Guerre en Ukraine : l’avenir de l’Europe se décide à Washington

trump

C’était environ trois mois avant le déclenchement des hostilités. Le 3 décembre 2021, le Washington Post publiait des extraits d’un rapport des services de renseignement américain accompagnés de photos satellites révélant l’ampleur du déploiement des forces russes aux frontières de l’Ukraine. L’article, qui annonçait une invasion imminente, posait le cadre du désastre à venir.

D’un côté, le gouvernement russe demandait aux États-Unis de stopper toute nouvelle extension de l'OTAN vers l'Est et de renoncer au déploiement de systèmes d'armes à proximité de son territoire. De l’autre, la Maison-Blanche, par la voix de son porte-parole Jen Psaki, indiquait rejeter d'emblée l'idée que Washington fournirait une garantie que l'Ukraine n'entrerait pas dans l'OTAN. Une perspective d’intégration qui constituait pourtant une ligne rouge du Kremlin bien avant Vladimir Poutine.

Le même jour, dans un échange avec des journalistes avant son départ en week-end, Joe Biden déclarait : « Je n'accepte les lignes rouges de personne. » Dès ce moment-là, les dés étaient jetés et il n’y aurait plus de retour en arrière ni d’un côté ni de l’autre. Tout le reste ne serait que gesticulations diplomatiques et médiatiques jusqu’au fatidique 24 février.

« Nous sommes au courant des actions de la Russie depuis longtemps », avait affirmé Joe Biden. Le gouvernement américain, par l’intermédiaire du Washington Post, avait en effet dévoilé sa parfaite connaissance des plans russes en cas de refus, et pourtant il continuait à considérer que l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN valait bien une nouvelle guerre. Le sort de l’Europe se scellait à Washington.

Un mois plus tard, en janvier, les vice-ministres des Affaires étrangères américain et russe, Wendy Sherman et Sergueï Riabkov, se retrouvaient à Genève. La situation restait la même sans aucune perspective d’évolution. Les Russes renouvelaient leur demande de renoncement à tout nouvel élargissement de l’OTAN, les Américains demeuraient inflexibles.

Les Européens, tels des enfants relégués dans leur chambre, attendaient avec fébrilité la décision des « puissants ». Les commentaires de la presse à l’époque en disaient long sur notre état de dépendance : « D’abord pris de court et réduits au second rôle, les Européens espèrent une poursuite et un élargissement des discussions engagées cette semaine par les États-Unis et la Russie », écrivait Le Monde, le 14 janvier dernier.

Une semaine plus tard, le même journal faisait état des tentatives d’Emmanuel Macron pour « faire entendre la voix de l’Europe » et rapportait les confidences de sources élyséennes. Un diplomate, qui notait des différences d’approche, reconnaissait : « Nous avons besoin de clarté, sur ce que les Américains sont prêts à faire ou à ne pas faire. » Il ajoutait : « Les consultations actuelles consistent à nous débriefer des tractations avec les Russes, mais nous voulons une vraie coordination. »

Le Président français, passé maître dans l’art des contretemps, annonçait alors la nécessité de faire émerger une « proposition européenne » afin de construire un ordre de sécurité collective sur le continent. Il était bien tard. Trop tard. Outre-Atlantique, on en avait déjà décidé autrement. L’Europe ne ferait plus que suivre et subir.

Neuf mois plus tard, nul besoin d’être grand clerc pour comprendre que la suite du conflit - poursuite de l’escalade ou retour à la table des négociations - dépendra des résultats des prochaines échéances électorales américaines, et particulièrement des élections de mi-mandat en novembre prochain.

Si, jusqu’à présent, Joe Biden est parvenu à mobiliser au-delà de son parti, des fissures commencent à apparaître, notamment du côté des républicains. Donald Trump s’est fait entendre récemment en exigeant des négociations immédiates sous peine de « finir avec une Troisième Guerre mondiale ». Et sur Fox News, le 6 octobre dernier, Chris Stewart, élu républicain de l'Utah, déclarait que le Congrès ne pouvait continuer à financer l'Ukraine indéfiniment sans que Biden ne donne sa stratégie pour mettre un terme au conflit.

Au-delà des élus, c’est surtout l’opinion américaine qui s’interroge. Un sondage publié par le Quincy Institute, fin septembre, montrait qu’une très nette majorité (57 %) d'Américains souhaitait que les États-Unis engagent des négociations « dès que possible » pour mettre fin à la guerre.

Alors que l’Europe vit désormais sous la menace du feu nucléaire et qu’elle s’apprête à connaître l’une de ses plus graves crises économiques et sociales, son avenir dépendra donc finalement de l’humeur des électeurs américains....

Frédéric Martin-Lassez
Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

21 commentaires

  1. Mon souhait:
    que revienne au pouvoir Trump, un chef d’ état pacifique qui n’a fait aucune guerre durant sa mandature alors que son prédécesseur n’ pas cessé d’ en faire e 8 ans ,ce qui lui valut le prix Nobel de la Paix!

  2. Le pire est à venir, nous sommes à l’aube de la troisième guerre mondiale, la paix ne viendra en aucun cas de l’union européenne soumise pieds et poings liés aux Usa.

  3. Celà fait près d’un siècle que l’oligarchie financière américaine (Rockfeller, puis Soros) prend les européens pour des idiots utiles dans leur tentative de domination du monde. La Russie refusant depuis toujours cette infiltration est donc rejetée par les américains dans le rôle du « diable » (malgré le fait que Hitler a été plus vaincu par les soviétiques (sur le front de l’Est ) que par les américains. L’explosion de l’URSS, due surtout à l’appauvrissement par le régime collectiviste entrainant une décadence économique, a semblé une opportunité pour « convertir » tous les satellites de la Russie et les rendre dépendants de l’Occident (par mise en place de « marionnettes » telles Zielenski ou Macron ou Draghi qui obéissent à leurs mentors américains pour entrainer la décadence de l’Europe). Trump, qui s’opposait à cette oligarchie financière et en a fait les frais dans une élection plus que douteuse (comme Fillon en France) aurait certainement éviter cette guerre en leur désobéissant. Mais Biden, qui leur est redevable de son poste, malgré ses déficiences, est, lui, obligé d’obéir.

  4. Guerre économique des usa lesquels sèment la mort partout dans le monde pour leur plus grand profit. Des fous sont au pouvoir de partout dans le monde et des serviles comme Macron sont à leurs ordres. Il ne manque plus à Macron de céder l’arme nucléaire, ce qu’il ne manquera pas de faire.

  5. « Alors que l’Europe vit désormais sous la menace du feu nucléaire et qu’elle s’apprête à connaître l’une de ses plus graves crises économiques et sociales, son avenir dépendra donc finalement de l’humeur des électeurs américains…. » Il a TOUJOURS dépendu des USA, OTAN oblige.

  6. Pourquoi les Américains se gêneraient-ils : les premières victimes de la guerre froide et des sanctions sont les Européens. L’ennui pour la France, c’est que les Allemands sont les premiers concernés et dans ce cas, il n’y a pas d’amitié qui compte. Ils vont tirer la couverture à eux jusqu’à ce que la France soit exsangue et que l’insurrection fasse la loi dans la rue. Nous avons bien du souci à nous faire, à moins que la Révolution qui couve au Royaume Uni ne ramène tout le monde à plus de raison et de modération.

  7. Les états unis on bien trop investis en Ukraine pour lâcher le morceau. Si on rajoute la géopolitique, nous on a intérêt à serrer la fesses, on risque fort d’être parmi les victimes.

    • C’est couru d’avance, seule la défaite de l’équipe Biden peut donner l’espoir d’un retour au dialogue.

  8. L’Europe, petit toutou des américains qui s’engraissent sur ce conflit, ne fait que brasser du vent. Elle brasse même tellement de vent qu’on se demande pourquoi il faudrait encore installer des éoliennes, coûteuses et non écologiques, pour fournir de l’énergie ! Utilisons tous ces « dirigeants » incompétents, irresponsables et brasseurs de vent : on pourra se passer de ces horribles éoliennes ….

  9. l’Europe, quelle Europe, le 52 ème état de l’Union ? La France s’est perdue en rejoignant sous Sarkozy le commandement intégré de l’OTAN . Sa voix , mais en a t’elle une encore, est inaudible.

  10. l’Europe démontre une fois de plus son inutilité étant dirigée par des amateurs qui ne sont là que pour se gaver et frimer. Il fut un temps où la parole française avait du poids. Aujourd’hui , pour la France ce n’est que du vent par la bouche du grand prêtre du dieu Eole qui vit à l’Elysée. Biden l’endormi favorise un jeu dangereux pour le continent européen. Trump a tout dit et il est le seul qui pourrait discuter avec Poutine, engager des négociations pour stopper cette escalade guerrière.

    • Un espoir avec Trump est possible à condition de museler l’état profond et le cartel militaro industriel, ce qui fait beaucoup pour un seul homme.

  11. Ce conflit généré par la CiA et les faucons du Pentagone ne possède qu’un axe unique : empêcher quel qu’en soit le prix l’Europe de maintenir et développer relations et collaborations commerciales et lndustrielles avec la Russie. En particulier objectif : France et Allemagne. Ils ne supportent pas pareille idée.

    • Doctrine Brzeziński, principal conseiller de Carter dans les années 80. Membre fondateur de la Trilatérale avec David Rockefeller, il mit fin à la détente inaugurée par Nixon. Soutien des Moudjahidines afghans et des Khmers rouges, il déclara en 1995 : « dans le siècle à venir, deux dixièmes de la population active suffiraient à maintenir l’activité de l’économie mondiale ». Sa théorie : l’amélioration du monde et sa stabilité dépendent du maintien de l’hégémonie des États-Unis. Toute puissance concurrente est dès lors considérée comme une menace pour la stabilité mondiale. Puis il a convaincu le président Clinton d’étendre l’OTAN vers l’Est pour refouler et encercler la Russie. Son hostilité à la Russie « quasiment obsessionnelle », serait l’un des grands responsables de la « nouvelle guerre froide » qui caractérise le XXIe siècle. Toutes ces idées ont été reprises et développées par notre trio maléfique Schwab-Soros-Clinton qui tente actuellement de gouverner le monde.

  12. L’Europe n’est dirigée que par une bande d’incapables qui trahissent leur fonction et leurs peuples spécialement. Ils sont tous inféodés à l’oligarchie financière qui n’a que faire des populations mais font tout pour que ceux qui leur servent de marionnettes continuent de pérorer à la tête des Etats et des Institutions. C’est aux peuples d’ouvrir les yeux et de chasser ces imposteurs. Et si ce doit être les citoyens Américains qui permettent ce renversement en prenant conscience de ce qui se passe à l’Est, alors une fois de plus, nous devrons notre liberté aux USA et aux Russes. Et pourtant, nombre de voix en Europe et en France notamment s’expriment, dénoncent, proposent mais sont calomniées.

  13. « la suite du conflit, poursuite de l’escalade ou retour à la table des négociations, dépendra des résultats des prochaines échéances électorales américaines et particulièrement des élections de mi-mandat en novembre prochain. » Prions ! Prions pour que Biden et sa clique se ramasse une belle raclée électorale. Et notons au passage que toute cette terrible affaire ne serait pas arrivée avec ce pestiféré de Trump.
    Notons aussi qu’une fois de plus, et cette fois ce pourrait être la dernière, les Américains se conduisent comme des enfants. Sont-ils capables de comprendre qu’en faisant la guerre à la Russie par Ukraine interposée, ils s’affaiblissent face à la Chine …. qui attend patiemment son heure ?

  14. 1945 , la guerre est gagnée par les ricains ET les soviétiques . Les centaines de milliers de morts civiles causés par les bombardements US en Allemagne , en France , en Italie et au Japon sont passés par «  pertes et profits « 
    1945 , la France se retourne vers ses Colonies afin de les récupérer . En Indochine, le Viêt-minh se dresse contre la France et gagnera son indépendance 9 ans plus tard . Ce que beaucoup ignorent c’est que le Viêt-minh embryonnaire fut formé, équipé , armé par ….les USA. Peu savent que les Forces spéciales américaines de l’époque prirent les armes avec le Viêt-minh et combattirent férocement le CEFEO , les fameux Jedburgh US devaient empêcher les mauvais colonisateurs français de reprendre l’Indochine. Et puis Mao élu en 1949 sonna la fin de la récréation, puis rapidement guerre de Corée éclata , et les ricains du coup firent à nouveau copain-copain avec les français afin d’endiguer la théorie des dominos . Tous ceux de mon âge se rappellent ces images d’un certain 30 avril 75 où l’Oncle Sam fut jeté avec perte et fracas par les petits bodoïs dans la mer de Chine

    • Sans être un inconditionnel des Américains -j’ai sur le forum de BV rappelé ce que fut le rôle de la CIA pour faire fonctionner au Maroc des ateliers de production d’armes destinées au FLN algérien-, je souhaiterais un peu plus de précision de votre part sur l’accusation que vous lancez. Sans être un spécialiste, Je crois que vous allez un peu vite sans préciser les dates ; en restant très « général ».
      Durant la Seconde Guerre mondiale, l’Indochine est occupée par le Japon et, dans le chaos qui suit la capitulation japonaise en 1945, le VNQDĐ NAM QUOC DAN DANG, (proche des nationalistes chinois de Tchang Kaï Chek, aidés par les Américains dans leur guerre contre les Japonais qui occupaient l’Indochine jusqu’à l’été 45) et le PCI(Parti Communiste Indochinois de Hochiminh) s’allient brièvement dans le combat pour l’indépendance vietnamienne. . Ceci explique peut-être cela : que des armes américaines se soient retrouvées dans les mains des Viet Minh…. Merci donc de préciser les faits et les dates.

    •  » Les centaines de milliers de morts civiles causés par les bombardements US en Allemagne , en France , en Italie et au Japon sont passés par « pertes et profits  »

      Hélas exact!
      Combien ai je entendu d’ « anciens » qui me disaient : « lors de la guerre de 39-48, lorsqu’on entendait des avions de guerre, on regardait.
      Si c’était des avions alliés, le mot était : vite courrons dans les cave »!!! »

      A croire que les amerloques, comme j’ai souvent entendu ces anciens les nommer, aiment la viande hachée.

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