Guy Drut chez LR-RN : les anti-ciottistes, mélange instable menacé d’implosion

Éric Ciotti

C’est, aujourd’hui, le parti le plus fragile du spectre politique. Ceux parmi Les Républicains qui n'ont pas suivi Ciotti, après la campagne pourtant valeureuse de Bellamy, sont aujourd’hui moins proches du succès que du mélange instable, explosif à tout instant. Le président Éric Ciotti vient d’investir 62 candidats sous la bannière de l'union des droites LR-RN. Lui et ses partisans sont, désormais, à l’abri des secousses, arrimés au premier parti de France. Ciotti en profite pour canonner les compromissions de l’autre branche LR avec la Macronie et ses alliés, compromissions réelles pour certains (lire l’article de Clémence de Longraye), supposées pour d’autres et vraisemblables, enfin, pour les derniers. Lâchés par la quasi-totalité des cadres et une petite moitié des électeurs LR, selon les sondages, mais assurés d'avoir des élus, les ciottistes attendent la fission qui fragmentera à nouveau LR : « Il n’y aura pas de second tour sans alliance avec Renaissance », tranche Bernard Carayon, ancien député, maire de Lavaur et père de Guilhem Carayon, joint par BV. Comme son fils, il soutient sans réserve la démarche de Ciotti et se réjouit que l'ancien ministre « Guy Drut partage cette analyse, que ce grand sportif et ce gaulliste incontestable nous rejoigne ». Pour les ciottistes, la situation est simple. Soit les candidats LR anti-ciottistes aux législatives bénéficient du soutien de Renaissance, soit ces candidatures seront isolées, symboliques, avec un potentiel de quelques points en moyenne nationale. La trahison ou l'échec, en somme. Bernard Carayon dénonce ainsi, chez les anti-ciottistes, « une jolie hypocrisie et un maquillage délicat », lorsqu’ils refusent cette perspective. Les plus de 30 % du RN aux européennes ont bouleversé la donne.

« Un tremblement de terre tellurique »

Avant le premier tour du 30 juin, LR, héritier d’un parti de gouvernement exclu du pouvoir depuis 2012, peut encore faire illusion. Mais après la dissipation des brumes de la campagne le 1er juillet, ce sera plus compliqué. « La droite gaulliste n’a pas vocation à devenir le Parti radical, soit un parti de notable et d’élus, ou un parti de bascule », dont l’apport à droite ou à gauche de l’Hémicycle permet de faire les majorités, tranche encore Bernard Carayon.

Au fond, les ciottistes reprochent à leurs anciens camarades LR anti-ciottistes de s’être trompés de côté ou d’époque. Ils se sont trompés de côté s’ils se sentent davantage d’affinités avec le parti présidentiel qu’avec la réalité du peuple de droite en 2024, dominé par le RN. Ils se sont trompés d’époque s’ils refusent de tenir compte du choc des élections européennes et de la partition du paysage politique, désormais, entre un RN salué par Serge Klarsfeld et le Front populaire de l’autre, dans lequel on retrouve François Hollande, Philippe Poutou, les députés de la NUPES, Rima Hassan et un fiché S. Au milieu, le parti gouvernemental est très affaibli. « C’est un tremblement de terre tellurique (sic), lance Bernard Carayon, la fin d’un schéma vieux de quarante ans. La diabolisation saute sous la pression populaire. »

Les regards se tournent vers les LR de droite

Pour l’instant, Ciotti paraît isolé, à l’écart du long défilé des ambitions LR qui pensent être capables d’élargir, un jour, le petit troupeau des électeurs. Pour combien de temps ? Tous les regards se tournent vers les LR de convictions, les LR de droite. Des personnalités plus proches, quoi qu’elles en disent, des idées du RN sur de nombreux sujets (autorité de l’état, immigration, etc.) que de celles de la majorité macroniste se sont embarquées dans l’aventure anti-ciottiste. Parmi eux, François-Xavier Bellamy, Bruno Retailleau, Céline Imart (numéro deux sur la liste LR aux européennes, qui avait soutenu Ciotti dans un premier temps avant de revenir sur son soutien) ou encore David Lisnard, Nadine Morano, Valérie Boyer, la sénatrice des Bouches-du-Rhône, et bien d’autres. Dans quinze jours, après le premier tour, les LR de droite devront avaliser ou non les stratégies d’alliance des LR macrono-compatibles, symbolisées par un Xavier Bertrand. Assumer ou non un soutien à Emmanuel Macron, avec les risques que cela comporte. Pour ceux que la presse appelle, désormais, « les chapeaux à plume », le temps est proche où il faudra choisir, pour ou contre le redressement de la France.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

62 commentaires

  1. L’initiative de Ciotti l’honore (même si elle n’est pas exempt de calcul). La coalition de la droite patriote se met en place, enfin (je pense en particulier à Nicolas Dupont-Aignan qui se bat depuis tant d’années dans ce but).
    Guy Drut prend parti urbi et orbi, c’est courageux. On notera qu’il n’appartient pas au clan des footeux qui viennent nous faire la leçon.
    C’est l’heure de la réflexion et de l’engagement. Si on lit bien les diverses professions de foi et les programmes qui les accompagnent, le choix est simple pour l’électeur qui refuse de participer à la destruction de la France, destruction bien engagée depuis des lustres. Français, allez voter, pensez à vos enfants et à l’avenir du pays et faites le bon choix.

    • Si le RN arrive à la majorité absolue, faudra pas trembler et aller au clash contre tous ces clans dits constitutionnels mais engagés pour leurs prébendes contre le peuple qu’ils méprisent. Haut les cœurs pour la France !

  2. Il faut une alliance RN LR pour gouverner notre pays et le sortir du trou ou l’a enfoncé Maron .

  3. Il faut en finir avec les carriéristes LR qui ont largement contribué au désespoir des français de droite, seule l’union des droites pour le redressement de notre pays doit être l’objectif : les anti-Ciotti vont disparaître et ce sera bon pour la France

  4. Que les fromages et les français de papier se rassurent macron soutiendra l’extrême gauche pour nous empêcher de redresser la France . La gauche du capital en pleine action . Voyez le rire sordide de ce non président. Ce sera le cadeau pour les racailles, casseurs, rastas , cafeurs , débiles mentaux et islamistes.

  5. Le mélange va exploser, s’éparpiller façon puzzle. Chacun prétendra rallier derrière sa plume tout en refusant de porter le chapeau.

    • Le vent souffle vers la droite patriote depuis quelques années , les derniers échecs du macronisme avec la crise agricole et le pouvoir d’achat des français en berne ont concrétisé cette bascule. Ceux qui ne prennent pas le train à l’heure sont condamnés à rester sur le quai .

  6. Charles Millon se réjouit de ce rapprochement lr rn .
    Enfin la vraie droite.
    Ancien Ministre de la Défense de Jacques Chirac, Charles Millon a été le premier de sa famille politique à tendre la main au Front National. Si l’ancien ministre regrette le blocage de la droite à l’époque, il espère que cette coalition entrainera à l’avenir « un programme commun et « la mise en place d’actions conjointes. Il a notamment lancé une plate-forme dont le but est justement d’aider les candidats aux élections législatives à mener campagne.

  7. Bravo à Drut de rompre ce diktat du B’nai Brith qui paralyse notre élite politique depuis 35ans. Melenchon lui-même l’a rompu à sa manière (ses frères du GO ne l’approuvent pas)

  8. Il voulait aller chez Zemmour, Après il a léché les bottes de Macron, et vous avez déjà vu la posture de ce mec là chaque fois qu’il est filmé ? c’est quoi toutes ces merdes dans cette minable et bien trop grosse politique ? une sale bande de voyous et d’escrocs qui n’en ont que pour leurs places et les particularités Républicaines, les grosses bouffes et les grosses rentes. Comment encore aller voter pour toute cette racaille de gauche ou de droite avec tous leurs promesses irréalistes ? Sans oublier cette grosse boue médiatique avec ses sondages et ses intervenants sui manipule toutes les informations. Mais hélas quand j’observe le comportement des Français et surtout de tous ces cons en vélo qui ne respectent rien ni personne dont certains se disent encore écolos je me dis que c’est la logique l’image de la République et des politiques et que cette République n’a que ce qu’elle mérite.

    • Je pense la même chose que vous,mais je surmonte mon aversion, car si la bande de gauchistes mène l’affaire dans les prochaines années, alors ce sera le désespoir.

  9. Que les LR de toutes tendances arrêtent de s’autoproclamer ’gaullistes” , depuis Chirac, ils ont tout lâché, tout vendu à l’Europe, et se sont beaucoup compromis . Il est normal que cet attelage disparaisse .

  10. Hilarant ! Tout ceux qui ont trahi et re-trahi LR ( et ses électeurs) crient à l’abomination. Ils ont 30 ans de retard et 50 élections perdues. Ciotti a le courage de mettre en place la proposition, visionnaire, de Charles Pasqua. Sauf qu’aujourd’hui c’est les LR qui vont se faire bouffer.

  11. Sur Cnews hier soir, le toujours brillant Mathieu Bock-Coté remarquait que, quand bien même le RN disposerait d’une majorité absolue, l’état profond refuserait de se montrer loyal envers le gouvernement élu. Par exemple, les magistrats continueront de n’en faire qu’à leur tête. Idem pour les médias. Même le journal L’Equipe fait de la politique… Des hauts fonctionnaires de l’Education Nationale ont d’ores et déjà indiqué qu’ils refuseraient d’appliquer les directives d’un gouvernement RN. Moscovici est même allé jusqu’à affirmer que la Cour des Comptes pourrait constituer un refuge (sic) pour hauts fonctionnaires en disgrâce. Depuis Mai 81 ces apparatchiks pillent la France. Ils ne souhaitent rien moins que de pouvoir continuer à le faire tranquillement, à grands renforts de subventions à des assoces amis et autres cultureux dispensant la bonne parole. Bref, une victoire de la droite serait en réalité insuffisante pour secouer un cocotier de privilèges obtenus grâce à la sécurité offerte par l’emploi garanti à vie aux fonctionnaires.

    • Un gouvernement élu qui ne saura pas d’imposer est le risque qui pend au nez de la nouvelle majorité. A commencer par la « majorité » actuelle avec ses 15-25 % qui s’appelle encore ainsi tout à fait officiellement dans les médias. A mettre au gout du jour aussi la magistrature, les médias, les gens du spectacle, les sportifs, etc beaucoup de monde, mais je suppose que les gens du RN ont des idées et des plans pour les réduire chacun à son rôle et il y a du travail quand j’entends le fameux Attal qui devrait être neutre mais attaque de front (sic) ce qu’il appelle extrême droite.

    • Cette victoire serait certes insuffisante le temps de la cohabitation, mais elle pourrait freiner les avancées « européistes » du gouvernement Macron ainsi que sa politique anti-France. Ceux qui n’ont pas compris que si par bonheur le RN gagnait ces législatives, J. Bardella ne sera pas entièrement décisionnaire (même avec la majorité absolue ) et que ce n’est pas en ce si court laps de temps jusqu’aux présidentielles, qu’il pourra faire des miracles… 30 ans de sabordage du pays ne se répare pas comme par un coup de baguette magique! Bravo à l’Union des droites

    • Si le RN arrive à la majorité absolue, faudra pas trembler et aller au clash contre tous ces clans dits constitutionnels mais engagés pour leurs prébendes contre le peuple qu’ils méprisent. Haut les cœurs pour la France !

    • Monsieur Bock-Coté a sans doute raison malheureusement, mais il n’en demeure pas moins que ce sera encore bien pire si on garde la bande à Macron et la catastrophe avec le « nouveau front populaire ».

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