Harcèlement : l’indignation de Gabriel Attal calquée sur celle de… l’UNESCO
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Les médias de France et de Navarre s’inquiètent tous au même moment du harcèlement scolaire. Et pour cause : Élisabeth Borne et Gabriel Attal présentaient, ce mercredi, en Conseil des ministres, un plan interministériel destiné à lutter contre ce fléau. Le ministre de l’Éducation nationale en fait même sa « priorité absolue », devant l’Assemblée nationale.
"Je ne reculerai devant rien": Gabriel Attal assure que la lutte contre le harcèlement scolaire est sa "priorité absolue" pic.twitter.com/56hCpa1VVd
— BFMTV (@BFMTV) September 26, 2023
Priorité absolue ? Devant les violences contre les professeurs, la chute générale du niveau, les lycées en flammes, les trafics ? Admettons. Qui s’élèvera sur le fond contre cette mobilisation ? Les professeurs le disent : les élèves sont plus fragiles, plus sensibles, plus exposés aussi, appuyés sur des familles explosées. Le cyber-harcèlement, notamment, peut être destructeur pour un enfant. Les mesures envisagées feront l’unanimité ou presque, tant elles paraissent de bon sens : bannissement durant six mois des réseaux sociaux pour les coupables, couvre-feu numérique, confiscation du téléphone portable. Des brigades anti-harcèlement devraient patrouiller dans chaque académie, psychologues et fonctionnaires formés à la clé. Tant pis si l’Éducation nationale compte déjà moins de fonctionnaires devant les élèves que certains de ses voisins, comme l’Allemagne par exemple. Tous les articles rappellent les suicides dramatiques d’élèves harcelés : Nicolas, 15 ans, à Poissy, le 5 septembre ; Lindsay, 15 ans, dans le Pas-de-Calais, en mai ; Lucas, 13 ans, en janvier ; Céleste, en novembre 2021. Une députée témoigne de son expérience à l’Assemblée.
Offensive mondiale
Non, ce qui étonne, c’est moins le fond que la manière et le moment. C’est moins la lutte légitime contre le harcèlement scolaire que l’orchestration de notre indignation. Tout cela paraît bien huilé, bien rodé. Et pour cause. Les déclarations de nos responsables et la médiatisation de cette lutte s’inscrivent, en l’occurrence, dans le calendrier précis d’une offensive mondiale. Une forme de morale appliquée au monde libre qui impose ainsi ses thématiques, son programme, ses problématiques et ses solutions.
Dès 2019, l’UNESCO, relayé par l’ONU, tirait la sonnette d’alarme. « Les enfants sont confrontés à la violence et au harcèlement à l'école partout dans le monde, un élève sur trois étant victime d'attaques au moins une fois par mois, et un sur dix d'une cyberintimidation, a déclaré l'ONU, jeudi, à l’occasion de la première Journée contre le harcèlement et les violences en milieu scolaire. » La violence et le harcèlement à l’école sont un problème mondial majeur, insistait l’ONU, en 2019, en citant l’UNESCO.
L’Europe embraye sagement derrière la campagne de l’UNESCO. Le site du Conseil de l’Europe, d'accord en cela avec Gabriel Attal, précise que « c’est l’une des priorités actuelles » : « C’est pourquoi le Conseil de l’Europe promeut des programmes scolaires d’éducation aux droits de l'homme et à la citoyenneté pour faire face à la violence et au harcèlement à l'école, précise l'organisme. Ces programmes reposent sur les principes énoncés par la Charte du Conseil de l’Europe sur l’éducation à la citoyenneté démocratique et l’éducation aux droits de l’homme, qui a été adoptée par les 46 États membres du Conseil de l’Europe. »
États-Unis et Canada
L’Union européenne travaille depuis longtemps ce dossier : « La Direction de la citoyenneté démocratique et de la participation, qui coordonne les efforts du Conseil de l’Europe en matière de lutte contre le harcèlement, a élaboré tout un ensemble d’outils pour lutter contre ce fléau », écrit le Conseil de l'Europe. Film, brochures, tout est prêt. « En vertu de la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, les écoles ont l’obligation formelle de protéger les enfants contre toute forme de violence, qu’elle soit physique ou psychologique », assure un des multiples documents de l’Europe consacrés à la question.
Sur le harcèlement scolaire, les États-Unis et le Canada ont ouvert la marche. Le Canada a sa journée anti-harcèlement, le 28 février. La France détermine aussi, chaque année, une journée anti-harcèlement en novembre, relayée dans toutes les académies, y compris celle de Versailles, pourtant mise en cause récemment.
En France, c’est l’ancien ministre Najat Vallaud-Belkacem qui a ouvert la marche. Objectif : « Lutter contre le harcèlement à l’école qui touche, chaque année, 700.000 de nos élèves. 700.000 enfants qui souffrent au quotidien de brimades, de moqueries, de mises à l’écart, voire de violences physiques. » Jean-Michel Blanquer avait déjà lancé le plan anti-violence pHARe [programme de lutte contre le harcèlement à l'école, NDLR]. Question : où commence et où s’arrête le harcèlement ? Demain, une élève moquée pour son abaya sera-t-elle victime de harcèlement ?
Relais de communication
Au-delà, le constat est clair : ce qui aurait pu être un bel élan d’indignation d’un ministre et d'un pays n’est que le fruit d’une campagne mondiale docilement déclinée par la France. La politique au temps du mondialisme ? Un simple relais de communication des organismes mondiaux, avec les risques d’inadaptation aux particularismes de la société française que cela comporte.
26 commentaires
Comme le dit le proverbe: « Trop poli pour être honnête. »
Lorsqu’un élève catholique, ou un élève défendant la famille traditionnelle, ou un élève pro vie, ou un élève non woke sera harcelé, sera-t-il défendu par ces bons chiens de berger?
La posture est une chose, l’envergure en est une autre … si Mr ATTAL est vraiment l’homme de la situation tant mieux ! et j’espère , dans ce cas , qu’il montrera à d’autres de ce gouvernement la route à suivre pour remettre le pays en bon ordre de marche mais je crains que la route soit encore longue car il faudra prendre , dans tous les domaines, des mesures draconiennes qui risquent de se heurter au mur de la contestation permanente . Il faudra bien choisir dans quelle société nous voulons vivre mais si ça fait mal, » ou ça passe ou ça casse «
On peut craindre, à raison, que toutes ces mesures ne soient, au fond, destinées à permettre à nos chères islamistes de venir à l’école, au collège et au lycée avec une vêture qui n’a rien de pacifique mais est un étendard de la conquête. S’appuyant sur les textes censés lutter contre le harcèlement il sera loisible à leurs avocats, et elles n’en manquent pas, d’exiger leur droit à se vêtir comme elles et leurs imams le souhaitent. Avons nous vraiment besoin d’un texte pour sanctionner ceux qui harcèlent ? Il y a d’autres moyens- peut être un peu brutaux mais efficaces de les dissuader de poursuivre leurs actions…Evidemment les droits de l’hommistes et les bisounours qui les suivent vont hurler.
Il est tout simplement trop tard pour annoncer de telles mesures ,il ne reste à Emmanuel Macron que trois ans et demi !
Nous payons plus de vingt cinq années de laxisme dans tout les domaines ,et sans aucun doute les effets de mai 68 .
Supprimons la mixité dans les établissements scolaires,ainsi que la discipline pour restaurer l’ensemble de la société dans deux ou trois générations .
Le ministre Attal n’attend qu’un chose, un nouveau remaniement ministériel pour obtenir le ministère de l’intérieur ou mieux, le job de premier ministre. Pour ne pas trouver le temps trop long, il s’agite, fait du bruit. De plus, ça plait bien à la caste journalistique, donc…
» Un simple relais de communication » (?) , sans doute partiellement …mais c’est bien LA REALITE DU DRAME RECENT (au sein de l’Académie de VERSAILLES ) qui a mis l feu aux poudres !!!
Et la réaction ponctuelle de Gabriel Attal strictement circonstanciée et localisée ne doit pas être sous estimée… SAUF SI AUCUNE SANCTION OFFICIELLE NE FAISAIT SUITE A CETTE MANIFESTATION ‘populiste’…!!!! ?