[HISTOIRE] Algérie, 1827 : humiliée, la France réagit
Les relations actuelles entre la France et l’Algérie sont telles que le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau n'a pas hésité, récemment, à affirmer : « L’Algérie cherche à humilier la France. » Ces propos résonnent avec un épisode historique majeur survenu il y a près de deux siècles, lorsqu’une autre humiliation, celle du coup d’éventail du dey d’Alger, le 30 avril 1827, déclencha une vive réaction de la France déterminée à défendre son honneur. Cet événement, apparemment anecdotique, marqua pourtant le début d’une aventure militaire et coloniale qui allait changer durablement la géopolitique de la Méditerranée.
Tensions économiques et diplomatiques
Au début du XIXe siècle, la régence d'Alger est un État semi-autonome sous influence ottomane. Depuis le XVIIe siècle, les relations entre la France et ce territoire oscillent entre commerce, alliances opportunistes et conflits, souvent scandés de pirateries barbaresques. En 1827, un litige financier empoisonne les rapports entre les deux puissances : la France doit au dey d'Alger une somme importante, issue de livraisons de blé effectuées pendant les guerres napoléoniennes. Hussein, le dey, lassé de l’absence de remboursement et irrité par l’attitude arrogante de ses diplomates, convoque Pierre Deval, consul de France, pour obtenir des explications.
Ainsi, le 30 avril 1827, lors d’une audience officielle, le dey interroge vivement Deval. Ce dernier, dans ses réponses, semble méprisant et évasif, provoquant une montée de tension. Finalement, excédé, Hussein crie, selon Jean Lucas-Dubreton, « vous êtes un méchant, un infidèle, un traître » et frappe trois fois le consul français avec son éventail. Ce geste impulsif est immédiatement perçu comme une atteinte grave à l’encontre de l’honneur de la France.
La réponse française : blocus et conquête
Pour la France, cet affront exige une réponse ferme mais offre également une occasion rêvée. En effet, l’événement survient dans un contexte où la monarchie de Charles X cherche à renforcer son prestige face à une opinion publique de plus en plus critique. Ainsi, l’humiliation provoquée par le dey Hussein devient le prétexte idéal pour détourner l’attention des opposants au régime et permet également de montrer à toutes les puissances européennes que la France n’a rien perdu de sa force militaire depuis l’époque napoléonienne.
Ainsi, en mai 1827, la France impose un blocus naval à Alger, espérant obtenir des excuses et des réparations. Mais le blocus échoue à faire céder la ville et son dirigeant. Néanmoins, cette opération permet d’affaiblir les défenses de la cité et favorise un débarquement. Ainsi, en juin 1830, le dernier des Bourbons fait débarquer sur les côtes nord-africaines une armée de 34.000 hommes. La prise de la ville est alors rapide : le 5 juillet 1830, Hussein capitule et part en exil. Cette victoire militaire lave l’affront fait à la France mais annonce également le début de la conquête de l’Algérie, qui s’étendra sur plusieurs décennies
L’héritage du coup d’éventail du Dey
Ainsi, l’histoire du coup d’éventail du dey d’Alger illustre une constante dans l’histoire de la diplomatie française : la primauté de l’honneur national et la nécessité de projeter la puissance de la France face aux humiliations. Cet épisode, loin de n’être qu’un simple incident, montre comment un geste symbolique peut devenir le prétexte d’une action militaire aux conséquences historiques majeures.
En se lançant dans la conquête de l’Algérie, Charles X espérait redorer le blason de la monarchie française. Pourtant, la victoire de 1830 fut de courte durée pour la dynastie des Bourbons, renversée par la révolution de Juillet, quelques semaines après la prise d’Alger. Si cette campagne permit à la France de prouver sa puissance militaire sur la scène internationale, elle ouvrit aussi un nouveau chapitre de tensions entre les deux rives de la Méditerranée.
Aujourd’hui encore, l’héritage du coup d’éventail et de la conquête de l’Algérie pèse sur les relations entre les deux pays. Cet épisode rappelle qu’autrefois, la France n’hésitait pas à affirmer sa valeur et sa puissance face à ceux qui osaient l’insulter ou l’humilier. Pour notre nation, la défense de l’honneur national justifiait alors des actions d’envergure pouvant mener même jusqu’à la guerre. Si, de nos jours, ce combat ne doit pas se mener sur le terrain militaire, il incombe néanmoins à la France de défendre son prestige et ses intérêts avec une grande fermeté sur la scène diplomatique, comme elle le fit jadis.
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4 commentaires
Il n’y a point de place à la diplomatie avec ceux qui ne comprennent que la force. De Gaule l’a oublié et voilà où nous en sommes.
Il est important de rappeler que l’histoire du « coup d’éventail » par le dey d’Alger est aujourd’hui largement reconnue comme une construction historique, exagérée ou fabriquée pour légitimer une intervention militaire française en Algérie en 1830. Ce récit simpliste masque des réalités bien plus complexes : des enjeux économiques, politiques et stratégiques qui ont motivé cette conquête violente. Réduire cette invasion, accompagnée de massacres, de viols, de spoliations et de ségrégations, à une vengeance pour un prétendu « coup d’éventail » est non seulement malhonnête, mais aussi profondément réducteur.
De plus, l’article en question semble émaner d’une personne qui, bien que titulaire d’un master en histoire de l’art, n’a pas pour spécialité l’histoire de l’Algérie ou des colonisations. Cela explique sans doute certaines approximations et biais flagrants. Le ton même de l’article trahit une prise de position idéologique évidente, empreinte de racisme, d’islamophobie et de croyance en une supposée suprématie occidentale.
Mon intention ici est uniquement de débunker cette fake news et de rétablir des faits historiques vérifiés. Si ce commentaire venait à être censuré ou supprimé, cela démontrerait que la véritable censure provient de ceux qui prétendent vouloir lutter contre les fausses informations. L’histoire ne doit pas être instrumentalisée pour justifier des idéologies ou des discours de haine. Une discussion honnête et ouverte sur ces sujets est essentielle pour avancer.
Pour cela ne pas compter sur Macron !
Hélas car il n’a aucun honneur et surtout pas pour le pays qu’il « dirige » !