[Histoire] 80 ans du massacre d’Oradour-sur-Glane : ne pas oublier

ORADOUR

Lorsque le débarquement en Normandie eut lieu le 6 juin 1944, il fut synonyme d’espoir pour beaucoup et la promesse d’une liberté retrouvée. Une liberté que la population civile paya très cher. Notamment à Oradour-sur-Glane.

Un village paisible

Avant de devenir un champ de ruines et un lieu désolé, Oradour-sur-Glane était un petit bourg proche de Limoges où il faisait bon vivre et qui prospérait par le travail des champs. Ce village, situé en zone libre jusqu'en novembre1942, vit passer de nombreux réfugiés fuyant les persécutions antisémites et politiques du régime nazi. Pour ses 1.574 habitants, les Allemands étaient certes une menace, mais qui n’était cependant pas encore arrivée aux portes de leur village. Avec le débarquement des Américains en Afrique du Nord, vint l'invasion de la zone libre par les Allemands.

Les bourreaux de la Waffen-SS

Les Allemands envoyèrent alors dans la région de Tulle quelques-unes de leurs divisions SS afin de leur permettre de se reposer après les échecs répétés face aux Soviétiques, mais aussi pour mater les maquisards. L’une d’entre elles répond au nom de Das Reich et était devenue tristement experte dans les massacres de populations, notamment juives, lors de ses combats sur le front de l’Est. L’annonce du Débarquement, le 6 juin 1944, est un choc pour l'occupant. Ces derniers, paniqués, rapatrient le maximum de troupes afin de combattre en Normandie et de repousser les Alliés. La division Das Reich est aussi appelée, mais avant de partir, elle décide de mener une « action exemplaire ». Oradour-sur-Glane sera l’une de ses malheureuses victimes.

Le martyre d’Oradour-sur-Glane

Le 10 juin 1944, la Waffen-SS, après avoir commis des massacres à Tulle, se dirige vers le village d’Oradour-sur-Glane. Pris au piège, les habitants sont d’abord appelés puis violemment rabattus vers le centre du village, et quiconque tente de s’enfuir, de résister ou est considéré comme trop lent est abattu. Une fois réunis sur la place centrale du bourg, les hommes sont séparés des femmes et des enfants. Prétextant avoir trouvé des caches d’armes servant à la Résistance, les officiers ordonnent froidement l’exécution des habitants. Les hommes sont alors abattus au fusil et à la mitrailleuse, tandis que leurs épouses, leurs sœurs, leurs mères, leurs filles et garçons sont regroupés et enfermés dans l’église Saint-Martin, à laquelle les nazis mettent le feu. Le reste du village est lui aussi livré aux flammes et, le lendemain, les corps - ou ce qu’il en reste - sont enfouis dans des fosses communes, rendant « impossible l’identification des morts, prolongeant la terreur jusque dans l’interdiction du deuil ». Aux habitants voisins venus voir, le lendemain, ce qu’il s’était passé, les soldats allemands répondent : « Vous pouvez dire que vous avez de la chance. »

Par miracle, certains réussissent à s’échapper, comme Marguerite Rouffranche qui, ayant été la seule survivante de l’incendie de l’église, témoignera avec d’autres devant les vivants des crimes dont Oradour et ses habitants furent les victimes. Au total, ce sont 643 personnes qui ont été froidement assassinées, ce 10 juin.

L’enjeu mémoriel

Après le départ des SS, les Français peuvent enfin pénétrer dans le village mais n’y trouvent que l’horreur et la désolation. Rapidement, après la Libération, il est décidé de garder intactes les ruines d’Oradour, devenu village martyr, afin que nul n’oublie les crimes du nazisme, mais aussi pour rendre hommage aux victimes. Le village est devenu un sanctuaire, les visiteurs sont invités à garder le silence et à se recueillir à chaque instant, comme le rappellent de nombreuses inscriptions et plaques installées dans le village.

Cependant malgré la sacralisation du lieu, le travail de mémoire ne semble pas encore abouti. Ainsi, le 22 août 2020, c’est avec une consternation générale que furent découverts des graffitis négationnistes qui remplaçaient les termes « village martyr » par « village menteur ». Preuve en est que la transmission et la sensibilisation de tous les Français au sujet de ce crime du nazisme doivent être poursuivies, et cela, malgré la disparition, le 11 février 2023, de Robert Hébras, dernier survivant de ce lieu décrit par le général de Gaulle comme un lieu « où tout le monde reconnaît le malheur commun ».

Eric de Mascureau
Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Et dire que ce sont seulement les grand-parents nazis SS antisémites de nos actuels grands amis allemands qui criaient Heil Hitler en levant le bras droit dans des stades remplis par dizaines de milliers… Et qu’aujourd’hui ils se permettent de nous imposer l’immigration, qu’ils ne tentent même pas de s’excuser en achetant pas leurs avions de guerre en France ! Et pire : on ne les entend pas soutenir Israël contre les barbares terroristes du Hamas !

  2. Ce sont les mêmes commandos, qui ont commis les massacres d’Oradour sur Glane en 1944 en France, les Commandos SS et les massacres de Boutcha en Avril 2022 en Ukraine les Commandos d’Azoof ! Le Président Zelensky avait chargé la Procureur Général de Kiev d’instruire ce dossier ! Elle a remis son rapport en Juin 2022 et a été limogé par le Président Zelensky parce que la conclusion de son rapport d’instruction n’allait dans le sens du narratif voulue par les dirigeants Ukrainiens et Occidentaux et disculpait l’armé Russe de ces Massacres ! Mais en contre partie pour service rendue à la nation Ukrainien ! Elle fut nommé ambassadrice de l’Ukraine à Bernes au seins de la Confédération Helvétique en Suisse, par le Président Zelensky ! Hervé de Néoules !

  3. Sans haine et sans oubli, de telles atrocités, ne peuvent être oubliées. Pas plus que les Israéliens, n’oublieront le sept octobre.

  4. Alors, génocide comme en 1794 en Vendée ? Et les LFI hamas qui osent accuser les israéliens de génocides alors que l’armée demande et laisse le temps aux populations civiles de fuir, de se mettre à l’abri avant toute offensive. Ce qui ne fut d’ailleurs pas le cas lors du massacre barbare du 7 octobre, massacre plus horrible que celui d’Oradour d’ailleurs !

  5. Votre description d’Oradour sur Glane après le passage des SS, ressemble à celle de Gaza en ce moment. Surprenant!

    • Vous voulez dire qu’elle ressemble au sadisme des terroristes du Hamas quand ils ont attaqué des villages israéliens ou dormais paisiblement des femmes, qui ont subi des viols avant d’être exécutées, des enfants enlevés et des vieillards massacrés ?

  6. Terrifiante et étrange histoire celle d’Oradour-sur-Glane .
    Pourquoi une colonne infernale nazie s’est elle détournée de sa route pour ravager ce petit village ?
    On raconte , que les nazis avaient envoyé avant des camions chargés de leurs rapines , et que des camions avaient été interceptés et pillés par des résistants dans ce secteur ?
    On raconte de biens étranges histoires au sujet de ces résistants qui terminèrent la guerre bien plus riches qu’ils ne l’avait commencée , il y avait aussi les parachutages des alliés , la nature humaine est ainsi faite , le gout du lucre domine derrière les plus nobles causes .

    • Il y a deux Oradour : Oradour sur Glane et Oradour sur Vayre . C’est dans la seconde localité qu’un »coup de mains » – comme disait mon grand-père, avait eu lieu . « Là où la ligne de chemin de fer passe entre deux hauts talus » . mais il n’en était pas sûr . Reste que c’est Oradour sur Glane qui a payé . Voilà probablement la raison pour laquelle un détachement de la Das Reich « s’est détournée de sa route » .

  7. Il ne faut pas oublier l’histoire et ce massacre .,.résultats de la folie humaine .je suis allée à Oradour …on ne peut parler pendant la visite du village .mais il y’a certaines qui rigolent bêtement en sortant d’un musée à Berlin ..c’est horrible .

  8. Beau roman en périphérie de la réalité. Tout n’a pas été dit sur Oradour. Pas un mot sur l’officier disparu. Parmi les tortionnaires, certains ont été jugé après-guerre, et ils parlaient français, et allemand malgré eux. Les maquis limousins ne sont pas hors du coup, mais malheur aux vaincus.

  9. Il n’est pas question bien sûr d’oublier l’horreur d’Oradour/Glane, mais qui rappelle ce qui s’est passé le 28 Fevrier 1794 aux Lucs-Sur-Boulogne en Vendée lors de la révolution Française, où les colonnes infernales de Turreau ont massacré de la même manière dans l’église du village toute une population dont 110 enfants. Parfois la mémoire de ce pays est à sens unique. Vive le Roi.

    • Merci d’avoir rappelé la similitude avec les crimes commis sous les guerres de Vendée. Et pourtant Le général Turreau a toujours sa place sur l’Arc de Triomphe…

  10. Voilà à quoi mène les guerres . Déclenchées par des fous avides de pouvoir , d’ambition , ils sacrifient leurs peuples . Que Macron réfléchisse à deux fois avant de provoquer encore les russes , ce n’est pas lui qui ira au combat , déjà trop lâche pour affronter une bande de gamins je le vois mal affronter Poutine .

  11. Je veux bien que l’on commémore les massacres d’Oradour-sur-Glane ou d’ailleurs, je me pose la question de savoir combien de temps on va faire ça. Et pourquoi. Le « devoir de mémoire », me dira-t-on. Et les ravages du Palatinat en 1674 et 1689, qui firent bien plus de morts, pourquoi ne les commémore-t-on point ? Et le génocide des Vendéens ? Et les massacres commis par le FLN en 1954 ? Et celui des harkis en 1962 ? À ce tarif-là, on n’arrêterait pas de commémorer, chaque jour aurait son évènement tragique, sa commémoration. À quoi ça sert, à qui ça sert ? Et si on arrêtait de conduire en regardant dans le rétroviseur (si on arrêtait de se gratter les croûtes me disait mon jeune fils lorsqu’il avait 12 ou 13 ans) ?

  12. J’y suis allé c’est horrible ce qu’on subit les habitants ,je me demande si on peut pardonner .

  13. Epouvantable et sans aucune excuse pour ce village du Limousin et comme pour ces milliers de villages Russes et Ukrainiens qui connurent la même fin .
    La guerre est à la fois la sauvegarde de nos civilisations mais aussi la perte du monde que nous partagerons avec les hommes éclairés se demain.
    Vive la paix et que la guerre ne soit que l’ultime et dernier recours .
    Méditez Monsieur Macron .

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