Abaya et masque sanitaire, l’art et la manière de contourner la loi

CARREFOUR-MAGHREB

Tout commerçant le sait. Il lui faut, sauf à encourir lui-même une amende, afficher dans son commerce deux panneaux : celui de la sécurité incendie et l’affiche gouvernementale intitulée « La République se vit à visage découvert ».

Comme le rappelait ici Sarah-Louise Guille, la loi du 11 octobre 2010 stipule que « dans tous les lieux publics : voies publiques, transports en commun, commerces et centre commerciaux, établissements scolaires, bureaux de poste, hôpitaux, tribunaux, administration… Nul ne peut, dans l’espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage ». C’est donc pour contourner cette loi que la « veste-cagoule » est devenue un indispensable de la mode marseillaise, mais ce n’est pas le seul élément vestimentaire détourné de son usage.

En dix ans, le port du voile a explosé

On constate en effet que de plus en plus de femmes, qu’on suppose de confession musulmane, contreviennent aussi à la loi grâce à un artifice subtil : le port d’un masque sanitaire noir sous l’abaya. La pratique se répand à grande vitesse, au point que la presse commence à s’en faire l’écho.

En octobre dernier, c’est 20 Minutes qui s’en inquiétait. Dans un papier titré « Dealers, femmes voilées, casseurs – Quand l’usage du masque est détourné », un docteur en sciences sociales osait se lancer dans une analyse risquée : « Lorsqu’une personne porte un masque sanitaire, ses intentions restent ambiguës. » En l’occurrence, on ne voit guère où se situe l’ambiguïté. C’est clairement pour se dissimuler le visage. Et au train où vont les choses en matière de voile, hijab et autre abaya, on ne serait pas plus étonné de voir bientôt apparaître des burkas.

Là encore, l’argument est savamment amené. Ainsi, le site neyssa-shop.com, spécialisé dans la mode islamique, nous explique que « le hijab est la couronne des femmes musulmanes, un véritable symbole de grâce et de modestie éternelles ». C’est aussi un commerce qui fleurit sur Internet où des marques chinoises comme Shein, Temu ou Etsy proposent même des tenues islamiques pour bébés.

Une enquête sur les pratiques religieuses en France, menée en 2023 par l’INSEE et l’INED et reprise par Le Figaro, révélait que le port du voile chez les femmes musulmanes a littéralement explosé, au cours des dix dernières années : +55 %. Entre 18 et 49 ans, la proportion de celles qui le portent est passée de 18 à 28 %, et c’est parmi les 25-34 ans que cette pratique est la plus répandue pour les descendantes d’immigrés.

Le « marché de Provence » n’est plus qu’un lointain souvenir

La chose n’est peut-être pas perceptible pour la classe politique qui vit entre l’Élysée et Matignon, mais pour le commun des mortels ordinaires, il est évident que la France s’islamise à grands pas. Ici, à Toulon, port militaire où plus un marin n’arbore l’uniforme – désormais interdit hors cérémonies, car considéré comme une « provocation » –, c’est ne pas porter le voile qui devient par endroits une rareté.

Ici, comme dans de nombreuses villes en PACA, le masque sanitaire noir vient le plus souvent compléter la tenue des femmes en noir. En ce premier jour de ramadan, elles sont nombreuses à descendre le marché du cours Lafayette en grande tenue : abaya, gants noirs et, pour certaines, masque noir. La grippe fait sans doute des ravages...

On est bien loin du marché de Provence que chantait Bécaud, loin de « l’accent qui se promène et qui n’en finit pas », entre le thym de la garrigue et le kilo de figues… Bien loin du français, tout simplement, car on y entend surtout parler l’arabe.

Certes, l’hiver est encore là et quelques marchands de produits locaux reviendront sans doute à l’été, mais les étals français ont disparu les uns après les autres, remplacés par des commerçants venus de l’autre côté de la Méditerranée. En compétition pour « le plus beau marché de France », en 2021, le cours Lafayette avait tenté de redorer son blason. Peine perdue. Comme l’écrivaient alors des internautes, sur la page Facebook de la ville : « Ce marché provençal n’a plus rien à voir avec notre marché d’avant. Maintenant, j’évite d’y aller, je n’ai plus l’impression de me trouver en France. Et je ne suis pas le seul à l’éviter. » Ou cet autre, qui déplorait : « Quand je vois l’actuel marché de Toulon, il me fait plutôt pleurer et je préfère ne pas dire pourquoi… »

Sur le cours comme sur la place du Mûrier, les terrasses des cafés sont occupées exclusivement par des hommes. Les samedis et dimanches matin, ils viennent avec leurs fils ; jamais leurs filles ni leurs épouses. Elles, elles poussent un peu plus loin, jusqu’au centre commercial Mayol et son supermarché Carrefour dont le rayon halal ne cesse de s’étendre. Seule une petite allée est aujourd’hui réservée aux produits du monde quand toutes les allées adjacentes sont destinées au Maghreb.

La grande distribution doit s’adapter à sa clientèle, nous dit-on. Au rythme où cette clientèle particulière se développe à Mayol, il n’y aura bientôt plus qu’elle. C’est ainsi qu’on fabrique des ghettos.

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Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

2 commentaires

  1. Je ne sais si je suis avant-gardiste mais ça fait longtemps que je prédisais que le masque serait utilisé autrement que pour un but proprement sanitaire. On y est. Et c’est ainsi que la laïcité est bafouée et inutile de se voiler la face, les Tribunaux n’y pourront rien, on a donné le bâton pour se faire battre. Mesurons notre naïveté et notre impuissance.

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