Harcèlement : l’indignation de Gabriel Attal calquée sur celle de… l’UNESCO

Gabriel Attal

Les médias de France et de Navarre s’inquiètent tous au même moment du harcèlement scolaire. Et pour cause : Élisabeth Borne et Gabriel Attal présentaient, ce mercredi, en Conseil des ministres, un plan interministériel destiné à lutter contre ce fléau. Le ministre de l’Éducation nationale en fait même sa « priorité absolue », devant l’Assemblée nationale.

Priorité absolue ? Devant les violences contre les professeurs, la chute générale du niveau, les lycées en flammes, les trafics ? Admettons. Qui s’élèvera sur le fond contre cette mobilisation ? Les professeurs le disent : les élèves sont plus fragiles, plus sensibles, plus exposés aussi, appuyés sur des familles explosées. Le cyber-harcèlement, notamment, peut être destructeur pour un enfant. Les mesures envisagées feront l’unanimité ou presque, tant elles paraissent de bon sens : bannissement durant six mois des réseaux sociaux pour les coupables, couvre-feu numérique, confiscation du téléphone portable. Des brigades anti-harcèlement devraient patrouiller dans chaque académie, psychologues et fonctionnaires formés à la clé. Tant pis si l’Éducation nationale compte déjà moins de fonctionnaires devant les élèves que certains de ses voisins, comme l’Allemagne par exemple. Tous les articles rappellent les suicides dramatiques d’élèves harcelés : Nicolas, 15 ans, à Poissy, le 5 septembre ; Lindsay, 15 ans, dans le Pas-de-Calais, en mai ; Lucas, 13 ans, en janvier ; Céleste, en novembre 2021. Une députée témoigne de son expérience à l’Assemblée.

Offensive mondiale

Non, ce qui étonne, c’est moins le fond que la manière et le moment. C’est moins la lutte légitime contre le harcèlement scolaire que l’orchestration de notre indignation. Tout cela paraît bien huilé, bien rodé. Et pour cause. Les déclarations de nos responsables et la médiatisation de cette lutte s’inscrivent, en l’occurrence, dans le calendrier précis d’une offensive mondiale. Une forme de morale appliquée au monde libre qui impose ainsi ses thématiques, son programme, ses problématiques et ses solutions.

Dès 2019, l’UNESCO, relayé par l’ONU, tirait la sonnette d’alarme. « Les enfants sont confrontés à la violence et au harcèlement à l'école partout dans le monde, un élève sur trois étant victime d'attaques au moins une fois par mois, et un sur dix d'une cyberintimidation, a déclaré l'ONU, jeudi, à l’occasion de la première Journée contre le harcèlement et les violences en milieu scolaire. » La violence et le harcèlement à l’école sont un problème mondial majeur, insistait l’ONU, en 2019, en citant l’UNESCO.

L’Europe embraye sagement derrière la campagne de l’UNESCO. Le site du Conseil de l’Europe, d'accord en cela avec Gabriel Attal, précise que « c’est l’une des priorités actuelles » : « C’est pourquoi le Conseil de l’Europe promeut des programmes scolaires d’éducation aux droits de l'homme et à la citoyenneté pour faire face à la violence et au harcèlement à l'école, précise l'organisme. Ces programmes reposent sur les principes énoncés par la Charte du Conseil de l’Europe sur l’éducation à la citoyenneté démocratique et l’éducation aux droits de l’homme, qui a été adoptée par les 46 États membres du Conseil de l’Europe. »

États-Unis et Canada

L’Union européenne travaille depuis longtemps ce dossier : « La Direction de la citoyenneté démocratique et de la participation, qui coordonne les efforts du Conseil de l’Europe en matière de lutte contre le harcèlement, a élaboré tout un ensemble d’outils pour lutter contre ce fléau », écrit le Conseil de l'Europe. Film, brochures, tout est prêt. « En vertu de la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, les écoles ont l’obligation formelle de protéger les enfants contre toute forme de violence, qu’elle soit physique ou psychologique », assure un des multiples documents de l’Europe consacrés à la question.

Sur le harcèlement scolaire, les États-Unis et le Canada ont ouvert la marche. Le Canada a sa journée anti-harcèlement, le 28 février. La France détermine aussi, chaque année, une journée anti-harcèlement en novembre, relayée dans toutes les académies, y compris celle de Versailles, pourtant mise en cause récemment.

En France, c’est l’ancien ministre Najat Vallaud-Belkacem qui a ouvert la marche. Objectif : « Lutter contre le harcèlement à l’école qui touche, chaque année, 700.000 de nos élèves. 700.000 enfants qui souffrent au quotidien de brimades, de moqueries, de mises à l’écart, voire de violences physiques. » Jean-Michel Blanquer avait déjà lancé le plan anti-violence pHARe [programme de lutte contre le harcèlement à l'école, NDLR]. Question : où commence et où s’arrête le harcèlement ? Demain, une élève moquée pour son abaya sera-t-elle victime de harcèlement ?

Relais de communication

Au-delà, le constat est clair : ce qui aurait pu être un bel élan d’indignation d’un ministre et d'un pays n’est que le fruit d’une campagne mondiale docilement déclinée par la France. La politique au temps du mondialisme ? Un simple relais de communication des organismes mondiaux, avec les risques d’inadaptation aux particularismes de la société française que cela comporte.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

26 commentaires

  1. Cette convergence de vues entre Unesco et la France n’est évidemment pas un hasard; n’y aurait-il pas « là-dessous » le constat que le harcèlement serait finalement orientée contre la théorie du genre, certains élèves, excédés par les cours sur le phénomène transgenre ou homosexuel auraient décidés de se « moquer « de façon exagérée des suiveurs;! Pour éviter ce développement qui va à l’encontre du but recherché , Unesco et Attal auraient décidé de s’attaquer au phénomène de l’arroseur arrosé

  2. Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Réjouissons-nous de cette volonté affichée de lutte légitime contre le harcèlement scolaire, cf : Objectif : « Lutter contre le harcèlement à l’école qui touche, chaque année, 700.000 de nos élèves. 700.000 enfants qui souffrent au quotidien de brimades, de moqueries, de mises à l’écart, voire de violences physiques. »

    Mais méfions-nous (toujours) de l’orchestration de notre indignation. Et restons vigilants sur cette offensive mondiale, relayée par la bonne élève de l’Union européenne qui travaille depuis longtemps ce dossier…

    Interrogeons aussi nos dirigeants sur une autre forme de violence, celle faite en France aux enfants « à naître », violence que nos gouvernants ne veulent pas voir, dont ils ne veulent pas entendre parler. Un chiffre vient de tomber (source : Alliance Vita) : en 2022, 234 300 vies humaines ont été interrompues l’an dernier en toute légalité.

  3. Le nouveau ministre a la volonté d’éradiquer le harcèlement comme Mme Méloni en Italie a la volonté de stopper les migrants. Le hic, c’est la loi, qu’elle soit nationale ou imposée par l’UE. Il y a bien des solutions mais juridiquement difficiles à mettre en œuvre. Alors on va refiler la « patate chaude » d’une école dans une autre école. Mais soyons sans crainte mais angoissés : la commission européenne travaille sur le sujet… depuis longtemps, et même l’ONU qui semble avoir des idées sur ce sujet comme sur tant d’autres d’ailleurs.

  4. pour le moment, les paroles sont dites et les sujets abordés… maintenant attendons les actes qui mettent effectivement en place les sanctions annoncées…. Après il sera temps de juger si tout çà n’était que de l’esbrouffe !De toute façon, il y a tant de sujets qui dis fonctionnent, il faut bien commencer par un bout – Perso, je ne condamne pas  » à priori », mais je reste vigilante là comme sur bien d’autres sujets brûlants.

  5. Tout le monde s’agite mais les solutions sont aléatoires. Déplacement d’un harceleur? Il risque de contaminer d’autres . Sanctions familiales ? Elles risque d’aggraver le phénomène .le harceleur et peut être une victime qui souffre d’affection . La priorité consiste à faire prendre conscience aux parents que des sanctions doivent s’appliquer pour leur bien. Centre d’éducation avec en partie le paiement d’une pension pour les obliger à prendre leurs responsabilités face à l’éducation de leurs progénitures . Les harceleurs peuvent devenir de futurs délinquants

  6. Toujours des mots, des phrases, des ouvrages aux titres ronflants, mais en fait tous ces gens-là ne font que se donner bonne conscience.

  7. UNESCO… ONU ( le « machin » dixit le Général ) ; hum… Attendons, là aussi afin de savoir si parler est équivalent à agir ( « nous avons abordé le sujeut, nous l’avons évoqué, nous en avons parlé » = donc c’ est réglé ! ? ).

  8. Vous savez ce que je pense? Quand un ministre déclare « faire sa priorité absolue » d’un problème, c’est d’abord preuve que sa maîtrise du sujet n’est pas évidente, qu’on n’est pas sûr de lui, qu’il n’est pas sûr d’être cru… Avant lui, Pape N’Diaye a fait la même chose, concernant le respect de l’identité du genre. D’ailleurs, vous remarquerez que la dernière mesure « forte » (exagérée, en plus!) concernait une victime du harcèlement à l’égard de sa nature trans…

  9. Je préconiserais des mesures qui ne rentreraient pas dans le cadres de celles de l’INESCO ,c’est à dire des punitions extrêmement dissuasives contre ceux qui se rendraient coupables d’harcèlement ainsi que leurs parents qui devraient être responsabilisés . Ils ne peuvent laisser dans les mains de leurs enfants des instruments qu’ils me peuvent eux mêmes maitriser. Et les sites qui les favorisent aussi . Comment peuvent ils permettre que cela passe par eux tout en voulant restreindre la strict liberté d’expression pour d’autres?

  10. Et qui va faire respecter ces « nouvelles directives »? Comme d’habitude beaucoup de bruit pour rien!: qui va pouvoir « confisquer le téléphone d’un ado, sans subir des représailles ? que du blabla comme d’habitude !

  11. Cette fougue d’Attal paraîtrait louable si elle n’était… comment dire… macronienne. A savoir du vent, de l’esbrouffe, comme les indignations darmanesques vis à vis de l’immigration et ses méfaits quotidiens. La priorité absolue d’un ministre de l’EN devrait être d’apprendre à lire, écrire et compter correctement aux futurs bacheliers.
    Et la seule façon de lutter efficacement contre le harcèlement serait d’interdire totalement les téléphones connectés aux réseaux sociaux, qui causent des ravages à tout âge, pas seulement dans les écoles. Donc, impossible de nos jours de lutter efficacement contre le harcèlement, le petit Attal le sait, mais il faut que Macron remonte dans les sondages !

    • Oui, et la première mesure de cette mesure, c’est le levé absolu de l’anonymat sur les réseaux « dits » sociaux.

  12. Question : Pourquoi les enfants harcelés utilisent-ils leur tel portable et pourquoi sont-ils abonnés à des saloperies comme Tik toc ou Instagram ? Et surtout, pourquoi, à un âge de plus en plus jeune, possèdent-ils en tel portable ? Le problème ne commence-t-il pas par la suppression du tel ? À tout le moins ne faudrait-il pas restreindre celui-ci à des accès basiques ?

  13. « Au-delà, le constat est clair : ce qui aurait pu être un bel élan d’indignation d’un ministre et d’un pays n’est que le fruit d’une campagne mondiale docilement déclinée par la France. La politique au temps du mondialisme  » …

    Et « ça » fait longtemps que cela dure ! … Les constats sont faits par une minorité qui est tout de suite taxée de « fachos » ou à minima de « complotistes » … Certains pays vont imploser avant d’autres ! ….

  14. Heureusement en France nous avons une borne pour baliser le chemin !

    C’est article semble vouloir nous dire que Gaby ne serait pas le ministre que l’on croit mais un simple comédien comme son patron !
    Ceci expliquerait pourquoi le pap a été viré, pour briller auprès de l’onu…

    • Bien au contraire, comme expliqué dans l’article, tout est très bien huilé, comme pour les crises climatiques, sanitaires, et j’en passe ! C’est la mise en place et la soumission à une gouvernance mondiale, qui ne nous veut pas le plus grand bien et qui s’occupera de tous les aspects de nos vies, très loin de nos préoccupations quotidiennes et de l’intérêt des peuples….Amen…

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