[HISTOIRE] Chartres aurait-elle retrouvé son premier évêque ?

saint lubin chartres

Ce 19 juin 2024, des archéologues de la direction de l'archéologie de la ville de Chartres, rebaptisée C'Chartres Archéologie en janvier 2024, ont exhumé, au sein de l’église Saint-Martin-au-Val, un trésor vieux de 15 siècles. Cependant, tous les trésors ne sont pas faits d'or et d'argent pour les historiens, en particulier celui-ci. En effet, ce coffre de pierre découvert par les scientifiques est en réalité un sarcophage dont le propriétaire et éternel résident pourrait être l’un des premiers évêques de Chartres.

 

Un tombeau rempli de mystères

Construite à l’époque mérovingienne, entre le Ve et le Ve siècle, l’église Saint-Martin-au-Val fait l’objet de nombreuses fouilles archéologiques depuis 2013 et se révèle être une mine de découvertes mais aussi d’énigmes. Ainsi, l’exhumation de ce nouveau sarcophage apporte aux scientifiques plus de questions que de réponses. L’ancienneté du tombeau, l’absence d’inscriptions et d’artefacts en son sein ainsi que l’état du squelette rendent impossible, à l’heure actuelle, toute identification de son locataire. Cependant, quelques indices peuvent aider les archéologues et les historiens dans leur enquête.

Ainsi, la localisation du sarcophage dans une église mérovingienne amène les scientifiques à penser qu’il est originaire de cette époque. Selon Mathias Dupuis, directeur de C’Chartres Archéologie, avec « la localisation du sarcophage, si proche du cœur de l’église, on peut imaginer qu’il accueille la dépouille d’un personnage religieux très important à l’époque mérovingienne […] C’est ici qu’auraient été inhumés les tout premiers évêques de Chartres au cours des VIe et VIIe siècles après Jésus-Christ. » En effet, ces derniers ne reposent pas au sein de la cathédrale de la ville, dédiée à la Vierge, afin que jamais « cet espace puisse être souillé par la présence de sépultures ».

Les archives et les chroniques médiévales peuvent aussi aider à identifier le propriétaire du tombeau. Parmi la liste des candidats se trouve saint Lubin, évêque de Chartres et mort vers 557, qui aurait été enterré dans l’église Saint-Martin-au-Val, selon les textes anciens. Néanmoins, cette hypothèse reste à vérifier et sera au cœur du travail des archéologues, des historiens ainsi que des scientifiques qui vont s’atteler, dans les prochains mois, à effectuer de nombreuses analyses et recherches afin de résoudre ce mystère.

 

D’autres découvertes incroyables

En attendant la réponse à cette question, le site archéologique continue d’être méticuleusement fouillé. Néanmoins, il a déjà pu livrer d’autres découvertes, depuis plus de dix ans. Ainsi, plusieurs tombes et sarcophages en pierre ont été sortis de terre par les archéologues. Si certains ont fait l’objet de pillages au cours des siècles, d’autres ont pu être préservés des ravages du temps et des hommes.

En effet, en 2014, le tombeau d’une femme de plus de 30 ans, daté entre le VIe et le VIIe siècle, fut exhumé. À l’intérieur, de nombreux artefacts étaient encore présents comme un couteau, son fourreau en or et argent, quelques boutons en or et des boucles d’oreilles. Il fut aussi trouvé deux plaques boucles de chaussures en ivoire et ornées d’un poisson, symbole des premiers chrétiens, si ce n’est un dauphin, signe de chance et de fortune selon l’iconographie gallo-romaine. La deuxième hypothèse est celle actuellement privilégiée par les historiens.

En 2016, c’est une autre découverte émouvante qui fut faite par les archéologues lors de l’exhumation d’un sarcophage mérovingien recueillant la dépouille d’un bébé de sexe féminin et âgé de 5 à 8 mois. Aux côtés des restes du petit enfant, les scientifiques ont pu aussi retrouver des perles d’ambre, probablement importées de Scandinavie, et de verre ainsi qu’un bracelet en fer attaché au poignet gauche du bambin, tandis que les fragments d’une coiffe brodés de tissus et de fils d’or ont été localisés près de son crâne. Ces éléments amènent ainsi à penser qu’il s’agissait du membre d’une famille de haut rang dans la société mérovingienne, comme sûrement en abritent de nombreuses autres sépultures entourant l’église Saint-Martin-au-Val qui gardent peut-être à jamais des secrets millénaires de notre Histoire.

Illustration : la vie de saint Lubin (vitrail de la cathédrale de Chartres).

 

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Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

6 commentaires

  1. Ce vingt-et-unième siècle, avec son nihilisme et ses destructeurs, semble insignifiant et d’une bassesse effrayante face à de tels trésors archéologiques. Voici la preuve, s’il en était besoin, de notre riche histoire commune. N’en déplaise à ceux, et particulièrement notre président qui lors de son voyage en terre d’islams, contestat sans vergogne, la culture et donc les origines chrétiennes de la France, pitoyables hommes au destin si futile.

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