Guerre en Ukraine : la Grande-Bretagne prête à faire une guerre qui se termine

soldats plastique

Les négociations de paix semblent sur le point de débuter, entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Cette paix se fera par-dessus l’Union européenne, désormais totalement disqualifiée, comme le prouve paradoxalement le sommet qui se tient à l’Élysée, ce 17 février. Paniqués d’être hors jeu, les chefs d’État européens se serrent les uns contre les autres pour ne pas attraper froid dans cet âge glaciaire géopolitique qui s’ouvre pour le Vieux Continent. C’est étonnamment le moment que le Premier ministre britannique Keir Starmer a choisi pour proposer d’envoyer des troupes, dans un entretien accordé au Daily Telegraph, dimanche 16 février.

« Nous sommes prêts et disposés à contribuer aux garanties de sécurité pour l’Ukraine en envoyant nos propres troupes sur le terrain si nécessaire », a notamment déclaré le chef du gouvernement du Royaume-Uni. Il est surprenant de voir le dirigeant de l’une des principales armées du continent européen (mais pas de l’UE, évidemment) s’engager ainsi à mettre en danger la vie de ses soldats au nom de principes dont on ne cerne pas vraiment l’exacte définition, et ce, alors même que la Russie est sur le point d’obtenir ce qu’elle réclame : la confirmation de l’annexion du Donbass et de la Crimée. « Je ne dis pas cela à la légère », insiste Keir Starmer, qui accompagne cette déclaration belliciste de tous les éléments de langage destinés à faire passer le message de la responsabilité.

Messager de Washington ou tentative de diversion ?

Prenons le temps d’essayer d’y voir un peu plus clair. Avant même l’accession au pouvoir de Keir Starmer, le Royaume-Uni a apporté son soutien, de toutes les manières possibles (sans franchir la « ligne rouge » de la cobelligérance officielle), au régime de Volodymyr Zelensky. Le Royaume-Uni est, par ailleurs, un allié historique des États-Unis et un relais important de la stratégie américaine sur le continent européen. On sait, également, que l’administration Trump est bien décidée à faire partager aux Européens, et singulièrement aux pays membres de l’OTAN, le « fardeau » des dépenses militaires. J.D. Vance, lors d’un discours mémorable dont il a déjà été question sur BV, a insisté sur l’objectif de dépenses militaires à hauteur de 5 % du PIB de chaque pays membre. Il n’est donc plus question, pour les « petits États », de s’abriter derrière le paravent américain. Starmer a-t-il reçu des consignes ? Est-il le messager de Washington, qui verrait bien une force d’interposition « européenne » (et non nécessairement limitée à l’UE), chargée de faire appliquer les accords à venir ? On peut le penser.

Il y aurait bien une autre possibilité, qui serait celle de la diversion. Starmer est empêtré dans le scandale des gangs de violeurs pakistanais, dont les agissements ont été passés sous silence pendant des années au nom d’un antiracisme dévoyé. En reportant la lumière médiatique de l’autre côté du Dniepr, il pourrait chercher à gagner du temps. Ce ne serait pas très beau moralement, mais ce ne serait pas si bête.

Les milliards disparus

Le monde change vite et l’élection de Donald Trump accélère encore ce changement. Il reste à savoir ce que décideront de faire les États européens réunis, ce lundi, à l’Élysée dans une sorte de conclave de losers. Participeront-ils à une force d’interposition envisagée par la Grande-Bretagne ? Ou bien auront-ils le courage de demander des comptes à Zelensky sur les milliards d’euros et de dollars « disparus » en trois années d’aveuglement idéologique ? « Aider à garantir la sécurité de l’Ukraine, c’est aider à garantir la sécurité de notre continent », dit encore Starmer. On ne saurait mieux dire, venant d’un pays qui a quitté l’UE pour disqualifier Bruxelles.

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

78 commentaires

  1. Petite illustration de l’incohérence de l’UE, « ils » nous ont vendu l’embargo sur les produits russes dont le gaz pour mettre l’économie de la Russie à genou… Que ne lis-je ce matin, en 2024 la France est le premier pays importateur en Europe via ses ports de gaz GNL, je vous le donne en mille, de gaz russe, 30% ! (30% US et 17% algérien, le reste doit se décomposer avec d’autre pays). Elle n’est pas belle la morale de cette histoire (de fou) ? (voir les Echos, je ne l’invente pas)

  2. Sonia Mabrouk ce midi, a présenté deux photos, écrasantes de réalité. L’une, imposante, Américains & Russes en d’Arabie Saoudite. L’autre, les laissés pour compte, la petite Europe abandonnée, réunie autour d’une table ronde. Humiliation et tristesse pour nous tous. Peur aussi.

  3. On se demande effectivement quelles sont les motivations des Anglais à propos de l’Ukraine….mais au moins, que l’on approuve ou non, ils ont pris une position. Quel contraste par rapport à cette fameuse réunion macronienne d’hier 17 Février 2025 ! Un coup d’épée dans l’eau. Ceux qui ont été conviés n’en sont pas ressortis réjouis, c’est le moins que l’on puisse dire. Ceux qui n’ont pas été invités se souviendront de cette grave et très vexante erreur. Merci Monsieur Macron. Un mot concernant un certain Antonio Costa. Président du Conseil Européen (respect sans rire SVP !) il est Portugais (7 ans Premier Ministre jusqu’en 2024). Son Pays n’a pas été invité, mais lui en tant que VIP européen était bien là, flanqué de la reine Ursula. Comment a-t-il pu ne pas exiger la présence du Portugal ? Incompréhensible.

    • Je me posais la même question ! Ces anglais sont avides de sang pour envoyer leur chair à canon !
      Nous récoltons les fruits pourris pour avoir suivi aveuglement les américains dans leur délire !
      Les français demandent le remboursement de tous ces milliards d’euros qui auraient pu servir à améliorer nos hôpitaux, notre police, toutes nos institutions malades.

  4. Ces Anglais sont formidables leur armée est dans un état encore pire que la nôtre et alors que des négociations débutent on voudrait ajouter de l’huile sur le feu on ne s’y prendrait pas autrement et d’ailleurs cette réunion a Paris est complètement stupide, ce sont les Américains qui ont financé cette guerre on a participé au minimum (quoique j’aimerais connaître ce que coûte la présence des réfugies Ukrainiens sur notre sol) il est donc normal qu’il veuille que cela cesse.

    • « phraséologie poutiniste». Moi je vois partout ailleurs la russophobie bourgeoise de toujours, depuis au moins 1945, maquillée subitement en « défense de l’ukraine contre l’agresseur russe ». La belle aubaine pour se redonner une virginité.

  5. On devrait écouter les paroles de Trump. Elles se passent de commentaires.
    « Il n’y aura que moi et Poutine, nous n’inviterons pas de représentants de l’Europe. Il n’y aura pas de guerre pour moi et si l’Europe a un problème avec cela, alors laissons la Russie la vaincre toute seule sans participation américaine…
    Pourquoi je ne veux pas que l’UE soit présente ? Parce que ses représentants ont besoin de faire la guerre, ils ont besoin d’un conflit à long terme pour couvrir leur incompétence, leurs lobbies et leur argent volé.
    Je classe déjà l’UE comme un pays du tiers-monde, mais elle est un peu mieux lotie… Je ne négocierai pas avec ceux qui veulent prolonger le conflit, je ne négocierai pas avec ceux qui enverront plus d’armes, je ne négocierai pas avec ceux qui essaieront d’obtenir plus d’initiatives en matière de munitions, je ne négocierai pas avec ceux qui essaieront de prolonger le conflit.
    Je négocierai la paix, qui est évidemment un mot très censuré dans l’UE ».

  6. C’est quand Trump sonne la fin de la partie que les européens se réveillent. Pendant 3 ans, un pas en avant, 2 pas en arrière, j’y vais, j’y vais pas, il est méchant Poutine, il fait peur. Non, il s’amuse de vous voir si poltrons. Pitoyable !

  7. de plus Zelensky n’est plus officiellement président depuis mars 2024, il ne doit son statut qu’à la guerre c’est pourquoi il ne veut pas la paix, s’il y a paix zelensky sera mis dehors, le sukrainiens en ont ras le bol de ce mec, en ffet où sont passés les milliards versés depuis 3 années ?

  8. Il faut toujours que les anglais ramènent leur fraise dans tous les conflits engageant l’Europe alors qu’ils ont voté pour sortir de l’UE ! Ils sont avant tout anglo-saxons, et sont géographiquement détachés du continent !Qu’ils ferment leur clapet et s’occupe des casseroles de Starmer !

  9. Je constate malheureusement que beaucoup ont oublié que les anglais ont bravement participé à la libération de notre pays occupé par les nazis. Maintenant les mêmes veulent laisser l’Ukraine à poutine qui vu ce succès voudra d’autres terres!

  10. Depuis la guerre de cent ans, depuis Jeanne d’Arc les Anglais nous ont fait une guerre à outrance. Pendant les guerres napoléoniennes, il ont entretenu et financé les états alliés contre la France sans jamais envoyer leurs armées, sauf … à Waterloo où ils étaient sûrs de gagner face à Napoléon trahi par ses propres maréchaux et généraux. Ensuite depuis le Brexit, la Grande Bretagne ne fait plus partie de l’Europe, alors pourquoi le clown triste de l’Élysée a-t-il convié ce pays à la conférence sur  » la continuité » de la guerre en Ukraine ?

    • En fait depuis toujours les Anglais ont été contre France quand elle était forte, et pour quand elle était faible, histoire de toujours cliver l’Europe continentale entre ses deux grands blocs, la France d’un côté, la “germanophonie” de l’autre.

  11. En 1991, c’est l’effondrement de l’URSS. L’Ukraine saisit l’occasion et les ukrainiens vote à 91% pour leur indépendance qui est officialisée le 24 août 1991.

    Cette indépendance est une catastrophe pour la Russie. Elle lui interdit dorénavant l’accès aux mers chaudes du globe. Ce qu’elle ne peut accepter. Aussi, en 2014, la Russie annexe la Crimée pour se réouvrir la route maritime du sud. Parallèlement une guerre civile a éclaté au Donbass entre les pro-russes et les pro-ukrainiens. Cette confrontation armée entre Ukraine et Russie n’a pas cessé depuis cette date

    Ces évènements contemporains sont surinfectés d’un antagonisme viscéral beaucoup plus ancien et profond. La Rouss de Kiev (860-1225) avec Vladimir 1er le Grand est pour les russes le berceau de la Russie (Rouss a donné le vocable Russie), pour les biélorusses celui de la Biélorussie et pour les ukrainiens celui de l’Ukraine. Pour les russes et les biélorusses le berceau de la nation russe ne saurait être dans les mains d’un autre peuple qu’eux-mêmes.

    Ainsi, quels que soient le résultat des armes et les compromis futurs, aucun des deux belligérants actuels n’en sortira satisfait, leurs revendications existentielles étant, par essence, totalement opposées et donc incompatibles. Aussi il ne faut pas s’attendre à un proche règlement final. C’est un guerre de cent ans qui s’est ouverte en 2014. Elle sera faite de trêves passagères et de reprises brutales d’un conflit couvant et qui couvera encore pour très longtemps.

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