Guerre à nos portes ? Ces jeunes qui s’engagent quand même…

Faut-il préparer toute sa jeunesse à mourir pour une menace qui est, pour le moment, tout sauf vitale ?
Capture d'écran France 24
Capture d'écran France 24

Il est toujours facile de désespérer de la jeunesse, de penser que c’était mieux avant, et que les héros de Poitiers, Bouvines ou Valmy auraient bien du mal à se reconnaître dans les ectoplasmes pacifistes que les plus vieux voient dans les plus jeunes. Chaque génération a reproché la même chose à la précédente : mollesse, niveau physique de poulpe, abandon des valeurs, etc. Conclusion logique : « ces jeunes, il leur faudrait une bonne guerre ! » Ceux qui l’ont faite ou connue savent au contraire que la guerre est quelque chose de si laid qu’on ne la souhaite à personne, surtout pas à sa progéniture.

Bref. Le Figaro a voulu en savoir plus. Un reportage publié ce 12 mars nous emmène au centre d’information et de recrutement des forces armées (CIRFA) de Rueil-Malmaison. On apprend d’abord au cours de ce reportage que l’armée française doit recruter chaque année 16.000 personnes, et ce depuis 2015 – avec les attentats du Bataclan, la menace n’ayant pas décru depuis. Les militaires interrogés révèlent qu’il arrive que les recruteurs n’atteignent pas leurs objectifs. L’Ukraine dans tout cela ? A en croire le CIRFA, le conflit russo-ukrainien n’a absolument rien changé à la mobilisation de la jeunesse. Ni à la hausse, ni à la baisse. A l’inverse, les attentats de 2015 avaient été à l’origine d’engagements massifs. Peut-être la vision cauchemardesque des cadavres et des gyrophares sur les trottoirs de Paris était-elle, hélas, plus parlante que les éléments de langage sur une Russie qui, pour être menaçante, n’en est pas moins assez loin de nos portes.

 

 

Les jeunes gens et jeunes filles interrogés semblent avoir une idée précise de ce qu’ils souhaitent faire. N’en déplaise aux antimilitaristes bornés, qui vont bientôt mourir de mort naturelle, la jeunesse sait ce qu’elle fait en rejoignant les rangs des forces armées. C’est le cas du jeune Théo, 20 ans, qui veut servir au sein de la sécurité civile. Il va sauver des vies, lui : inondations, catastrophes naturelles, secours aux populations. Un autre, qui veut servir dans une unité de maintenance (en charge de la réparation du matériel), reprend à son compte les déclarations du président de la République. Les autres, quel que soit le métier de leurs rêves au sein des armées, l’assurent d’une seule voix : ils n’ont pas peur. Le journal les suit au long de leur parcours de sélection, qui dure plusieurs jours. Leur détermination est assez belle à voir.

Il y a tout de même trois questions que l’observateur un peu rabat-joie est en droit de se poser à la lecture de cet article feelgood. La première : que fait-on de la menace sur notre sol, celle du terrorisme islamiste ? Les armées, depuis la fin de la guerre d’Algérie, ne doivent surtout pas maintenir l’ordre sur le sol hexagonal (ce serait une forme de guerre civile), mais la situation est désormais tellement grave… La deuxième, qui est peut-être un peu le corollaire de la première : le service militaire, que les Français veulent voir rétabli paraît-il, parviendrait-t-il à mobiliser la jeunesse des quartiers, qui ne semble pas se bousculer au portillon pour servir les trois couleurs ? Et la troisième : nos gouvernants mesurent-ils bien ce que cela signifie, dans un pays qui ne veut déjà plus avoir d’enfants, que de préparer toute sa jeunesse à mourir pour une menace qui est, pour le moment, tout sauf vitale ? En dépit de l’admirable mobilisation des jeunes, il y a tout de même un peu de folie là-dedans.

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

Un commentaire

  1. Comme l’a dit si justement le vice-président des USA , l’ ennemi n’ est pas la Russie mais il est à l’ intérieur de notre pays!
    Le danger c’ est la perte de toutes nos valeurs ancestrales dans le domaine moral ,religieux et sociétal!
    Le danger ,c’ est la drogue qui gangrène toute la France!
    Le danger ,c’ est la décadence de notre éducation et de notre système hospitalier!
    Le danger c’ est l’ arrivée incontrôlée de tous ces étrangers qui ne sont pas forcément nos amis!
    Le danger ,il ne vient pas de Russie!

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