Heureuse faute : l’orthographe, une passion française

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« Une faute d’accent, somme toute modeste », écrit Gabrielle Périer, dans un article de Causeur du 16 septembre, pour qualifier la coquille, en première page, dans le livre de Zemmour, La France n’a pas dit son dernier mot. Que nenni ! dirait l’intéressé lui-même. Pécher n’est pas pêcher. Un pêcher n’est pas un péché. Felix culpa, bien plutôt ! qui attire notre attention sur un problème majeur, en France : l’importance capitale de notre orthographe ! Rôle si considérable qu’il devient, aux mains des défenseurs de notre héritage, latin, une arme de guerre ! Après le coup dans le dos du CSA, la flèche de Parthe. Alors, tant qu’à faire, messieurs les journalistes, vous prendrez bien un petit coup d’étymologie ?

Le mot pécher vient du latin peccare, que l’on retrouve dans le latin ecclésiastique peccamineux. Le verbe pêcher vient du latin piscari, prendre des poissons. Quant au mot pêcher, arbre venu de Perse, il vient du latin persicus. Or, qu’observe le linguiste, dans l’orthographe de ces mots ? Une loi phonétique banale : l’amuïssement du s. Dans le verbe « pêcher », comme dans le mot « pêcher », le s, muet, donne le circonflexe. Ce qui n’est pas le cas de « pécher ». Conclusion ? La flèche de Parthe mettrait plutôt l’accent non sur la faute d’orthographe mais sur un héritage étymologique, latin, auquel nos médias progressistes, en général, sont peu sensibles voire hostiles ! Comme quoi, in cauda venenum.

On sait que la thématique de Zemmour, avec ses thèmes récurrents, est l’héritage gréco-romain de la civilisation française. Avec le péché originel de son livre, ses détracteurs jubilent : c’est l’arroseur arrosé ! Il est cocasse de les voir dénoncer « une faute » d’orthographe ! Depuis 1990, en effet, une idéologie du balai s’est mise en place pour normaliser l’orthographe. Véritable redressement idéologique qui vient d’une francophonie née dans un Canada multiculturaliste, fluid gender, ainsi qu’en Belgique. Cancel culture et wokisme - au choix -, cette normalisation qui favoriserait une langue du Tout-Monde, à l’orthographe simplifiée, commerciale, obéit à l’injonction « Du passé faisons table rase ». Ainsi, on ne met plus les accents ni aigus ni graves, le flexe est vu comme « discriminant » dans le cas où son origine latine trop visible enseigne « les familles » de mots, et on continue à écrire, sans broncher, « la procureure » et « la rapporteure » de la loi.

L’an prochain, la France prend la tête pour six mois de la l'Union européenne. Emmanuel Macron, grand mécène, inaugurera - dans une mise en scène avantageuse, n’en doutons pas - le château de Villers-Cotterêts sous le nom de « Cité internationale de la langue française ». Titre inquiétant ! Quel candidat prendra, à bras-le-corps, la cause de notre langue, à l’école, ainsi que de la francophonie, loin de l’anglais, « langue commune » et des fantasmes dangereux d’une langue internationale du Tout-Monde ?

Quant à la faute de Zemmour : à tout péché, miséricorde. La preuve ? La vente de La France n’a pas dit son dernier mot est exponentielle. Quant à l’auteur et présumé candidat, il n’aurait pas été, selon Roselyne Bachelot, censuré ni privé d’antenne par le CSA. Qui habet aures, audiat.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Marie-Hélène Verdier
Marie-Hélène Verdier
Agrégée de Lettres Classiques

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