Guerre en Ukraine : un ancien officier face aux va-t-en-guerre…

Qu’y connaissent-ils, à cette guerre ? Le député RN de Fleurian demande aux députés bellicistes de montrer l'exemple.
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La guerre : ils n’avaient que ce mot à la bouche, cette semaine, à l’Assemblée nationale. La scène était surréaliste de déconnexion. L’Hémicycle s’interroge sur l’emploi des avoirs russes gelés, s’écharpe sur la possibilité d’envoyer un contingent maintenir la paix à la frontière russe - peu importe ce que signifiera ce concept à la fin des négociations. Des négociations, d’ailleurs, tiens, parlons-en. Tandis que l’on se gargarise de grands mots au sein d’un Hémicycle chauffé, dans lequel on laisse Raphaël Arnault recevoir, dans le plus grand des calmes, les islamistes du CCIE, l’Ukraine est à bout. La Russie est en train de prendre Koursk. Et pendant ce temps, Donald Trump, Volodymyr Zelensky et, depuis, peu, Vladimir Poutine passent par-dessus la tête d’une Europe qui se rêve en voisine incontournable et n’en a pas les moyens. Les grandes personnes ont décidé de s’asseoir à la table des négociations, mais dans un coin du salon, les enfants bagarreurs continuent de faire les intéressants.

Au juste, qu’y connaissent-ils, à cette guerre dont ils ne cessent de parler ? Et que pourraient-ils bien y faire, dans cette Ukraine qu’ils imaginent comme la dernière ligne de défense avant l’Apocalypse ? C’est, à peu de choses près, ce que leur a dit, le 12 mars 2025 à la tribune de l’Assemblée, Marc de Fleurian, député RN du Pas-de-Calais.

Marc de Fleurian ne connaît peut-être pas ce que l’on appelle la guerre de « haute intensité », mais il connaît l’engagement armé. Il a même reçu,pour cela, la croix de la valeur militaire, qui récompense la bravoure face au feu ennemi. Ce n’est pas un de ces politiciens professionnels dont la carrière s’est déroulée dans un rayon de dix kilomètres autour de l’île de la Cité. Marc de Fleurian a fait Saint-Cyr, puis a été officier dans la Légion étrangère. Envoyé en opérations extérieures, promu capitaine, il a choisi de quitter l’uniforme pour servir autrement. Au fond, d’ailleurs, il n’a pas changé d’employeur : son employeur, c’est toujours le peuple. Et sa harangue fait plaisir à entendre. Quand il demande à tous ces fous de guerre, devant un Hémicycle clairsemé, de troquer leurs « mocassins à pampilles » et leurs « vestons croisés » pour « des gilets pare-balles et des rangers », de confier leur circonscription à leur suppléant et de joindre le geste à la parole en montant au front contre l’ogre russe, on ne peut qu’applaudir. Il est rare de voir autant de bon sens et de courage à la tribune de l’une de nos chambres législatives. Et il est salutaire d’entendre quelqu’un dénoncer le ridicule de la situation : personne ne veut la guerre, parmi les concernés, mais ceux qui en ignorent tout sont prêts à la faire (ou, plutôt, à la faire faire, puisque ce sont les soldats d’une armée professionnelle qui s’y colleront). Tiens, au fait, comment s'appelait, déjà, ce député qui quitta l'Assemblée pour remettre l'uniforme ? Ah oui : Jean-Marie Le Pen...

Il y avait, jadis, un impôt du sang, qui remplaçait l’impôt sur le revenu par le sacrifice de sa famille. Il n’y a jamais eu d’impôt de la salive, qui aurait prétendu remplacer le courage personnel par les péroraisons martiales. Ce n’est pas un hasard. Tout cela est stupide, et Marc de Fleurian a eu parfaitement raison de le souligner : « Lorsqu’on vote la guerre, il faut être capable d’aller la mener. » Comme si les députés montraient l’exemple ou mettaient leur peau au bout de leurs idées : Marc de Fleurian est sans doute jeune, en politique. Espérons, cependant, que l’idéalisme ne lui passe pas.

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Pour faire la guerre il faut des matériels de plus en plus coûteux , c’est à dire une économie florissante .
    Pour faire la guerre il faut trouver des hommes et des femmes , pour aller mourir , pour qui ? pour quoi ?
    Sur ce dernier point les belligérants Russes et Ukrainiens ont des problèmes pour recruter , avec des méthodes que nous n’avons pas .
    Sur ce dernier point encore , un général britannique avait fait un rapport qui précisait que l’armée anglaise était composée de militaires issus de la diversité , ce qui interdisait tout conflit avec les pays d’ou ces militaires étaient originaires , eux ou leurs parents .
    Nous sommes dans la même situation , les causes de la suppression du service militaire : sont cout , son inutilité (les combattants modernes ne se forment pas en quelques mois) , et , les problèmes d’intégration des recrues originaires de l’immigration , en particulier du Maghreb.
    Voir les mutineries dans la marine française il y a quelques années , les marins musulmans refusant de tirer sur des musulmans .

  2. Mais que voulez-vous faire ? Après avoir désarmé l’Armée avec un budget de misère, et une politique/diplomatie de bisounours depuis des lustres, du jour au lendemain, les mêmes qui nous prêchaient leur sirupeux et lénifiant « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », et la mondialisation heureuse, virage à 180° ? N’importe quoi.

  3. Combien de nos brillants députés sont près à suivre l’exemple du Colonel Le Driant?
    Député il démissionne pour pour rejoindre l’Armée et reprendre son poste de Colonel.

    Le 22 février 1916 il commande un Régiment de Chasseurs (1200 hommes) à Verdun dans le secteur du Bois des Caures. Il va faire face à 10000 allemands au déclenchement de l’attaque.
    Le 22 février au soir il a donné sa vie au milieu de ses hommes. Il n’y a que 110 rescapés mais le front n’a pas été enfoncé.

  4. Il est vrai qu’avant de vouloir faire la guerre, il faut s’assurer qu’on en a les moyens. Construisons des avions des chars et des drones, c’est la priorité avant les jérémiades politiques. La Russie ne nous menace pas directement et nos pseudo amis européens n’achètent même pas leurs armes en Europe! Alors de nouvelles troupes oui, mais plus vers Canjuers que Mourmelon.

  5. Très bien dit ! la presse en parle ? je ne peux m’empêcher de penser à notre théâtreux de Président , qui habillé en croquemort et le ton sépulcral , appelait au patriotisme et quasiment à la mobilisation générale , ce Tartarin n’a jamais eu de formation militaire , et , il n’a pas d’enfant , la guerre c’est sacrifier ses enfants .

  6. Merci Monsieur le Député, ça change des discours de larbins et autres lénifiants personnages prêts à sacrifier la vie des autres à condition d’être eux mêmes immunisés contre le moindre petit risque visant leur auguste personne …..

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