Guillaume Bernard : « Marion Maréchal a pris de la hauteur par rapport à la tambouille électorale »
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Le politologue Guillaume Bernard livre son analyse à Boulevard Voltaire au lendemain des interviews de Marion Maréchal et de Laurent Wauquiez.
Comment jugez-vous la prestation de l’ex-députée du Vaucluse et directrice de l’ISSEP ?
Sur la forme, c'était sans doute une prestation qu'elle a jugée importante. On l’a sentie un peu fébrile.
En revanche, sur le fond, elle était attendue au tournant. Elle a entièrement rempli le contrat. Son positionnement était attendu par la majorité des électeurs, des militants et peut-être même des cadres de LR et du Rassemblement national. Par conséquent, elle s’est posée en rassembleuse au-delà des partis politiques. Elle a dit qu’elle ne voulait pas entrer en conflit avec sa tante au sein du Rassemblement national. Elle s’est positionnée au-dessus en disant que le Rassemblement national n’avait pas les capacités à gagner une élection présidentielle. Pour gagner cette élection présidentielle face à Emmanuel Macron, il est nécessaire de faire autre chose, d’aller au-delà et de créer une entente commune. Elle a pris de la hauteur par rapport aux partis politiques actuels et à la tambouille électorale à laquelle on assiste depuis l’élection d’Emmanuel macron.
Hier soir, au journal de 20 heures de TF1, Laurent Wauquiez annoncé sa démission de la présidence du parti des Républicains. La symbolique était là…
Sous la pression de ses petits camarades, qui n’attendaient que cela pour essayer de le trucider, Laurent Wauquiez a quitté la direction de LR. Laurent Wauquiez sort, Marion Maréchal rentre. C’est à la fois un symbole très fort et sans doute un gage d’espoir pour la recomposition de la droite. Il est évident que, sans réorganisation partisane et sans constitution d’une force politique, il n’y aura pas de dynamique pour battre Emmanuel Macron en 2022.
La voie qu’offre Marion est-elle un moyen, pour Les Républicains, de ne pas avoir à choisir entre La République en marche et le Rassemblement national ?
L’heure des choix a sonné, et en particulier pour les municipales. Les électeurs à tendance libérale (au sens philosophique), c’est-à-dire une idéologie subjectiviste pour laquelle il n’y a pas de valeurs en dehors de la rencontre de volontés, vont basculer vers le macronisme. Quant aux autres, ils ont sans doute la possibilité de constituer des listes de rassemblement et d’alliance, des forces vives de la nation pour les élections locales de 2020 et 2021 en abandonnant leur étiquette nationale et en s’appuyant sur leurs expériences locales, sur leurs charismes personnels.
Marion Maréchal a incontestablement ouvert la voie à cette possibilité. Le fait qu’il n’y ait pas d’alliance entre partis politiques, pas de ralliement au Rassemblement national, n'empêche pas la possibilité de constituer une force par l’amalgame sur la base de valeurs communes, pour constituer une force politique nouvelle.
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