Guillaume Canet a un incroyable culot

Guillaume Canet

À l’occasion de la sortie de son dernier film - Acide -, Guillaume Canet était invité sur France 5 dans l'émission « C à vous ». L’acteur a la réputation d’être très engagé dans la cause écologique, et même « éco-anxieux ». C’est, du reste, ce que tend à prouver son dernier rôle : Acide, film franco-belge réalisé par Just Philippot, a été présenté hors compétition à Cannes. Le HuffPost y a vu « un thriller sur l’urgence climatique aussi angoissant que réaliste » ; après une période de canicule, des pluies acides meurtrières tombent soudain sur la France, semant le chaos. Guillaume Canet campe un réfugié climatique (français, donc) qui tente de fuir avec sa femme et sa fille vers des horizons plus cléments. Pas besoin d'un dessin pour comprendre la philosophie sous-tendue.

Guillaume Canet ne veut pas qu’on dise de lui qu’il est un militant politique…

Pour autant, Guillaume Canet ne veut pas qu’on dise de lui qu’il est un militant politique. Il déplore qu’aujourd’hui, il y ait « un besoin de coller une étiquette sur les gens ». Il prétend « être simplement un citoyen » : « Ce qu’il vote le regarde. » Guillaume Canet dit prendre pour modèle Belmondo. Pour illustrer son propos et enfoncer le clou, « C à vous » a exhumé des images de l’INA [Institut national de l'audiovisuel, NDLR], un entretien mené par Jacques Chancel où Belmondo se confie sur la politique : « Si je fais de la politique, je la fais en privé, je ne m’en sers pas dans mon métier, je suis contre les acteurs qui font de la politique […] je joue pour tous les publics, les communistes, les royalistes, tout ce qu’on veut. Je ne vais pas influencer les gens. »

Guillaume Canet, donc, ne veut pas influencer les gens, ce qu’il vote le regarde… mais bien sûr. Ce qu’il vote le regarde tellement qu’entre les deux tours de la présidentielle, il a signé, aux côtés de 500 autres artistes, une tribune proclamant urbi et orbi qu’il voterait « sans aucune hésitation » Macron. Pardon bien, il ne s’agissait pas de politique mais d’éthique, les chéris, comme dirait Cyril Hanouna. « Nous ne pouvons imaginer, à la tête de la France, une candidate dont le programme reste celui de la xénophobie et du repli sur soi », martèle la tribune collective. À l’instar de ses comparses, Guillaume Canet a d'ailleurs voté du bout des doigts. On comprend vite, en lisant le texte collectif, qu’il s’agissait d’un choix par défaut, ils auraient préféré un autre candidat commençant par la même lettre et finissant par le même son - mais si, cherchez bien -, bien plus radical mais, hélas, éliminé.

S’ils n’étaient « que » de gauche… mais ce sont de bruyants et sentencieux militants.

Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu - restons dans le cinéma - pour mériter cela ? S’ils n’étaient « que » de gauche… mais ce sont de bruyants et sentencieux militants au prosélytisme aussi lourdingue qu'implacable. Louis de Funès était catholique traditionaliste, ne manquait jamais la messe de requiem pour Louis XVI le 21 janvier - il ne dédaignait pas, d’ailleurs, l’autodérision, sérieux comme un pape sous la cornette de sœur Marie-Cruchotte (« qui revient de Terre-Neuve et a pris froid en évangélisant les esquimaux ») -, et pourtant, il faisait rire toute la France réunie. Des communistes aux royalistes, aurait-il pu dire comme Belmondo. Il connaissait et appréciait Georges Marchais. Même s’ils ne partageaient pas (du tout) les mêmes idées, un infarctus la même année (1975) les avait rapprochés. Ils se téléphonaient, dit-on, souvent et longuement. À l’ère du cordon sanitaire, imagine-t-on Guillaume Canet, peu ou prou de la même génération que Marine Le Pen, nouer telle amitié de circonstance avec la présidente du RN ?

Une question demeure : pourquoi, soudain, Guillaume Canet n’assume-t-il plus ses engagements tonitruants ? Pour quelle raison tablant sur la mémoire de poisson rouge des téléspectateurs veut-il leur faire gober qu’il n’est pas un militant ? Sentirait-il confusément que la désertion des salles obscurse, le désamour pour le septième art ne sont pas complètement étrangers à cette pesanteur idéologique… Alléluia !

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

48 commentaires

  1. Il est comme les caméléons, il change de peau et changera de peau selon le temps , médiatique ou politique. Normal pour un comédien. Et bien fol qui s’y fie.

  2. Dans ce monde des saltimbanques 95% sont de gauche voire d’extrême gauche.
    Les quelques exceptions sont vite mises au banc du microcosme du spectacle. Sachant que nombre d’entre eux sont payés AVEC et GRACE à nos impôts à travers la fameuse exception française qui consiste à abreuver ce milieu de subvention d’état.

    • Saltimbanques , c’est le mot exact . Jadis, ils avaient droit à une place dans la cour dans le foin, éventuellement un bol de soupe s’ils faisaient rire ( élégamment ): bien suffisant..

  3. Tous ces personnages du show biz ne savent plus quoi faire pour être populaire jusqu’à maintenant j’aime bien certains de ses films . Cela me fait penser à Jean Dujardin dans ces colonnes qu’il ne veulent pas être assimilés à quelconque partis mais qui ont une moraline rose qu’ils ne manque pas d’être du côté des vents porteurs business oblige!!!

  4. Guillaume Canet à l’inverse de Bemondon n’existe que par les médias lui faisant sa promo et est payé en grande partie par les subventions liées à l’exception culturelle. Et ces médias en retour lui demande d’être le serviteur de toutes les causes qui intéressent la gauche, en priorité. Même si tout le monde s’en fout ! Tous ces « artistes » militants nous fatiguent et si ils sentent le vent tourner , c’est tant mieux. Alleluïa !

  5. « J’estime que les artistes sont là d’abord pour divertir les gens. » Tiens donc ! Il faudrait qu’il en parle à sa Marion, qui n’hésite pas à donner des leçons de morale.

  6. Il est inconscient pour oser se comparer au Grand Bébel , il se sert justement de sa position pour véhiculer ce qu’il y a de pire alors qu’il devrait jouer les absents de ce côté là et comme une crêpe , il est vite retourné , le vent est changeant .

  7. Ne pas afficher sa couleur pour mieux pouvoir naviguer, s’est être opportuniste. De ce fait Canet a toute sa place dans cette émission.

    Victorine31

  8. Je ne connais pas les options politiques de G.Canet car comme beaucoup de ses coreligionnaires elles sont à géométrie variable, mais il a bien compris que , aujourd’hui , pour réussir il faut être de gauche, comme autrefois on disait: »il faut coucher »; Autrefois ? …à voir.

  9. On se fout de la vie de ces gens là comme ils se foutent de la notre , ils vivent sur une autre planète, il faut arrêter d idolâtrer des gens qui se prennent pour des demi dieu, c est fini cette époque , donnons leur moins d importance ils disparaîtront d eux mêmes et de leur monde caviar

  10. Bof, le subventionné est une des plaies françaises mais il impose des figures de style. L’écolo était de mise avant que le parti politique qui en revendique l’exclusivité ne soit plus crédible aux yeux des français, donc…

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