Guillaume Bernard : « François-Xavier Bellamy a réussi une percée incontestable. »
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Guillaume Bernard analyse le lancement de la campagne des LR, qui restent, selon lui, toujours dans "le grand écart", et les différents enjeux des élections européennes selon le score de François-Xavier Bellamy. Les partis (LR et le RN avec Jordan Bardella) sont plus à la recherche de "coups" avec des candidats nouveaux et jeunes que d'« une clarification doctrinale » indispensable.
Après deux semaines, que pensez-vous de la campagne des LR et de sa tête de liste aux européennes, François-Xavier Bellamy ?
C’est incontestablement une réussite. Il a eu les honneurs de tous les médias. Les LR qui, jusque-là, étaient assez absents du débat politique, et en particulier des événements des gilets jaunes, sont revenus sur le devant de la scène.
François-Xavier Bellamy était connu d’un certain milieu, que l’on peut qualifier d’électorat de Valeurs actuelles ou du Figaro Magazine. En revanche, il était plutôt inconnu du reste de la France. Il a véritablement réussi une percée. La nouveauté de sa présence au niveau national est une performance incontestable pour les LR.
François-Xavier Bellamy est, certes, tête de liste, mais la liste des LR comptera d’autres personnalités. Ses deux colistiers sont plutôt de la mouvance Juppé-Pécresse. Les LR vont-ils réussir, dans ces conditions, à dégager une ligne politique claire ?
Je suis un peu dubitatif. François-Xavier Bellamy a, bien sûr, été choisi parce qu’il incarne une droitisation de LR. Mais d’un autre côté, on retrouve encore une fois la stratégie du grand écart, avec la présence d’une pécressiste et d’un juppéiste qui sont là pour le cornaquer. Cela ne va-t-il pas empêcher la liste LR d’avoir un discours clair ?
Je crains malheureusement que les partis politiques ne cherchent plus qu’à faire des coups avec des candidats nouveaux et du jeunisme, plus qu’à opérer une clarification doctrinale. C’est le cas de LR, mais aussi du RN, avec Jordan Bardella. C’est pourtant cette clarification doctrinale qui permet aux électeurs de savoir précisément pourquoi ils votent.
François-Xavier Bellamy, c’est un peu le retour de Sens commun, qui avait été écarté après la défaite de François Fillon. LR peut-il vivre un scénario identique à celui de la présidentielle de 2017?
Il me semble que François-Xavier Bellamy a toujours refusé d’appartenir à Sens commun.
Il est vrai, néanmoins, que son image a été assez liée à cette mouvance. Or, cette mouvance n’a jamais réussi à imposer des éléments doctrinaux à ce parti politique. J’ai toujours été assez dur avec ce mouvement.
Bellamy aura-t-il, cette fois, les coudées franches? Je ne suis pas membre de ce parti, je ne peux donc pas vous répondre de manière précise. En revanche, il est certain que les attaques contre lui, souvent violentes et excessives, montrent bien qu’il y a, dans son propre parti, des gens qui le considèrent comme l’incarnation de cette tendance droite assumée, droite catho, etc. Par conséquent, il y a du tangage. Il y a aussi, sans doute, pour LR, depuis l’émergence du phénomène Macron, le problème de déterminer son positionnement.
LR va-t-il conserver son unité ou, au contraire, éclater? Les européennes seront une occasion de le voir.
Juppé et Raffarin ne vont-ils pas être sur une liste LREM ou apporter leur soutien à la liste macroniste ? Pour l’instant, on ne le sait pas. Mais il n’est pas tout à fait impossible que LR joue sa cohérence sur ces élections, avant même des déchirements pour les élections locales.
La candidature de François-Xavier Bellamy est-elle une mauvaise nouvelle pour Nicolas Dupont-Aignan ? Les LR ne risquent-ils pas de jouer la carte que comptait jouer Nicolas Dupont-Aignan sur une droite plus libérée, plus claire et plus franche ?
C’est certain. L’un des enjeux des européennes est de savoir qui sera devant l’autre. Est-ce que l’électeur catho va voter pour Bellamy ou pour Jean-Frédéric Poisson, qui a fait alliance avec Nicolas Dupont-Aignan ?
Il est certain que, pour Bellamy, l’enjeu est de ne pas se retrouver derrière la liste Nicolas Dupont-Aignan-Poisson et de ne pas faire un score inférieur à son plus mauvais score de ce parti aux européennes : celui de Nicolas Sarkozy en 1999, c’est-à-dire 12,8 %.
S’il fait moins de 12,8 %, ce sera un échec pour Bellamy. S’il fait plus, ce sera une réussite. En tout cas, il ne faut pas, pour lui, qu’il soit derrière Nicolas Dupont-Aignan. Si c’est le cas, il sera certes député européen, mais il jouera le rôle de fusible. Sa carrière politique nationale risque véritablement d’être entamée s’il ne réussit pas à être devant la liste Nicolas Dupont-Aignan-Poisson.
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