Hausse des vols : les paysans en première ligne face à l’ensauvagement

Vols à répétition, attaques contre leur profession, vandalisme des écolos... Les agriculteurs sont à bout.
AGRICULTURE

« Stop vols dans les champs ! Propriété privée ! » « Marre des vols ! Agriculteurs en colère. » Sur le bord des routes, les paysans affichent leur mécontentement en grosses lettres. Potirons dérobés, pommes de terre arrachées, pieds de vigne volés, systèmes de GPS agricole subtilisés… Depuis plusieurs semaines, les agriculteurs français font face à une recrudescence des cambriolages.

Le fléau des vols agricoles

Jamais Guillaume Delannoye n’aurait pensé vivre cette scène. Maraîcher dans les Flandres françaises, il cultive des potirons. Il y a quelques jours, alors qu’il inspectait ses parcelles, raconte Le Parisien-Aujourd'hui en France, il découvre une femme venue faire son marché dans l’un de ses champs. Comme lui, de nombreux agriculteurs ont vu une partie – parfois plusieurs hectares – de leurs légumes dérobés par des particuliers ou des bandes bien plus organisées qui revendent ensuite leur butin sur les marchés ou en ligne. Pour le syndicat des Jeunes Agriculteurs, joint par BV, de « nombreux agriculteurs des Flandres sont actuellement touchés par ce problème ». Un phénomène qui s’étend sur tout l’Hexagone. Miel volé en Loire-Atlantique (BFM TV), « le fléau des vols de GPS agricoles en Normandie » (France Bleu Normandie), « vols de matériels agricoles » en Seine-et-Marne (20 Minutes), « agriculteurs excédés par le vol de leurs légumes » dans l’Oise (Le Parisien), « recrudescence des vols de GPS en Meurthe-et-Moselle » (Le Républicain lorrain), « vols de carburants signalés dans le Haut-Rhin » (France 3 Alsace)… La presse régionale regorge de faits divers malheureux dont sont victimes les agriculteurs depuis la fin de l’été. Pas un département ne semble épargné.

Si le phénomène n’est pas nouveau – déjà, au début des années 2010, des paysans alertaient les autorités -, il prend désormais des proportions inquiétantes. Ainsi, en 2022, 16.000 atteintes aux biens agricoles ont été recensées par la gendarmerie, soit une toutes les 30 minutes. Une hausse de plus de 6 % par rapport à 2019, quand la cellule Déméter (désormais inactive) comptabilisait 14.998 faits. Et les premiers chiffres de 2023 laissent présager une nouvelle année noire pour les paysans. Ainsi, la gendarmerie d’Eure-et-Loir dénombrait, avant l’été, « vingt délits de plus que l’année dernière à la même période » sur le département. Même constat dans le Calvados ou en Ille-et-Vilaine. Une augmentation qui contraint les agriculteurs, déjà pris à la gorge, à s’équiper en systèmes de surveillance.

« Des gens mal éduqués »

Pour expliquer cette hause des atteintes aux biens agricoles, les syndicats pointent d’abord l’inflation. L’explosion des prix du carburant et l’inflation sur les biens alimentaires et ménagers conduiraient certains particuliers à se servir directement dans les fermes ou les champs afin de réaliser quelques économies.

Mais, plus grave, ces vols à répétition sont surtout le symptôme d’un ensauvagement de la société. « Oui, l’augmentation du coût de la vie [peut expliquer cette razzia sur les campagnes] mais ce n’est pas que ça », confie un jeune agriculteur à la radio Delta. « Ce sont des gens mal éduqués qui essaient de se faire un peu de sous sur le dos des agriculteurs », poursuit-il. Forts d’un sentiment d’impunité, certains n’hésitent ainsi pas à voler les paysans, souvent bien impuissants pour lutter contre ce fléau. D’autres, plus organisés, venus de l’étranger (Europe de l’Est), mettent en place un véritable trafic international.

À ces vols à répétition qui mettent en danger la rentabilité des exploitations agricoles s’ajoutent les attaques de l’extrême gauche et les actes de vandalisme de groupuscules écologistes sur des exploitations. Les agriculteurs, autrefois respectés sont aujourd’hui abandonnés, et à bout.

Picture of Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

29 commentaires

  1. Des gens mal éduqués est un euphémisme. Les champs agricoles n’étant pas clos il ne vient même pas à l’esprit de certaines personnes que ces champs appartiennent à quelqu’un ainsi que la culture. Si ça n’appartient à personne ça appartient à tout le monde donc tout un chacun peut y pénétrer et se servir sans vergogne. (c’est le même pb que la cueillette de champignons) . A l’école on enseigne non pas ABCD mais LGBT et dans la même veine on ne dit rien sur la provenance de ce que l’on mange, rien sur l’agriculture. Si l’on parle agriculture c’est pour dire que le bio c’est meilleur. Un jour viendra où un agriculteur pétera un câble et tuera un pilleur. Nul doute que le coupable sera l’agriculteur, ce nanti qui possède tracteur, fioul et fruits ou légumes … et même viande (ce matin une vache a été dépecée dans un pré). Surtout ne dite pas qu’il y a des filières organisées ça pourrait stigmatiser certaines populations bien connues de nos services de police. Chut! les ministres dorment, quant à leur chef et son adjointe je ne suis pas certain qu’ils soient déjà dans un champ. Là est le gros problème

  2. Ils se font traiter d’empoisonneurs avec les insecticides ou les OGMs, avec saccages de leurs récoltes pour corollaire, récoltes qu’on leur achète à des prix qui les font travailler à perte, on leur installe des éoliennes sous leurs troupeaux qui n’apprécient pas ces installations soi-disant écologiques, on leur impose des quotas pour permettre aux Français de gouter aux produits anglosaxons, ils deviennent des proies faciles pour les vols de récolte, fruits ou légumes, il y a même des tordus pour venir mutiler leurs animaux … Quel bonheur d’être un exploitant agricole en 2023 !

  3. Que voulez-vous ? Entre le revenu universel que représente un RSA sans contrepartie et l’oisiveté ainsi entretenue qui est la mère de tous les vices, tout doit être gratuit pour ces gens sans activité. Résultat, on s’en prend aux travailleurs, ici les agriculteurs, pour aussi se nourrir. Décidément, on creuse notre tombe économique en appauvrissant tous ceux qui font des efforts.

  4. Tous les agriculteurs, ou presque, ont un fusil de chasse. Des cartouches chargées de gros sel voilà la solution !!

  5. « D’autres, plus organisés, venus de l’étranger (Europe de l’Est), mettent en place un véritable trafic international. »
    Comme c’est curieux!
    Ces gentils étrangers de l’Europe de l’Est, choyés l’un par hollande, l’autre par macron, ce dernier dépensant des sommes folles pour son copain qui fait du ski!

  6. On ne pourra pas accuser les petits vieux retraités et très pauvres de la Macronie.
    Eux n’ont plus que les poubelles, ou les cageots de fins de marchés locaux, au moins pour ceux qui n’habitent pas trop loin.
    La pauvreté pousse à la truanderie.

  7. Et encore la « relocalisation  » des migrants n’a pas commencé . Ça va être rock’nroll la pègre à la campagne.

  8. Que les agriculteurs se rassurent, Macron vient de mettre en place un grand plan d’installation des immigrés dans les zones rurales.

  9.  » « Oui l’augmentation du coût de la vie [peut expliquer cette razzia sur les campagnes] mais ce n’est pas que ça » »
    Ce n’est pas D’ABORD ça . ceci est la conséquence de l’absence de frontières , de l’immigration à tout-va .

  10. Et combien de vols et d’agression en milieu urbain ? Chacun son tour, et pour les ruraux ce n’est que le début, macron pense à eux en délocalisant la racaille du monde !

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