le visage au cirage noir. L’autre croque une saucisse. C’est tout ? C’est tout. Un message X du média en ligne Cerfia a repris ces images : « À Grenoble École de Management, écrit-il, des étudiants se sont livrés à des blackfaces, se sont déguisés et ont tourné en dérision les musulmans en imitant des prières, avec des sourates en arrière-plan. » Ce message a été partagé plus de 4.000 fois sur le réseau X, il a suscité plus de mille commentaires. Un déguisement de religieuse aurait-il provoqué pareille tempête ? Poser la question, c'est y répondre... Parmi les commentaires, des avis hostiles aux étudiants : « Ils persistent dans leur manque de respect et pensent que c’est un jeu : quand une d’entre elles servira d’exemple, vous l’aurez bien cherché… » D’autres attaquent les responsables politiques : « Les modèles sont au gouvernement, Retailleau, Ciotti, voilà la jeunesse qui vous suit » ou « Et on a laissé faire alors qu’on tabasse ceux qui manifestent pour la paix à Gaza ! », lit-on, dans les commentaires. Certains crient au racisme.

La plupart, cependant, haussent les épaules : « Laissez la jeunesse s’amuser et s’exprimer, la France est un pays libre », écrit, sur X, un internaute. « Il y a encore des jeunes qui savent s’amuser », lance un autre. « Et alors, c’est quoi, le souci ? », interroge un troisième internaute sous la vidéo.

L’école, elle, a choisi son camp : celui de l’indignation maximum. En réponse à un militant anti-déguisements qui réclame des sanctions - « Des étudiants s’amusent à faire des blackface et à se déguiser pour humilier les musulmans. Ce n’est pas la première fois. On attend des sanctions. N’hésitez pas à mentionner l’école et à partager ! » -, la direction de l’EM Grenoble « confirme (sur X) que des mesures disciplinaires ont été prises dès ce matin. Soyez assurés que nous sommes tout autant choqués et scandalisés que vous par ces vidéos honteuses, irrespectueuses et intolérables. »

Deux poids deux mesures

Il faudrait donc savoir. Le blasphème est-il un droit ou nécessite-t-il aussitôt des mesures disciplinaires ? Question fondamentale... Ce droit s'applique-t-il à certains et non à d'autres ? En clair, est-il dévolu aux seules attaques contre la religion traditionnelle en France, vieille de 1.700 ans ici, comme cela semble être le cas. Lorsque la religion chrétienne, étroitement liée à l’identité de la France, est singée et tournée en dérision, déguisements à l'appui, les réactions sont en effet inexistantes. Chaque année, lors de la Gay Pride, les moines, religieuses, prêtres, évêques sont ainsi moqués dans un esprit qui tient davantage de la haine militante que de l'esprit potache. Personne ne considère ces attaques directes à la sensibilité catholique comme « honteuses, irrespectueuses et intolérables ». Curieux. Lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, les organisateurs n’ont guère trouvé honteux, irrespectueux ni intolérable la diffusion d'une parodie de ce que les chrétiens catholiques ont de plus sacré : la Cène. Bizarre. Dans l’art, les films ou les livres, ce type de dérision n’est pas rare : pas de scandale, pas de punition. Étonnant. C'est un constat, qu'on soit chrétien ou non, les réactions et indignations semblent réservées aux atteintes à la dignité de l’islam, et seulement de l'islam.

Sur le fond, en sur-réagissant à cette potacherie d’étudiants, la direction de l’école apporte de l’eau au moulin d'un islam conquérant, qui exige un strict respect de son dogme et de ses pratiques, fût-ce au prix de quelques drames : ceux de Samuel Paty ou du père Hamel, pour en citer deux. Face à cet islam et ses complices, ceux qui se couvrent de cendres creusent un insupportable deux poids deux mesures.

Curieusement, dans cette affaire, on n’entend guère les vaillants défenseurs stipendiés de la laïcité. Avec le sens des priorités qui les caractérise, ils sont sans doute occupés à lutter contre les crèches de Béziers, de Perpignan ou d'ailleurs. C’est la saison.

Picture of Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

31 commentaires

  1. Je pense que nous ne combattrons pas les islamistes en tournant en dérision leur religion, pour si contestables que soient les préconisations qu’elle distille et qui nous semblent très « moyenageuses ». Il faut combattre ces idées sur notre sol, sans crainte et sans faiblesse, comme ils le font chez eux pour les « infidèles », à commencer par les frères musulmans.

  2. Mais si, on fait peu à peu entrer dans l’idée que l’islamophobie et le blasphème qui s’y rapporte sont des délits.

  3. Quelle régression ! Au cours de mes années lycéennes dans les années 1970 à Paris, dans un grand lycée public, il était de bon ton de se moquer de Jésus. C’était tendance ! Et les Catholiques faisaient avec. Cela dit, se moquer de la religion catholique était un sport national… Pour la Gauche, c’était la liberté d’expression ! Of course.

  4. Qu’a voulu dire exactement Manuel Valls dans ce propos: « Le blasphème n’est pas dans notre droit et il ne le sera jamais. »? Qu’en France le blasphème est toléré ou bien interdit? Quand les choses ne sont pas claires, il ne faut pas s’étonner. Pour ma part, je suis contre le blasphème et je ne supporte pas que les chrétiens supportent que leur religion soit toujours visée. Si nous voulons être respecté, nous nous devons de nous respecter.

  5. Il faut proscrire TOUS les blasphèmes vexatoires qui causent une souffrance injuste à l’intimité spirituelle. Et il faut autoriser tous les droits de critique contre toutes les religions

  6. L’islam c’est la soumission corps et âmes au prophète, rien d’autre ne compte pour eux même la mort une grande chance.

    • À première vue la direction de cette école ne sait pas que le blasphème ( si blasphème il y a eu) n’existe pas en France.
      Aurait elle réagi de la même façon s’il c’était agi de la religion chrétienne ou juive ?

  7. La grande différence entre les pays islamiques et nous, c’est notre liberté ! Donc s’ils ne sont pas contents ils peuvent très bien s’exiler ou retourner dans ces pays qui correspondent à leur religion ! En France nous avons le droit de blasphémer que cela leur plaise ou pas !

  8. Il n’y a que les naïfs ou les ignorants de l’histoire (la vraie) qui n’imaginent pas la suite de ces hostilités

  9. Cette religion dégoulinante d’amour et de tolérance dont les ouaille ne ratent jamais une occasion de faire remarquer leur amour du pays d’accueil et leur tolérance vis à vis des comportements de leurs hôtes.

  10. Choquant tous ces détournements !
    Je propose de mettre à l’index la commune de Ste-Anne en Martinique pour avoir « noirci » (blackface) le Père Noël, lui qui est européen, blanc ! Honte à cette ville de manifester un tel racisme.

  11. L islam n’est pas compatible avec notre mode de vie et nos valeurs. Il y a bien des musulmans qui sont intégrés et qui participent même à nos fêtes chrétiennes car ils pratiquent l islam en tant que religion uniquement. Pour les autres ils nient le problème , pratiquent la langue de bois ou versent carrément dans le rigorisme voire le terrorisme.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Bruno Retailleau n’indique pas comment renverser la situation migratoire
Marc Baudriller sur CNews
Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois