[HISTOIRE] 30 mai 1431, Jeanne au bûcher

jeanne d'arc

S’il est une grande épopée de la France médiévale, c’est bien celle de Jeanne d’Arc. Partie à l’âge de 18 ans des prés de Lorraine, la jeune Pucelle sut mener, par les grâces du Ciel, des armées entières pour libérer le royaume de France du joug des Anglais, et ceci, pendant deux longues années. Cependant, au terme de cette lutte acharnée, voilà qu’elle se retrouve capturée et emprisonnée à Rouen par ses adversaires. Selon Jacques Bainville, dans son Histoire de France, pour Jeanne d’Arc, « tout ce qui pouvait se faire par miracle était fait […] Sa mission était finie. Il ne lui manquait plus que l'auréole du martyr. »

Des juges au service de Dieu ou des Anglais ?

Après sa capture par les Bourguignons à Compiègne, Jeanne est vendue aux Anglais. Ces derniers sont heureux d’avoir enfin entre leurs mains leur si terrible ennemie. Désormais, ils vont pouvoir défaire et salir tout ce que la Pucelle a pu faire pour la France, notamment le sacre de Charles VII. En effet, faire reconnaître la jeune fille comme une envoyée du diable et non de Dieu ne pourra, ainsi, que délégitimer le règne du roi de France au profit de celui du roi d’Angleterre. Pour cela, il faut que ce soit l’Église qui soit juge de l’affaire. On réunit alors 120 ecclésiastiques dont des abbés, des chanoines, des prêtres, des théologiens qui, sous la pression et la menace de l'Anglais, ne devront faire qu’une seule chose : faire condamner Jeanne d’Arc pour hérésie. Le procès s’ouvre ainsi le 9 janvier 1431 sous la présidence de l’évêque de Beauvais, Pierre Cauchon.

Une accusée éloquente

Lors des interrogatoires, Jeanne d’Arc fait preuve d’une très grande finesse dans ses réponses. En effet, ses accusateurs testent sa foi et sa pratique religieuse. Lorsque Cauchon lui demande de réciter la prière du Notre Père, la Pucelle lui répond : « Entendez-moi en confession, et je vous le dirai volontiers », renvoyant son détracteur à son rôle d’homme de Dieu. On lui demande : « Dieu hait-il les Anglais ? » Ce à quoi répond Jeanne, en rappelant sa sainte mission : « De l’amour ou de la haine que Dieu a pour les Anglais, je n’en sais rien ; mais je sais bien qu’ils seront tous boutés hors de France, exceptés ceux qui y périront. » Plus tard, à la question « Savez-vous si vous êtes en la grâce de Dieu ? », Jeanne répondra : « Si je n’y suis, Dieu m’y mette ; et si j’y suis, Dieu m’y tienne. Je serais la plus dolente du monde si je savais n’être pas en la grâce de Dieu. Et, si j’étais en péché, je crois que la voix ne viendrait pas à moi. » L’assemblée reste stupéfaite face à une telle repartie et ne sait comment faire avancer et conclure le procès.

Le problème des vêtements

Le tribunal, embourbé dans un procès qui dure trop longtemps au goût des Anglais, va alors changer d’angle d’attaque et manigancer un piège contre la Pucelle. Si on ne peut la prendre réellement à défaut par les règles célestes, cela se fera par les règles terrestres. Ainsi, les juges de Jeanne vont l’accuser de porter des habits d’homme qu’elle refuse d’abandonner à la suite d’une agression dans ses geôles après avoir pourtant accepté de porter d’autres vêtements plus féminins. Constatant cela, le tribunal peut enfin l’accuser de relapse et apporte ses propres conclusions sur Jeanne en la jugeant officiellement comme hérétique et affabulatrice. Elle est ainsi condamnée à mort par le feu du bûcher.

La fin d’une épopée

Ce 30 mai 1431, Jeanne est emmenée à la place du Vieux-Marché de Rouen où a été dressé un bûcher. Installée face à ses accusateurs et attachée à un poteau de bois, elle disparaît ainsi dans les flammes. Ses restes sont jetés dans la Seine afin qu’aucun culte de ses reliques ne puisse être fait et pour que toute trace de la Pucelle d’Orléans disparaisse à la face des hommes. Cependant, selon la légende, on dit que s’il vous arrive de naviguer sur le fleuve et de passer sous les ponts de la cité, si vous tendez suffisamment l’oreille, vous pouvez entendre le cœur de Jeanne battre encore pour l’éternité.

Si aujourd’hui Jeanne d’Arc, réhabilitée en 1456 puis canonisée en 1920, est l’un des symboles de la France et de son unité nationale, c’est peut-être parce que, selon Jacque Bainville, « grâce au mouvement national que son intervention avait déterminé, le retentissement et l'horreur de son martyre réalisèrent son vœu » car « une des grandes idées de Jeanne d'Arc avait été la réconciliation des Français ». En effet, 22 ans après son sacrifice, en 1453, la guerre de Cent Ans prenait fin après plus de 116 longues années de conflits et d’occupations de la France par les Anglais.

 

Eric de Mascureau
Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

23 commentaires

  1. Alors que nombreux sont ceux qui pensent que l’homme est capable d’égaler Dieu ( IVG, euthanasie, théorie du genre, etc…), ils oublient cependant que dans les pires moments de notre histoire, c’est toujours de Dieu que vient la solution.

  2. De loin la plus grande femme de l’Histoire de France. Selon moi suivie par (Sainte) Marguerite Bourgeois et Jeanne Mance.

  3. Avant toute l’iniquité du procès religieux, arrangé d’avance pour plaire aux maîtres anglais, elle fut le premier crime de guerre dûment répertorié: capturée à Compiègne par les troupes du duc de Luxembourg, refilée aux Anglais du duc de Bedford, elle n’est pas, comme le demandaient les usages, rançonnée. C’est le premier crime.

  4. Puissent ceux qui vont se baigner bientôt dans la Seine, être imprégnés, certes malgré eux, par l’esprit patriote qui lui ne mourra jamais !

    • Pour la baignade, ils feraient mieux de prier Sainte Geneviève qui a poussé Attila à aller se faire battre ailleurs et ainsi sauver Paris..

  5. « une des grandes idées de Jeanne d’Arc avait été la réconciliation des Français ». C’est vrai, mais entre eux : Deux siècles plus tôt, les guerriers incultes du Nord avaient déferlé sur les civilisés du Sud, s’appropriant leurs biens sans vergogne, sous le regard bienveillant de l’Eglise qui évoquait une « hérésie cathare ». Les sinistrés n’avaient ni oublié, ni pardonné, et n’avaient aucune envie d’aider Charles VII, réfugié au sud de la Loire. Celui-ci a dû dégotter une nordiste en Lorraine, qui a entre autres réussi à réconcilier le Sud et le Nord. Apparemment, car des traces en demeurent six siècles après, ne serait-ce que dans la langue, d’oil au nord, d’oc au sud.

  6. la pauvre jeanne !!!! personne ne la remplacera , car aujourd’hui la france on préfère la détruire ….

  7. Toujours à l’œuvre pour réconcilier les Français sainte Jeanne d’Arc a été choisie par les députés français pour être la patronne secondaire de la France il y a 1 siècle , juste avant sa canonisation…En ce moment à Rouen , en l’église sainte Jeanne d’Arc et place du marché a lieu la fête johannique avec « animations médiévales » et exposition de la croix que la martyre a embrassée avant de monter au supplice .

  8. Jeanne est morte pour l’amour de notre pays dans une période de crise majeure, son roi n’a guère brillé par la reconnaissance qu’il lui devait pourtant. Il en est ainsi de certains princes qui n’ont de préoccupation que pour leur propre personne.

  9. Ce 30 mai 2024 nous fêtons notre héroïne et martyre, notre Sainte Jeanne d’Arc.
    Rien ni personne ne pourra effacer son histoire qui est la nôtre, celle de notre pays, de notre culture, de nos racines, de notre foi !

  10. 593 ans après la France ce souviendra à vie ou à été brulé Jeanne D’Arc,place du vieux Marché à Rouen,par les anglais.

  11. Merci pour cet article dédié à l’histoire de la plus grande héroïne de France, sainte Jeanne D’arc.

  12. Sujet d’actualité s’il est besoin de le préciser. Combien de Jeanne defenseurs des nations et de la France ont été condamnés, persécutés et enfermés au nom du mondialisme durant ces dernières années. Combien de jeunes identitaires français s’élevant contre l’envahissement programmé ont perdu leur liberté. Macron dans le rôle de Cauchon nous y sommes.

  13. C’est toujours un bonheur que de vous lire et surtout de nous rappeler ce qui a fait la France, . André Castello et Alain Decaux, pour ceux qui s’en souviennent disaient : «  On devrait apprendre Histoire par la petite Histoire «  j’en suis intimement convaincue.

  14. Des réponses sublimes de la part d’une simple bergère face à des théologiens, une élite, enfermés dans leurs savoirs, méprisants envers les simples
    Quel plus bel amour pour la France que d’avoir sacrifié sa vie pour la sauver ! Mais aujourd’hui que fait-on pour elle (la France) ? On la détruit !

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