Heureux comme un squatteur en France
Nous vivons une époque vraiment formidable. Tantôt des ministres, les yeux grand fermés, débattent du sexe des anges par cameras interposées à propos d’une bataille sémantique liée à la hausse vertigineuse des crimes et délits qui « participe du sentiment d’insécurité » ; tantôt tout ce qui compte de bien-pensance défend, dans la même journée, tous les Charlie de la presse mais refuse à un hebdomadaire « qui pense mal » le droit de caricaturer une députée de la nation qui traite la France comme un paillasson.
Dans cet océan de réjouissances, un fait divers local fait la une tant il met en exergue l’inversion des valeurs qui caractérise notre pays qui, décidément, ne tourne pas rond. Dans la commune de Théoule-sur-Mer (06), un couple de retraités voit squatter sa résidence secondaire par une famille de délinquants. Mise devant le fait accompli du changement de serrures, et malgré l’occupation illégale des lieux, la gendarmerie ne peut qu’acter son impuissance à dégager manu militari ces indésirables au regard de la loi, car le délai de 48 heures de constatation est dépassé. L’intervention du maire de la commune, l’huissier dépêché sur les lieux, le dépôt de plainte auprès du procureur ne sont que les prémices d’une longue et hypothétique procédure judiciaire pour récupérer le fruit de leur labeur.
Passons l’hallucinante réaction du ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, qui souligne qu’il n’y a pas de « défaillance de la loi » (sic), oubliant que la loi est, par essence, faite pour les personnes qui la respectent, passons le dépêchement, sur place, de la force publique pour protéger nos squatteurs qui sont menacés sur les réseaux sociaux et passons le fait qu’ils ont un logement en région parisienne ! Force est de constater qu’à longueur de délits, le système pénal français, que le monde nous envie, fait preuve d’une intense mansuétude à l’égard des délinquants au mépris des victimes. Dans pareil cas d’atteinte au droit fondamental de propriété, le bon sens aurait prévalu si ces voyous avaient été expulsés dans la minute et condamnés à verser des dommages-intérêts aux retraités.
Interrogé en direct sur CNews, notre vaillant retraité qui veut en découdre pour récupérer son bien se fait gentiment conseiller par Pascal Praud de faire confiance à la Justice sans intenter une quelconque opération de force. C’était sans compter sur le dénouement de cette affaire qui voit la maison quasi libérée parce qu’une partie de la famille des squatteurs est relogée à la faveur de la garde à vue du père pour violences conjugales !
La morale de l’histoire est que, dans notre douce France, bien que propriétaire d’un logement, vous pouvez squatter en toute impunité la propriété d’autrui tout en vous faisant reloger par l’État quelques jours après !
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