Griveaux dément s’être moqué des gars qui roulent au diesel…
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François Bayrou a ceci d'agaçant qu'il veut toujours apparaître comme un honnête homme et ne manque pas une occasion de faire la leçon aux autres. C'est ainsi que, ce dimanche, au cours de l'émission « Questions politiques » sur France Inter, il a critiqué Benjamin Griveaux pour avoir, selon le JDD de la semaine dernière, qualifié Laurent Wauquiez de candidat des "gars qui fument des clopes et qui roulent au diesel". Il faut croire que le porte-parole du gouvernement est un fan de cette émission, car il a, dans la foulée, téléphoné au président du MoDem pour le rassurer : il n'a jamais prononcé cette phrase. Le JDD a, pour sa part, précisé qu'il confirmait son information.
Force est donc de constater qu'il y a un menteur dans cette affaire : soit Benjamin Griveaux, soit la rédaction du journal. On ne voit pas quel serait l'intérêt du JDD de publier un propos qui n'aurait jamais été tenu. Sauf en off, peut-être – ce qui ne serait pas plus glorieux pour son auteur, incapable d'assumer publiquement son opinion. En outre, on se demande pourquoi il a attendu la critique de François Bayrou pour apporter un démenti, alors que sa petite phrase est commentée sur tous les plateaux depuis plusieurs jours.
Il faut croire qu'il est particulièrement sensible aux reproches du Monsieur Propre de la majorité, à moins que quelque autre autorité morale de la Macronie ne lui ait fait comprendre que cette saillie était mal venue. "Cette phrase m'a fait mal, d'une certaine manière, elle m'a fait honte", a souligné notre Béarnais, qui sait aussi être cruel, ajoutant : "J'ai trouvé [dans] cette phrase le contraire de ce que nous avons voulu bâtir avec le président de la République." Pas gentil pour celui qui se glorifie d'être un pionnier d'En Marche!, oubliant qu'il est surtout un chef de file des transfuges socialistes.
François Bayrou n'est pas un homme sans vanité. Sans doute flatté de recevoir cette confidence, il s'est empressé de la rendre publique dans un tweet : "Les milieux populaires sont une part précieuse de notre pays. Et pour moi, ils sont la raison même de mes engagements. Nous devons les honorer." Non content de pouvoir donner l'absolution au porte-parole du gouvernement, il se proclame représentant patenté des milieux populaires, ce qui donnerait à penser que notre Président ne l'est pas suffisamment.
Mais n'accablons pas davantage Benjamin Griveaux ni François Bayrou qui, s'ils n'ont pas le même tempérament, ont en commun d'être des parangons d'opportunisme et de girouettisme. Le premier a trouvé chez Macron un tremplin pour son avenir politique, qui eût été bien terne sans son ralliement. Le second a montré qu'il savait sauter de droite à gauche et de gauche à droite, tout en restant au centre. Il n'est pas certain que cette petite histoire renforce leur crédibilité respective auprès des Français.
Sauf auprès de notre Président, qui sait presser le citron. Pour le moment, il apprécie l'insolence verbale de Griveaux, qui le ramène à lui-même, et emprunte à François Bayrou la mesure et la maturité qui lui font défaut. Mais quand il en aura extrait le jus, il en jettera l'écorce.
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